Au Venezuela, renaissance et victoire du parti communiste


Depuis quelques années, des militant(e)s du monde entier reçoivent régulièrement des communiqués signés « parti communiste vénézuélien » dénonçant « le régime néolibéral de Maduro qui persécute les communistes, réprime les travailleurs, écrase les salaires, sème la terreur dans les milieux populaires comme le fait le fascisme ». Par solidarité automatique, souvent de bonne foi, ils relaient ces messages sans se douter de la vraie nature de leur auteur, ni de la désinformation à laquelle ils participent. Car non seulement le vrai parti communiste vénézuélien soutient activement la révolution bolivarienne et rassemble la grande majorité des militant(e)s, mais il vient de réaliser un score historique aux législatives de mai 2025.

Un peu d’Histoire

Fondé en 1931, le Parti Communiste du Venezuela (PCV) ne s’est jamais développé comme un fer de lance du prolétariat, mais comme une des niches disponibles de la façade pluraliste voulue par l’oligarchie pétro-rentière, quelque part entre social-démocratie et démocratie-chrétienne. L’éternel 1,5% du PCV aux élections et son opportunisme ont eu le don d’énerver tour à tour Fidel Castro et Hugo Chávez.

Un des problèmes de la gauche d’avant Chávez est d’avoir été dirigée par des fils de la bourgeoisie qui, par une curieuse synthèse de colonialisme et de marxisme, voyaient le peuple comme une « masse aliénée à qui il faut descendre la ligne politique ». Beaucoup rêvaient d’être les nouveaux Fidel Castro ou Che Guevara, laissant derrière eux un cimetière de martyrs, d’étudiant(e)s, de familles paysannes sacrifiées dans la lutte, et beaucoup d’espoirs déçus. Fatigué de ne jamais voir arriver le « grand soir », le peuple a fini par se tourner vers celui qui savait l’écouter et lui parler : un certain Hugo Chávez. Dans la prison où l’a mené son insurrection civico-militaire contre la corruption gouvernementale, le futur président bolivarien a compris que la révolution ne passerait jamais par cette gauche ultra-minoritaire, éloignée des masses, et que l’heure avait sonné de « déterrer la semence morte de la mangue pour en semer une nouvelle » (1). Son « Projet National Simon Bolivar » réveille trois racines anticoloniales dans la mémoire populaire : Bolivar, Rodriguez, Zamora. L’alliance entre civils et militaires patriotes rappelle le képi vissé sur le chapeau paysan d’Ezequiel Zamora, le général des « terres et des hommes libres » (1817-1860). Le philosophe Simon Rodriguez (1769-1854) demande à l’Amérique libérée du joug espagnol par son ex-étudiant Simon Bolivar « d’inventer, d’être originale, de ne plus copier la vieille Europe » et propose comme modèle politique la « toparquia » – un gouvernement communard pour chaque territoire de la République.

Amnistié en 1994, le militaire bolivarien fait le pari de la voie électorale et entame une tournée nationale. Partout, des foules l’écoutent attentivement. Sa forte popularité irrite la direction du PCV. Chávez racontera à Ignacio Ramonet: « Le secrétaire général du Parti Communiste a affirmé, lorsque je suis sorti de prison, que « la présence du caudillo Chávez nuit au mouvement populaire ». Il s’opposait même à ce que je participe à des marches et à des manifestations. Ils n’avaient rien compris. Ce qu’il y avait chez eux c’était de la récupération électorale et de l’opportunisme » (2). En 1999, les exclu(e)s de toujours entrent enfin en politique, en élisant Chávez à la Présidence. Bien que le PCV ne digère pas que le « peuple aliéné » lui ait préféré un fils de maîtres ruraux, il monte sur le porte-avions bolivarien et colle la photo de Chávez sur ses affiches pour augmenter son nombre de voix. Il exige ici des ministères, là des ambassades. Dans l’espoir secret que la révolution bolivarienne ne sera qu’une parenthèse et qu’il redeviendra le seul parti à gauche.

Mais le souffle de vie égalitariste des chavistes s’ancre profondément dans le paysage politique et garde l’appui de l’électorat. En 2020, le secrétaire général du PCV Oscar Figuera décrète soudain que le « socialisme du 21ᵉ siècle n’est pas une doctrine scientifique » et que « Nicolas Maduro n’est pas chaviste mais néolibéral ». La base du parti critique ce retournement de veste et s’inquiète de l’hémorragie de militants (3). Figuera fait la sourde oreille et pour se perpétuer à la tête du parti, convoque un congrès limité à 80 « fidèles » au lieu des 400 délégué(e)s habituel(le)s. En 2023, un groupe de militant(e)s saisit la justice. Le Tribunal Suprême leur donne finalement gain de cause. Une direction transitoire est nommée, sous la présidence d’Henry Parra, pour organiser un congrès qui respecte les statuts légaux. « Des mercenaires du dictateur Maduro ! » dénonce Figuera dans les communiqués destinés au listing international des parti-frères, avant d’entamer la purge des « traîtres » : « après une longue enquête, le plenum de notre comité central a découvert que les responsables historiques de notre département de relations internationales – le député Carolus Wimmer et Ursula Aguilera – étaient en réalité des traîtres au service du régime de Maduro » (4).

De la renaissance à la victoire électorale du nouveau PCV

Alors qu’on n’observe guère de mobilisation autour de l’ex-secrétaire général, la nouvelle direction d’Henry Parra rouvre le chantier du travail de base. Vite rejointe par les sections, cellules de tout le pays, impatient(e)s de rattraper le temps perdu et de reconstruire le parti. Les militant(e)s reviennent dans la coalition chaviste et jettent leurs forces dans la campagne des législatives de mai 2025. Une stratégie plébiscitée par les électeurs : le PCV réalise une poussée historique, passe d’un à six députés à l’Assemblée Nationale et devient le troisième parti en nombre de voix sur les 46 formations en lice.

