CharlÉlie Couture sur LinkedIn
Ce matin, j‘ai tondu l’herbe dans le jardin. Cette herbe que je croyais indescriptible mais dont je veux partager avec vous la description qu’en fait Victor Hugo dans l’Archipel de la Manche : « C’est l’herbe de partout… vous y trouverai des fétuques et des pâturins comme dans la première herbe venue, plus le cynodon pied-de-poule et la glycérie flottante, plus le brome mollet aux épillets en fuseau, plus le phalaris des Canaries, l’agrostide qui donne une teinture verte, l’ivraie ray-grass, le lupin jaune, la houlque, qui a de la laine sur sa tige, la flouve qui sent bon, l’amourette qui tremble, le souci pluvial, l’ail sauvage, dont la fleur est si douce et l’odeur si âcre, la fléole, le vulpin, dont l’épi semble une petite massue, le stipe, propre à faire des paniers, l’élyme utile à fixer les sables mouvants. … »
Je m’arrête là, ce n’est pas la dictée de Pivot mais je précise que la description continue, toute aussi détaillée concernant les fleurs et les insectes, aussi imagée et riche en vocabulaire. En lisant cela on s’aperçoit de l’effondrement de la connaissance qui ne concerne plus que les "zexperts". À l’époque (1883) ils n’avaient ni Google, ni Wikipédia mais ils savaient les choses. Une image vaut mille mots dit-on, mais à force d’en voir tant, on devient aveugle. Le siècle qui est le nôtre s’est enfoncé dans un gouffre d’ignorance. Il n’y a qu’à écouter les réponses d’élèves interrogés en micro-trottoir sur la manière qu’ils ont eu d’aborder les sujets de dissertation proposés pour leur dissertation de philo, pour constater le vide abyssal qui a envahi nos cervelles d’HPE « surdoués ».
À force d’images TikTok, on ne sait plus parler. L’appauvrissement du vocabulaire mène à des descriptions sommaires : ça va, ça/va pas, gentil/méchant, triste/gai, positif/négatif. Cette lecture réduite des problématiques entraîne une vision sommaire du monde d'où des grossièretés et des insultes, faute de moyen (d’expression). Résultat : on se poignarde dans la cour des écoles, on se bat en famille, on se défonce à mourir, ou l’on quitte la table des négociations parce qu’on s’y ennuie. La diplomatie ? La diplo quoi ? Toujours le même millier de mots répétés en boucle, ou larguer soudain un G9 pour rentrer chez soi en compagnie de sa bande de béotiens en bredouillant qu’on a « autre chose à faire », sous-entendu que de discuter avec des subalternes indécis et confus, des chefs de pseudo grands états, mais qu’on toise d’un regard méprisant…
Notre monde se précipite vers sa fin devant les caméras. Face à l’ignorance crasse des dictateurs, n’y a-t-il d’autre issue que d’espérer se faire promptement remplacer par une Intelligence Artificielle à qui l'on accorde tous les crédits ?
Nous vivons une ère ténébreuse qui ne s’éclaire la nuit que lorsque les missiles du dôme de fer interceptent roquettes / bombes longues portées venues de l’étranger…
Alors, j’ai replié le journal, et je suis retourné m’allonger dans l’herbe pour lire Victor l’exilé…
CharlElie
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