« VERT », LE MEDIA OFFICIEL DU CAPITALISME VERT
-N. #Casaux
Belote, rebelote. Comme l’an passé, les petits génies de Vert, le média qui annonce la couleur, dont la ligne éditoriale comprend la promotion des énergies dites « renouvelables », « propres », « vertes », « décarbonées », etc., relayent le discours du think tank #EmberEnergy (dans le texte associé à l'image ci-jointe, ils écrivent : « Selon le dernier rapport du think thank Ember Energy, le photovoltaïque a assuré 22,1% de la production (une hausse de 22% par rapport à juin 2024), juste devant le nucléaire (21,8%), l’éolien (15,8%), le gaz (14,4% du total) et l’hydroélectricité (12,8%). » Génial ! Réjouissons-nous !)
Et voici ce que je soulignais l’an dernier :
Qu’est-ce donc que ce think tank ? Le minimum n’exigerait-il pas de savoir avec qui nous sommes ainsi censé∙es nous réjouir ? Les journalistes de Vert n’en disent rien. Le site du think tank Ember explique : « Nous sommes un groupe de réflexion mondial sur l’énergie qui vise à accélérer la transition vers l’énergie propre grâce à des données et des politiques. » Mais encore ? Quel type d’intérêts défend-il ? Le think tank se présente comme « indépendant » et « à but non lucratif ». On connaît la chanson. Mais qu’en est-il vraiment ? Pour le comprendre, jeter un œil au financement aide souvent. Le think tank Ember a été créé par la baronne britannique Bryony Katherine Worthington, membre à vie de la Chambre des Lords. D’après ce qui est indiqué sur son site, Ember est financé par six organisations : la Quadrature Climate Foundation, la European Climate Foundation, le Sunrise Project, la ClimateWorks Foundation, Boundless Earth et la Sequoia Climate Foundation. Voyons donc.
La #QuadratureClimateFoundation « est dirigée par des milliardaires dont le fonds détient des participations d’une valeur de 170 millions de dollars dans des entreprises du secteur des combustibles fossiles », comme l’explique un article du Guardian paru en juin 2023. La Quadrature Climate Foundation a « été créée par #QuadratureCapital, un fonds d’investissement de plusieurs milliards d’euros fondé par les énigmatiques milliardaires Greg #Skinner et Suneil #Setiya ». En outre, Greg Skinner a récemment acquis une participation de 50 % dans la compagnie d’énergie « renouvelable » britannique Ethical Power Group, qui opère en #Europe et en #Nouvelle-Zélande, est spécialisée dans la conception et l’installation de centrales photovoltaïques et constitue un des plus grands installateurs de stockage par batteries du #Royaume-Uni. Le schéma est donc le suivant : des milliardaires qui détiennent toutes sortes d’entreprises, y compris dans l’industrie des fossiles et celle des #énergies prétendument « #renouvelables » (ils s’en foutent, du moment que ça rapporte), financent des think tank – et aussi des ONG et bien d’autres types d’organisation – qui font la promotion des énergies renouvelables. Et les médias relaient les « bonnes nouvelles » communiquées par lesdits think tank. Les médias comme Vert, mais aussi les médias de masse traditionnels. BFM TV, France 24, Libération, Le Figaro, Ouest-France, Boursorama, RTBF, 20 minutes, Le Monde, etc., ont aussi célébré la même « bonne nouvelle », toujours en provenance du think tank Ember.
La #EuropeanClimateFoundation est une des plus importantes fondations prétendument « philanthropique » d’Europe, de type pass-through, c’est-à-dire spécialisée dans la redistribution de fonds en provenance d’autres fondations. Parmi lesquelles on retrouve, entre autres, la William and Flora Hewlett Foundation (liée à l’entreprise d’informatique #HP), la #BloombergFamilyFoundation, le #Rockefeller Brothers Fund, la #IKEA Foundation, ou encore la #ClimateWorks Foundation, elle aussi une fondation de type pass-through, financée, entre autres, par la William and Flora Hewlett Foundation, mais aussi par la Fondation David et Lucile #Packard, le #Bezos Earth Fund, Bloomberg Philanthropies, la fondation #Ford et la IKEA Foundation.
La #SequoiaClimateFoundation (également connue sous le nom de #SequoiaClimateFund) est une fondation très discrète, qui ne divulgue que le minimum requis d’informations, et qui est a priori une création du milliardaire californien C. Frederick #Taylor, l’un des trois fondateurs du fonds spéculatif #TGS Management, décrit comme « un fonds spéculatif quantitatif extrêmement secret ». Un rapport de Bloomberg Businessweek a révélé en 2014 que les partenaires de TGS étaient les donateurs d’un groupe d’organismes caritatifs qui détenaient des actifs combinés de 9,7 milliards de dollars (12,8 milliards de dollars en 2024). A l’époque, ce groupe était donc « plus important que les fondations #Carnegie et #Rockefeller réunies » et « l’un des plus grands pools de financement philanthropique aux États-Unis ». D’après le rapport « quelqu’un avait recouru à des méthodes élaborées pour s’assurer que personne ne découvre l’origine de cet argent, en utilisant des couches de filiales d’entreprises pour obscurcir ses origines », en utilisant des entreprises et des cabinets d’avocats issus de plusieurs États.
Les ressorts du #philanthrocapitalisme, qui s’efforce d’être discret, sont largement inconnus du grand public. Peu de journalistes s’intéressent au sujet, pourtant majeur. Le politologue Edouard #Morena s’y est intéressé dans son livre Fin du monde et petits fours. Les ultra-riches face à la crise climatique (La Découverte, 2023). Il montre bien comment les #ultra-riches ont entrepris, il y a des années, d’utiliser une partie de leur pognon pour orienter le mouvement écologiste dans une direction qui ne menace pas leurs intérêts, et même mieux encore, qui les favorise : la promotion des énergies dites « renouvelables » ou « propres » et des technologies dites « vertes ». Autrement dit, la promotion du #capitalisme vert. D’ailleurs, ce qu’on appelle le « mouvement climat » est essentiellement une création d’ONG largement financées par des fondations privées de milliardaires ou d’entreprises multinationales ou des fonds étatiques. La réduction de l’écologie à la seule question climatique, à un taux de carbone atmosphérique, permet plus facilement de présenter les énergies dites « renouvelables » ou « propres » ou « décarbonées » et les technologies dites « vertes » ou « bas carbone » comme des « solutions ». Plusieurs chapitres de mon livre Mensonges renouvelables et capitalisme décarboné : notes sur la récupération du mouvement écologiste (éditions Libre, 2024) sont consacrés à ces questions.
Le fond de l’absurde, la perversion du capitalisme, l’insupportable ironie de la situation, c’est qu’un nouveau média qui prétend proposer une autre vision des choses, qui dénonce régulièrement « les milliardaires », défend en fait des idées qui les arrangent très bien. Le développement des technologies dites « vertes » et des énergies dites « renouvelables » ou « propres » ne changera rien à la catastrophe sociale et écologique en cours. Au contraire, il ne fait que la prolonger. Une #écologie digne de ce nom doit avoir pour objectif la disparition des infrastructures techno-industrielles, pas leur impossible et indésirable verdissement.
DianaSez
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