Parra commente la victoire : « Plus fort sera le parti communiste, plus forte sera la révolution bolivarienne. Nous gardons notre identité : le PSUV (parti majoritaire du chavisme, NdT) parie davantage sur la commune comme moteur révolutionnaire, et nous sur la classe travailleuse. Beaucoup de partis communistes d’Amérique Latine ont compris la manipulation de Figuera, et voient comment il s’aligne sur l’extrême droite. Nous allons organiser le congrès du parti et renouer avec les partis-frères du monde entier. » Les raisons d’appuyer Maduro ? « Son anti-impérialisme. Son programme socialiste. Son origine prolétaire. Sa capacité à garantir la paix, car même si nous respectons nos adversaires politiques, nous savons que si l’extrême droite revenait au pouvoir elle tenterait nous éliminer comme lors du coup d’État contre Chávez en 2002 ».

À noter que bien avant la victoire électorale obtenue par la nouvelle direction du PCV, et sans tomber dans le piège des campagnes de Figuera, des partis communistes du monde entier ont maintenu leur solidarité avec le gouvernement révolutionnaire de Nicolas Maduro. C’est le cas des Partis Communistes Cubain, Chinois, Vietnamien, Népalais, Sud-Africain, Colombien, Péruvien, Argentin, Brésilien (PCdoB), Sud-Coréen (PDP), Philippin, Espagnol, Portugais, du Party for Socialism and Liberation (États-Unis) et de près de 80 organisations communistes regroupées au sein de la Plate-Forme Mondiale Anti-impérialiste (5). Sans oublier des mouvements sociaux ou des centres de recherche d’inspiration marxiste, tels que le Mouvement des Travailleurs Sans Terre du Brésil, le Tricontinental Institute dirigé par l’historien indien Vijay Prashad, l’International People’s Assembly, le People’s Forum (États-Unis), etc…

Figuera dans son labyrinthe

Après avoir appuyé le candidat de droite Enrique Marquez aux présidentielles de 2024 puis refusé de reconnaitre la victoire du « dictateur » Maduro, l’ex-secrétaire général du PCV a refusé, comme l’extrême droite, de participer aux élections législatives d’avril 2025 ou aux municipales de juillet 2025 : « dans ce contexte d’absence de garanties et de répression politique, nous ne participerons pas aux élections, qui ne sont qu’une farce ». (6) Peur d’être sanctionné par les électeurs et de tomber plus bas que l’éternel 1,5% ? Quant aux rencontres internationales antifascistes qui réunissent depuis deux ans à Caracas des centaines de partis et mouvements sociaux du monde entier, elles ne sont pour lui que « la volonté du régime de cacher son caractère autoritaire et antidémocratique ». (7)

Le rite est immuable. Attablé face à une caméra, entouré de sa garde rapprochée, Figuera lit l’énième communiqué contre la « dictature-néo-libérale-de-Maduro ». On pense au poème de Roque Dalton sur un comité central trop occupé à rédiger son communiqué sur « la-situation-actuelle-et-nos-tâches » pour voir que dans la rue, le peuple est en train de faire la révolution. On se souvient des communistes mexicains qui décrétèrent que Sandino était un « caudillo libéral » et un « aventurier », ou des communistes boliviens qui refusèrent d’appuyer la guérilla du Che. Même arrogance tranquille de ceux qui s’autoproclament détenteurs uniques de la ligne directe avec Marx ou Lénine, même rhétorique ampoulée des années 50, répétée indépendamment de tout contexte. Une scène si caricaturale qu’on se demande « comment osent-ils » ? (8)

Alors qu’il critique le blocus impérialiste contre Cuba, Figuera réserve à la révolution bolivarienne la même technique que les médias : effacer les causes pour leur substituer les effets. Selon lui, la « crise » est provoquée par « le néolibéralisme de Maduro qui écrase les salaires des travailleurs ». Exit, le blocus financier qui empêche au gouvernement bolivarien d’acheter des médicaments, avec pour conséquence la mort de 100.000 patient(e)s. Exit, les plus de 1000 sanctions imposées par les États-Unis (9) qui ont fait perdre au Venezuela 95% de ses revenus et généré un exode massif (que les médias attribuent à « l’échec du socialisme ») : « Les bas salaires, la réduction des dépenses publiques et les tentatives de privatisation encadrées dans la loi anti-blocus sont des expressions de ce néolibéralisme qui confirment l’éloignement de Maduro du chavisme ».

Arrêtons une seconde le disque rayé. Pourquoi le président Maduro aurait-il soudain décidé de devenir « néolibéral » et d’« écraser les salaires » ? Par désir de trahir la révolution bolivarienne qui avait porté le salaire des travailleurs au plus haut niveau du continent ? Par plaisir de devenir impopulaire ? En réalité, face au blocus occidental, Maduro est un des rares chefs d’État à n’avoir pas cédé aux sirènes de l’austérité. Lorsqu’il a commencé par augmenter périodiquement les salaires de 25% ou de 50%, le secteur privé annulait ces hausses en augmentant ses prix dans la même proportion. Face à la spirale inflationniste, Maduro a décidé de réactiver l’appareil productif national, grâce aux alliances multipolaires. Non seulement pour s’éloigner du rentiérisme pétrolier, mais aussi pour renflouer les caisses de l’État, notamment en taxant les plus riches. La Banque Centrale a ainsi récupéré de précieuses ressources pour intervenir sur le marché des changes et défendre la monnaie. Tout cela permet de reconstruire les services publics et d’augmenter peu à peu les allocations des travailleurs, tout en limitant l’inflation qui les annulait. Une stratégie à la chinoise : maintenir et renforcer l’État comme acteur stratégique de l’économie. (10)

Résultat : depuis quatre ans, la CEPAL (ONU) indique que le Venezuela connait la plus forte croissance (4%) de l’Amérique du Sud. Pour la première fois en 150 ans d’histoire pétrolière, le pays frôle la souveraineté alimentaire et produit presque 100 % des denrées qu’il consomme. Durant le premier trimestre 2025, le PIB a augmenté de 9,32% et le pays a augmenté ses exportations non pétrolières de plus de 87 %. (11)

