Gaza, le génocide et #Durkheim
Un génocide ne se mesure pas au nombre des personnes tuées. Si l’on prend au sérieux la définition de l’ONU, un génocide pourrait même théoriquement se dérouler sans la moindre victime physique. Mais quelle est alors la cible exacte du crime de génocide ? La définition du « fait social » proposée par Émile Durkheim en 1895 permet de mieux le comprendre.
Extrait :
Car non, un #génocide ne se mesure pas au nombre de ses victimes. Tuer des individus, et même une masse d’individus, peut suffire pour commettre un génocide. Mais n’en tuer aucun n’empêche pas d’en commettre. Même si cela n’est jamais arrivé à ma connaissance, la definition de l’ONU permet en effet d’envisager un génocide sans le moindre mort.Mais alors, si la mort des individus n’est pas la condition sine qua non d’un génocide, quelle est donc la cible exacte de ce crime ? À la différence des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre, qui visent les individus, le crime de génocide vise l’existence d’un groupe (national, ethnique, racial ou religieux) en tant que groupe. Rappelons les 5 actes de génocide retenus dans la définition de l’ONU de #1948 :
- Meurtre de membres du groupe;
- Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
- Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
- Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
- Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.Pour autant qu’il soit possible de démontrer qu’il est « commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie » un groupe en tant que groupe, un seul de ces actes suffit pour que l’ont puisse parler de génocide. S’agissant de l’intention, les propos vociférés sur toutes les ondes par les membres du gouvernement israéliens et les hauts-gradés de son armée sont suffisamment explicites. Quant aux actes, le transfert forcé d’enfants est à ma connaissance le seul de la liste qu’Israël n’ait pas encore commis, sans doute en raison de l’idéologie profondément raciste et suprémaciste qui caractérise l’idéologie sioniste.
C’est pourtant bien ce cinquième acte de la liste qui doit ici retenir notre attention : il montre que, en théorie au moins, un groupe se livrant au transfert systématique des enfants d’un autre groupe avec pour intention de briser la chaîne de transmission intergénérationnelle pourrait être accusé de génocide, même s’il n’a tué personne par ailleurs. Cela suffit à disqualifier toute argumentation basée sur le seul nombre de tués pour qualifier ou non un acte de génocide.
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