Quand, en février 2025, Donald Trump révoque la licence de Chevron pour serrer un peu plus à la gorge l’économie du Venezuela, Maduro répond en étendant le marché vers l’Asie et en remettant le logement numéro 5 millions 258 milles à une famille populaire. Le 1er mai 2025, il augmente « l’allocation contre la guerre économique » de 90 à 120 dollars pour 20 millions de familles. Avec l’allocation alimentaire de 40 dollars, cela fait 160 dollars versés chaque mois comme complément du salaire de base. Dans le secteur privé – majoritaire – le salaire minimum est d’environ 200 dollars. Point important lorsqu’on étudie le pouvoir d’achat au Venezuela : malgré les sanctions occidentales, et à la différence de régimes néolibéraux, les services publics et les biens de première nécessité sont très bon marché au Venezuela. Essence subventionnée, la moins chère du monde (0.5 $/ le litre), eau, gaz, électricité, internet, métro, etc.. sont accessibles à bas prix. Les aliments remis mensuellement par le gouvernement à la population en réponse au blocus, ne coûtent que 5 % du prix du marché. De nombreux centres de santé, tout comme l’enseignement public et la culture, fonctionnent gratuitement (12).

Alors qu’en Occident, un nombre croissant de familles n’arrivent plus à boucler leur fin de mois, les travailleurs du Venezuela affluent dans les commerces et les « emprendimientos » qui s’ouvrent tous les jours. Caracas est envahie par la musique commerciale et des bouchons se forment très tôt autour des malls géants (13). Des milliers de migrants vénézuéliens ont fui l’appauvrissement dans les « pays d’accueil » et sont rentrés au pays grâce à la compagnie aérienne publique et gratuite, bien avant les expulsions et les violations des droits humains commises par le régime Trump (14). Mais l’ex-chef du PCV a émis son verdict : « Le Bureau politique du Comité central du Parti communiste du Venezuela considère qu’après les annonces faites le 1er mai, les salaires et les pensions des Vénézuéliens ont été réduits à zéro. » (15)

Surfer sur l’image construite par les médias

Quand des mafias juridiques liées aux entreprises publiques ou privées violent les droits humains, l’ex-dirigeant du PCV en rend automatiquement Maduro responsable. « Maduro sème la terreur dans les milieux populaires comme le fait le fascisme ». C’est l’obsession ad hominem de Figuera qui surfe sur l’image sédimentée depuis vingt ans par les médias. Car s’il est vrai qu’il y a au Venezuela des travailleurs injustement emprisonnés, suscitant les luttes légitimes des mouvements sociaux pour obtenir leur libération, ces violations des droits humains n’incarnent pas une politique gouvernementale.

Ce n’est pas dans le Venezuela de Maduro mais dans le Brésil d’Ignacio Lula da Silva que “la violence dans les campagnes a atteint un niveau record en 2024 et les régions où l’agro-industrie progresse concentrent les cas d’assassinat”. Ce n’est pas dans le Venezuela de Maduro mais dans la Colombie de Gustavo Petro qu’”en 2024, un leader social a été tué tous les deux jours – qu’il soit activiste des droits humains, syndicaliste, militant afrodescendant, leader paysan, etc…” et qu’”en 2025 70 leaders sociaux ont été assassinés”. Ce n’est pas dans le Venezuela de Maduro mais dans le Mexique de Claudia Sheinbaum “qu’en 2024, 125.000 personnes sont portées disparues” et qu’on découvre régulièrement des charniers clandestins. Faut-il en déduire que Lula, Petro ou Sheinbaum ont pour politique d’encourager ces violations des droits humains ? (16)

Au Venezuela, Maduro a plusieurs fois réprimandé publiquement les agents de l’ordre soudoyés par des grands propriétaires pour expulser des paysans et a mis fin aux assassinats de militant(e)s engagés dans la réforme agraire, fréquents à l’époque de Chávez (17). Le procureur général Tarek William Saab a démis de leurs fonctions des centaines de juges corrompus ou de policiers à la gâchette facile. Pour le maire communiste chilien Daniel Jadue, victime de Lawfare et emprisonné dans son pays pour avoir mis en place un réseau de pharmacies populaires : “le processus bolivarien, a été capable d’arrêter et de condamner des centaines d’agents des forces de sécurité pour violations des droits humains, pour avoir désobéi aux ordres et fait usage d’armes à feu lors des violences de l’extrême droite, alors qu’au Chili on n’a ni arrêté, ni jugé aucun agent des forces de sécurité qui ont réprimé le mouvement social” (18)

Parlons de démocratie. Maduro ne se cantonne pas à de simples réformes comme celles de ses voisins progressistes. Le 25 mai 2025, après la large victoire de la coalition chaviste aux législatives, il annonce la reprise du plan stratégique : construire un nouvel État basé sur les autogouvernements populaires. Des assemblées citoyennes ont lieu dans tout le pays pour recueillir les propositions en vue de cette réforme constitutionnelle. L’objectif, explique le président bolivarien, est de « construire une démocratie moderne basée sur la participation directe des citoyen(ne)s, le pouvoir des mouvements sociaux, et de la collectivité. Un grand processus de démocratisation élargie de la société vénézuélienne, de la vie politique, institutionnelle, économique, sociale, culturelle et éducative. Car un système qui élit celui qui a le plus d’argent pour contrôler TikTok, Instagram, la radio et la télévision, n’est pas une démocratie, mais une farce, un théâtre de l’absurde. Le Venezuela n’en veut pas, parce que toute son Histoire est imprégnée de l’idée et du désir d’une démocratie authentique ». (19)

Quand Figuera dénonce que le « dictateur Maduro sème la terreur comme le fait le fascisme », faut-il voir dans son discours la main de l’USAID ou de la NED (20) ? Certes, il gravite dans l’écosystème d’ONG des “droits humains” qui ont dérivé comme PROVEA vers l’opposition politique ouverte contre la révolution bolivarienne et contre ses assemblées constituantes. Des ONG qui fabriquent des dossiers de « prisonniers politiques » pour les médias et pour les mafias de la droite vénézuélienne aux USA. Au point que même l’administration Trump a pris ses distances avec ce négoce (21). Mais l’explication est sans doute plus médiocre. Avant les présidentielles de juillet 2024, l’extrême droitière Machado annonça qu’en cas de victoire, elle ferait payer (« cobrar ») les chavistes. En clair, qu’elle les éliminerait. L’ex-leader du PCV a-t-il passé avec elle un pacte de non-agression électoral dans l’espoir que le chavisme, défait dans les urnes, disparaitrait ? Et que le PCV redeviendrait le seul parti de gauche ? Une hypothèse pas si folle quand on connaît le sectarisme et l’opportunisme de Figuera.

La lutte entre l’ancien et le nouveau

Si, depuis vingt ans, les empires médiatiques font du Venezuela une « dictature », c’est parce qu’il faut empêcher la contagion de cette machine à démocratiser qu’est la révolution bolivarienne. Pour le journaliste Maurice Lemoine, « au risque de surprendre les contempteurs du Venezuela, ses milliers d’autogouvernements populaires sont l’expérience de démocratie participative la plus ambitieuse du continent – et même sans doute de bien au-delà. » Les médias tolèrent des expériences locales (zapatisme, Rojava, etc…) mais doivent occulter cette « révolution dans la révolution » qui menace le système et impressionne de nombreux intellectuels et mouvements du Sud global. Pour le directeur de l’Institut Tricontinental, l’historien indien Vijay Prashad, « au Venezuela, les communes forgées dans les quartiers populaires jouent un rôle central dans la constitution d’idées nouvelles et de forces matérielles qui font avancer la société. » Pour le sociologue décolonial portoricain Ramon Grosfoguel, « peut-être qu’avec toutes les difficultés que l’Empire a créées au Venezuela, nous perdons de vue le moment historique et ce qu’il est en train de construire dans les communes et qui n’existe nulle part ailleurs en Amérique latine ». Pour la coordinatrice internationale du Mouvement des Sans Terre du Brésil, Messilene Gorete: « parfois, à gauche, nous avons des schémas très fermés sur le niveau de préparation et de planification nécessaire pour avancer, et cela peut devenir un obstacle. La créativité – dans un pays où les gens sont très spontanés – est une grande vertu de la révolution bolivarienne. Ici, le peuple est vraiment le sujet de la révolution. Et la commune vénézuélienne est un modèle dont notre continent a besoin. » La militante féministe Marta Martin Moran, responsable de l’Amérique Latine au PC espagnol, qui a observé une dizaine de fois les processus électoraux du Venezuela, ne cache pas son enthousiasme à propos des consultations trimestrielles par lesquelles la population de chaque commune choisit le projet que doit financer l’État. La sociologue féministe mexicaine Karina Ochoa souligne le rôle central et majoritaire des femmes, « soucieuses de substituer un pouvoir-pour au vieux pouvoir-sur ».(22)

Tout(e) communiste normalement constitué a appris avec Marx et Lénine que la commune est la « forme politique enfin trouvée sous laquelle on peut travailler à l’émancipation économique du travail », et qu’après avoir détruit l’État bourgeois, vient le plus difficile : créer une nouvelle forme d’État où « tous gouverneront à tour de rôle et s’habitueront bientôt à ce que personne ne gouverne ». Alors que les Jeunesses Communistes du nouveau PCV saluent le nouvel espace politique des communes, l’ex-secrétaire général Figuera n’avait qu’indifférence pour ce nouvel État en gestation. Un mépris semblable à celui de la droite, qui a voté systématiquement contre toutes les lois transférant le pouvoir aux autogouvernements populaires. La droite vénézuélienne, engoncée dans son racisme, l’a compris : tant d’outils d’émancipation aux mains du peuple la rendent chaque jour plus anachronique.

Thierry Deronne, Caracas, le 17 juin 2025

Notes :

1 Discours de Hugo Chávez à La Havane, décembre 1994,
2 « Permettre l’utopie, organiser l’impossible » – Ma première vie, par Hugo Chávez (Conversations avec Ignacio Ramonet), venezuelainfos.wordpress.com/2… . Quelques années plus tard, dans un contexte différent, Gustavo Petro fait la même analyse : “La gauche colombienne n’a jamais gagné la présidence parce qu’elle était trop petite, trop repliée sur elle-même et trop sectaire. L’ego de groupe est très nuisible avec sa « ligne correcte et puriste » et sa manière de regarder avec méfiance tout Colombien ou Colombienne qui ne ressemble pas à un cadre de gauche, que nous appelions autrefois un cadre révolutionnaire.”ultimasnoticias.com.ve/mundo/p…
3 En 2018 déjà, lors d’un congrès national du PC, les guérilleros survivants des années 60 avaient quitté la salle pour dénoncer cette dérive anti-Maduro: « c’est pour cette révolution que nous nous sommes tous battus, alors cesse d’insulter ceux qui sont morts pour elle ! » avaient-ils lancé à Oscar Figuera.
4 Voir le communiqué de Figuera justifiant cette purge, diffusé sans réserve par des sites comme Solidnet : solidnet.org/article/CP-of-Ven… ou mouvementcommuniste.over-blog.…
5 « Caracas 3rd International Conference in March 2023 : Latin America has a vital role to play in the world anti-imperialist struggle », wap21.org/?p=2332
6 « Avalanche of irregularities plunges May 25 electoral process into the abyss », prensapcv.wordpress.com/2025/0… El Partido Comunista de Venezuela rechaza la candidatura de Maduro y apoya la de Enrique Márquez, cnnespanol.cnn.com/video/candi… et “El Partido Comunista de Venezuela anuncia decisión de no participar en comicios de julio”, swissinfo.ch/spa/el-partido-co…
7 « PCV: Maduro trata de recomponer su malograda legitimidad con foro parlamentario antifascista », prensapcv.wordpress.com/2024/1…
8 Le « cas Figuera » n’est qu’un exemple de l’influence du Parti Communiste Grec qui divise ou paralyse des organisations communistes du monde entier en propageant une critique « chimiquement pure » des processus politiques. Tout processus qui n’entre pas dans la grille des classiques du marxisme est dénoncé comme « réformiste ».. ou « impérialiste ». Ainsi la Chine ou le Mexique, ou le Venezuela, etc…, puisqu’ils sont des économies mixtes, sont des traitres qui pactisent avec le capitalisme, et vu que le capitalisme est impérialiste… sont des régimes impérialistes eux aussi ! En ce qui concerne le conflit en Ukraine, ce courant trotskiste gomme la séquence causale (coup d’État pro-occidental de Maidan en 2014, bombardements des populations russophones du Donbass et de Donetsk, leurre des accords de Minsk, installation de missiles de l’OTAN à la frontière de la Russie, etc…) pour pouvoir faire de la Russie un «impérialisme » identique à celui des États-Unis.
9 « They are making Venezuela’s economy scream », peoplesdispatch.org/2025/05/06… “Sanções contra Venezuela fizeram o país perder US$ 226 bi em receitas petrolíferas”, brasildefato.com.br/colunista/… “Venezuela. ONU reconoce impacto negativo de las medidas coercitivas unilaterales de EE.UU”, resumenlatinoamericano.org/202…
10 “Nicolas Maduro est-il devenu néo-libéral ?”, venezuelainfos.wordpress.com/2… Pour la séquence complète depuis le début de la guerre économique : “Mai 2011 : augmentation du salaire minimum de 25 % et des salaires des universitaires et du secteur public de 40%.”, venezuelainfos.wordpress.com/2… ; “Venezuela : l’augmentation du salaire et la baisse du chômage continuent”, venezuelainfos.wordpress.com/2… Contrôle des prix des aliments, hausse du salaire, impôt sur les grandes fortunes et affranchissement du dollar : Maduro poursuit l’offensive contre la guerre économique, venezuelainfos.wordpress.com/2… « Maduro hace milagros para proteger el ingreso mínimo integral en plena guerra económica », venezuela-news.com/maduro-hace… , « Venezuela aumenta auxílios para amenizar inflação, mas desafio é ampliar poder de compra », brasildefato.com.br/2025/05/09… « Malas noticias al imperio: no podrán frenar los recursos para el pueblo », ultimasnoticias.com.ve/politic…
11 CEPAL: Venezuela destaca como la economía de mayor crecimiento en la región », observatorio.gob.ve/cepal-vene… ; « La economía venezolana continúa avanzando: El PIB creció 9,32% en el primer trimestre de 2025 », bcv.org.ve/notas-de-prensa/la-… « 97% de los productos que se venden en los supermercados son hechos en Venezuela », ultimasnoticias.com.ve/mercado… « Venezuela mantiene crecimiento sólido en soberanía alimentaria durante primer semestre del 2025 », venezuela-news.com/venezuela-m… « Pese a sanciones y guerra económica: Venezuela aumenta sus exportaciones no petroleras a más del 87% », venezuela-news.com/pese-a-sanc… « Venezuelan Oil Production Recedes as PDVSA Finds New Partners », venezuelanalysis.com/news/vene…
12 « Un país que se autoabastece y exporta: Venezuela rompe criminales sanciones y alcanza soberanía alimentaria », fusernews.com/un-pais-que-se-a… « Sistema Agroalimentario venezolano reporta mejoras en abastecimiento y almacenamiento al cierre de mayo », venezuela-news.com/sistema-agr… ; « Presidente Maduro entregó la vivienda 5 millones 258 mil », correodelorinoco.gob.ve/presid… ; « Venezuela: School Food Program Serves 4.6 Million Students for Free », orinocotribune.com/venezuela-s… Plan quirúrgico de cataratas en Miranda atenderá 500 pacientes, ultimasnoticias.com.ve/mas-vid…
13 « 2024, el año de los supermercados », ultimasnoticias.com.ve/mercado…
14 “US Strips Hundreds of Thousands from Cuba, Haiti, Nicaragua and Venezuela of Migratory Status. President Nicolás Maduro appealed to Venezuelan migrants abroad to return home.”, “venezuelanalysis.com/news/us-s… , “Où sont les défenseurs des droits humains des Vénézuéliens ?”, b-tornare.overblog.com/2025/05… Maduro a dit : « s’ils n’en veulent pas, nous si. », b-tornare.overblog.com/2025/05… “Cabello: Más de un millón de venezolanos han retornado tras encontrar la cruda realidad”, ultimasnoticias.com.ve/politic…
15 “PCV: Política económica de Maduro llevó a cero los salarios y las pensiones”, prensapcv.wordpress.com/2025/0…
16 « Brésil : 12 morts lors d’un raid de la police dans la ville de Salvador », lefigaro.fr/flash-actu/bresil-… « Violência no campo bate recorde da última década e áreas de avanço do agronegócio concentram casos de assassinatos », brasildefato.com.br/2025/04/23… « Indígenas bloquean carretera en Brasil contra ley que amenaza sus territorios », «En 2024, un líder social fue asesinado cada dos días en Colombia », elpais.com/america-colombia/20… « Colombia: más de 70 líderes sociales asesinados en lo que va de 2025 » telesurtv.net/colombia-70-lide… « Amnistía Internacional rechaza trabajo de Fiscalía colombiana en crímenes contra líderes sociales », elespectador.com/judicial/amni… « México, el país que desaparece: sin rastro de 125.000 personas », elpais.com/mexico/2025-03-23/m… « Rechaza México declaraciones de Comité de ONU sobre desapariciones forzadas », jornada.com.mx/noticia/2025/04… « Protestan familiares de desaparecidos en el Senado », jornada.com.mx/galeria/2025/04… « Madres de todo el país exigen justicia para personas desaparecidas”, jornada.com.mx/galeria/2025/05…
17 « Nicolas Maduro interdit toute expulsion de paysans et exige d’arrêter les responsables de ces exactions (photos et vidéo) », venezuelainfos.wordpress.com/2… Déclarations du procureur général Tarek William Saab instagram.com/p/DGyTLDLvqKl/
18 Déclarations de Daniel Jadue : https://x.com/venezuelainfos/status/1515071286883540994.
19 « A rebours des post-démocraties de Musk and Trump, Nicolas Maduro renforce la démocratie au Venezuela », venezuelainfos.wordpress.com/2… L’humanisme de la révolution bolivarienne s’enracine dans la maxime de Simon Bolivar « maudit soit le soldat qui retourne ses armes contre le peuple », cité par Chávez au moment de sevrer l’armée vénézuélienne de la School of Americas, l’« école des bourreaux » installée aux États-Unis. Même les extrémistes de droite violents (relookés en “prisonniers d’opinion” par les médias) qui organisent périodiquement des déstabilisations et recrutent des jeunes de quartiers populaires pour quelques dollars, finissent par être libérés. Les leaders de l’extrême droite putschiste – de Juan Guaido a Maria Corina Machado – n’ont jamais été arrêtés. Au point qu’il faudrait presque parler de laxisme quand on compare l’action de la justice vénézuélienne à celle de la justice du Brésil contre le coup d’État de Bolsonaro ou celle de la justice états-unienne contre les extrémistes qui ont pris d’assaut le Capitole.
20 « El Partido Comunista de Venezuela acusa al Gobierno de ejecutar una «política de terror», swissinfo.ch/spa/el-partido-co… « National Endowment for Democracy weaponizes “democracy” in Venezuela, Nicaragua and Cuba. », laprogressive.com/the-media-in…
21 « Le « Grand Venezuela Circus » et ses influenceurs », par Maurice Lemoine, venezuelainfos.wordpress.com/2… et « Venezuela : Contes et mécomptes de curieux « défenseurs des droits humains », par Maurice Lemoine », venezuelainfos.wordpress.com/2… et « Venezuela : aux « sources » de la désinformation », medelu.org/Venezuela-aux-sourc… « Con las ONG los extremistas se llenan los bolsillos a costa de la migración venezolana (+Lista) », ultimasnoticias.com.ve/politic…
22 Lenin Went to Dance in the Snow to Celebrate the Paris Commune and the Soviet Republic: The Twenty-First Newsletter (2021), thetricontinental.org/newslett… « « On ne peut être décolonial sans être anti-impérialiste » : Ramon Grosfoguel. », venezuelainfos.wordpress.com/2… Les Sans Terre du Brésil à l’école du Venezuela: « ici, le peuple est vraiment le sujet de la révolution. », venezuelainfos.wordpress.com/2… , « Commune or Nothing! Venezuela’s Communal Movement and its Socialist Project », monthlyreview.org/product/comm…

Voir les photos dans l'URL de cet article : venezuelainfos.wordpress.com/2…

Emmanuel Florac reshared this.

New movies shot with old equipment?


I think choosing camera equipment is an artistic decision that should not just be picking what's state of the art at the time.

The equipment that a movie is shot on is going to have an impact on the final product, no matter what. Most artists get this, but they don't take proper advantage of it.

I think recording a movie with vintage equipment, or mimicking their output, can have a psychological impact on the audience that elevates it to the level of great films of the past.

Does anyone know any examples of this being used?

Kabul at risk of becoming first modern city to run out of water, report warns


Water levels within Kabul’s aquifers have dropped by up to 30 metres over the past decade owing to rapid urbanisation and climate breakdown, according to a report by the NGO Mercy Corps.

Meanwhile, almost half of the city’s boreholes – the primary source of drinking water for Kabul residents – have dried out. Water extraction currently exceeds the natural recharge rate by 44m cubic metres each year.

If these trends continue, all of Kabul’s aquifers will run dry as early as 2030, posing an existential threat to the city’s seven million inhabitants.

NASA’s Marshall Space Flight Center invites the community to help celebrate the center’s 65th anniversary during a free public event noon to 5 p.m. CDT Saturday, July 19, at The Orion Amphitheater in Huntsville, Alabama. Marshall, along with its partners and collaborators, will fill the amphitheater with space exhibits, music, food vendors, and hands-on activities […]

MaPrimRenov', Sécu et taxe Zucman : les médias ne comprennent rien à la dépense publique - Par Maurice Midena | Arrêt sur images


#économie #politique

Il faut parfois se laisser aller à créer des passerelles incongrues entre les choses, pour mieux comprendre l'idéologie sous-jacente. Faisons, pour aujourd'hui, appel à François Lenglet, chroniqueur en chef de l'économie à TF1. Le 9 juin dernier, le journaliste à la cravate rouge est revenu dans le 20 heures sur les artisans qui "enragent" alors que le gouvernement avait annoncé quelques jours plus tôt, la suspension de MaPrimeRenov', un dispositif qui servait, notamment aux ménages les moins aisés, à financer des travaux de rénovation de leurs passoires thermiques. Face à son succès, le dispositif commençait à coûter trop cher, d'où son arrêt envisagé - il va finalement être rétabli en septembre après une nouvelle colère du président de la République qui trouvait cette suspension peu adaptée au contexte climatique.

Et donc, lors de sa chronique, Lenglet a tenté un parallèle entre les artisans du bâtiment pas contents, et la grogne des taxis, qui protestaient contre la diminution des subventions pour les transports sanitaires.

Car pour Lenglet, ce qui relie les taxis aux entrepreneurs de l'isolation, c'est que ce sont deux secteurs privés qui vivent "largement des subsides de l'État et de la Sécu.". Et le journaliste de rappeler cette sacro-sainte data de la théologie néolibérale : la dépense publique en France représente "57% de la richesse nationale" (taux le plus élevé de l'OCDE). "Elle fait vivre presque tous les secteurs de l'économie. Le bâtiment et les taxis, mais aussi l'industrie du cinéma, très subventionnée, les médecins et les pharmaciens, financés par la Sécu, les agriculteurs avec les aides de la PAC, les journalistes avec le soutien à la presse écrite." Ainsi l'éditorialiste sus-nommé conclut-il sa chronique express : "Autant dire qu'il est diablement difficile de réduire les dépenses publiques dans un pays où tout le monde en dépend, à cause de l'extension incontrôlée de l'État. Chez nous, il n'y a pas 5,7 millions de fonctionnaires, mais 68 millions, autant que de Français."

Confusion entre ce qui relève du public et ce qui relève de l'Etat

Si on en passe par Lenglet, c'est parce qu'au fond, il symbolise à la perfection la confusion créée par les journalistes - sans doute parfois à leur corps défendant - entre ce qui relève de l'Etat, et ce qui relève du public. Lenglet met sur le même plan des aides gouvernementales (MaPrimeRenov') et des prestations sociales (le remboursement par le Sécu du transport médical). L'un est géré par l'Etat. L'autre, par des caisses autonomes (alors certes, qui le sont de moins en moins) de droit privé, mais chargées d'une mission publique. Celles-ci gèrent - entre autres - le chômage et la Sécurité sociale (maladie, vieillesse, famille). Les unes sont financées historiquement par l'impôt (prélevées sur les salaires), les autres par des cotisations sociales (du salaire socialisé).

De fait, les dépenses publiques incriminées par Lenglet, regroupent les dépenses de l'Etat ainsi que l'ensemble des prestations sociales fournies par ces caisses autonomes - et encore d'autres choses. Or, dans bien des articles et des prises de parole médiatiques, la différence est rarement faite : on commence par parler du budget de l'Etat, de dépenses gouvernementales, de dispositifs développés par tel ou tel ministère, et on se retrouve à confondre les dépenses publiques avec les finances publiques (recettes et dépenses de l'Etat, en gros le budget). Ainsi dans cet article de Ouest-France, on parle dans le titre des dépenses publiques "en roue libre" de la France pointées du doigt par la Cour des Comptes, pour en fait parler dans le reste du texte du "dérapage des comptes publics" (on a repéré le même souci dans cet article de Capital). Et c'est l'inverse dans ce papier de BFM : on introduit l'article en parlant du gouvernement qui cherche à économiser 40 milliards sur le prochain budget, pour finalement parler de toutes les dépenses publiques. Bref, on confond les courgettes et les concombres, et on n'y voit rien, comme l'aurait dit Daniel Arasse, s'il eut été féru de macro-économie plutôt que de peinture.

Pour revenir sur Lenglet : mettre sur le même plan un dispositif étatique et des dépenses de soin c'est mélanger non seulement des dépenses qui ne revêtent pas les mêmes mécaniques de financement, ni de gouvernance, mais surtout pas les mêmes projets politiques. Car, si le budget de l'Etat est, lui, fonction des forces politiques en présence, la sécurité sociale est déjà un projet politique en soi. L'économiste et philosophe Bernard Friot appelle cela le "déjà-là communiste", héritage du programme du CNR et du ministre Ambroise Croizat, grande conquête sociale. La Sécu est surtout la construction majestueuse d'un bastion de socialisation dans un siècle capitalistique, alors en voie de mondialisation. Alors certes, depuis des décennies, depuis les ordonnances Jeanneney de 1967 au plan Juppé de 1995, jusqu'aux suppressions de cotisations chômages pour les salariés en 2018, l'Etat, justement, n'a eu de cesse de saper l'indépendance de la Sécurité sociale, ses capacités de financement, et troque de plus en plus les cotisations pour de l'impôt. Mais justement. Le rappeler, c'est aussi réaffirmer le projet particulier de la Sécurité sociale. Et souligner que les dépenses publiques ne consistent pas seulement en des dispositifs branlants mis en place par des gouvernements en galère, mais aussi en des innovations sociales justes et performantes.

Aussi, comme le fait Lenglet, ne pas faire explicitement la différence entre les finances publiques et les dépenses publiques, c'est associer l'Etat à un projet politique et social qui s'en était rendu autonome ; c'est encore créer un amalgame, surfer sur les errances étatiques et les ratés gouvernementaux pour disqualifier le système si innovant de protection sociale à la française. Un système social qui, s'il dysfonctionne, n'est en fait que la victime de choix politiques douteux.

COMPTER DEUX FOIS LA MÊME CHOSE

On a déjà parlé, sur ce site, de l'inanité de comparer des choses au PIB, ou, pour reprendre le vocabulaire de Lenglet, à la richesse nationale. Quand on dit que la dépense publique représente 57% de notre PIB, on donne l'impression que l'on prélève plus de notre richesse pour la dissoudre dans le cosmos de l'Etat et des assistés. "La dépense publique est comparée au PIB pour avoir un ordre de grandeur, mais ce n'en est pas une part, avait écrit dans une tribune au Monde en 2019, l'économiste Christophe Ramaux. Si l'on calcule la dépense privée comme on calcule la dépense publique, elle atteint environ 200 % du PIB, ce qui n'a aucun sens." Ce même Ramaux, qui, en avril dernier dans les colonnes de Basta!, en remettait une couche (on n'en met jamais assez), pour déconstruire cet outil faussement scientifique, sans cesse mobilisé par la doxa libérale : "La dépense publique est un indicateur très imparfait. On mélange un peu tout dedans et on fait des doubles comptes. Par exemple, elle comprend les salaires versés aux fonctionnaires, dont les cotisations sociales… Mais ces mêmes cotisations sont à nouveau comptées dans les dépenses de retraite ! Le chiffre de 57% du PIB n'est pas faux, mais il ne correspond pas à une part du PIB. Ce n'est pas parce que la dépense publique est à 57% que la dépense privée est à 43%."

En réalité, quand on utilise ce ratio de dépenses publiques sur PIB, on ne donne rien d'autre qu'un ordre de grandeur qui permet par exemple de comparer entre divers Etats, la place prise par le public dans le fonctionnement du pays. Rien de moins, et pas grand chose de plus. Que la France soit le leader mondial de la dépense publique et des prélèvements obligatoires est juste la conséquence logique d'une nation qui est sans doute l'une de celles qui cèdent le moins aux logiques individualistes et néolibérales. Une nation qui a fait de la mise en commun non seulement de la valeur ajoutée mais aussi de sa gestion, une valeur cardinale, happée depuis plus d'un demi-siècle par les obsessions austéritaires des exécutifs droitiers.

Il ne faut pas s'étonner dès lors, que les médias qui détestent les dépenses publiques, défendent le détricotage de la "Sociale", en faisant régulièrement la promotion de la retraite par capitalisation, vers libéral financier dans le fruit des jours heureux communistes. La capitalisation : un "tabou" à lever pour le Figaro, alors qu'il serait "urgent" d'en introduire une dose pour l'Opinion - le tout en alimentant des idées fausses sur son efficacité.

Ce sont souvent ces mêmes supporters du boursicotage de nos avenirs qui s'en prennent à ce qui pourrait mieux la financer, comme par exemple la taxe Zucman sur le patrimoine des ultra riches - rejetée cette semaine par le Sénat. On l'a entendu sur Europe 1 - par la voix d'Olivier Babeau -, on l'a lu dans le Figaro, le Point, et on a vu Nicolas Doze sur BFMTV qui qualifie cette taxe de "folie".

Il faut encore rappeler que la baisse des dépenses publiques, ne signifie pas une baisse des dépenses. Car ce que les forces du collectif ne prennent pas en charge, ce sont les individus et leur vulnérabilité qui doivent les supporter. Et ce, en devant s'en sortir face aux tarifs prohibitifs du secteur privé. Ce n'est pas un hasard si les Etats-Unis ont des dépenses de santé (en pourcentage de PIB, hihi), plus élevées qu'en France. Et ce qui vaut pour la santé, vaut aussi pour d'autres domaines comme le transport : le Royaume-Uni a lancé un plan de nationalisation de ses chemins de fer, face au fiasco de la libéralisation du secteur. La France ne compte pas 68 millions de fonctionnaires comme le lance le taquin Lenglet. Toucher une aide financée par la collectivité ne fait pas de vous un fonctionnaire. Juste un citoyen français.

arretsurimages.net/chroniques/…

The $13 Billion Secret: How Obama’s DACA and Biden’s Open Borders Fund Cartels and Human Trafficking

thegatewaypundit.com/2025/06/1…

BlackRock is Suing UnitedHealth for Giving “Too Much Care” to Patients After the CEO was Murdered


BlackRock is Suing UnitedHealth for Giving “Too Much Care” to Patients After the CEO was Murdered


cross-posted from: sh.itjust.works/post/38766119


BlackRock is Suing UnitedHealth for Giving “Too Much Care” to Patients After the CEO was Murdered


in reply to RockBottom

You know what the really fucked-up part is? Blackrock is doing it theoretically "on behalf of" the people whose investments it manages. Normal people with 401ks and maybe even United Healthcare insurance. People who, if asked, would likely rather have decently affordable healthcare than 0.001% higher investment returns. This lawsuit is even happening, at least in part, in the name of Luigi fans!

The system is constructed to leverage us against ourselves.

Homeland Security Secretary Kristi Noem transported by ambulance to DC-area hospital, sources say


youtube.com/watch?v=zGDnKekDAp…

Just a heads up, asking a question of your "representative" now makes you a fascist.

#news #politics #jamieraskin

Nearly half of Americans say tipping has ‘gotten out of control’


With those tipping screens now seemingly everywhere, Americans think that the practice has “gotten out of control,” according to a new survey.

At least 63 percent of US residents now having a negative view of tipping, up from 59 percent last year, according to Bankrate, a financial publisher and comparison service.

Yet, the number of Americans who have gotten used to tipping has gone up since the COVID-19 pandemic, when it slipped. There have not been significant declines in tips for service providers, the survey noted, particularly for hairdressers and restaurant servers.

r/privacy doesn't let people say "Peter Thiel is involved with Brave"


Reddit privacy moderators recently censored this content over a day after it was posted. IMO the reason is suspicious.

Accessible at Reddit or Reveddit

(There are no subreddit rules banning "political propaganda" or "character assassination." Nor does this comment appear to rise to either of those accusations: other non-removed comments back up the removed one.)

So how do I install/play cracked games?


I don't even know if this is allowed here but frankly, I don't care. I have seen conflicting guides on how to play cracked games. Some say to use lutris/wine, some say to use proton with steam and add the cracked games to steam though that carries a significant risk of a ban. So to all Linux pirates, how do you do this?

Operation Spider’s Web: Germany estimates that Ukraine damaged 10% of Russian strategic aircraft


Ukraine’s drone attack on Russian airfields on 1 June probably damaged about 10% of Russia's strategic bomber fleet, German Major General Christian Freuding has said.

Source: Freuding in a podcast, as reported by European Pravda, citing Reuters

Quote: "According to our assessment, more than a dozen aircraft were damaged, TU-95 and TU-22 strategic bombers as well as A-50 surveillance planes."

Details: According to the general, who coordinates Berlin's military assistance to Kyiv and works closely with the Ukrainian Defence Ministry, the A-50s, which have a similar function to NATO's AWACS aircraft in providing air surveillance, were probably not in working order.

"We believe that they can no longer be used for spare parts. This is a loss, as only a handful of these aircraft exist," he said.

"As for the long-range bomber fleet, 10% of it has been damaged in the attack according to our assessment," Freuding added.

The United States estimates that the daring Ukrainian drone attack hit up to 20 Russian warplanes, destroying about 10 of them, two US officials told Reuters. Experts say it will take Moscow years to replace the affected aircraft.

Despite the losses, Freuding sees no immediate reduction in Russian strikes on Ukraine, noting that Moscow still retains 90% of its strategic bombers, which can launch ballistic and cruise missiles in addition to dropping bombs.

"But there is, of course, an indirect effect as the remaining planes will need to fly more sorties, meaning they will be worn out faster, and, most importantly, there is a huge psychological impact," he said.

Freuding said that Russia felt secure in its vast territory, which also explains why the aircraft were not well protected.

"After this successful operation, this no longer holds true. Russia will need to ramp up the security measures," the general said.

Self-hosting your own media considered harmful - I just received my second community guidelines violation for my video demonstrating the use of LibreELEC on a Raspberry Pi 5, for 4K video playback


YouTube pulled a popular tutorial video from tech creator Jeff Geerling this week, claiming his guide to installing LibreELEC on a Raspberry Pi 5 violated policies against "harmful content." The video, which showed viewers how to set up their own home media servers, had been live for over a year and racked up more than 500,000 views. YouTube's automated systems flagged the content for allegedly teaching people "how to get unauthorized or free access to audio or audiovisual content."

Geerling says his tutorial covered only legal self-hosting of media people already own -- no piracy tools or copyright workarounds. He said he goes out of his way to avoid mentioning popular piracy software in his videos. It's the second time YouTube has pulled a self-hosting content video from Geerling. Last October, YouTube removed his Jellyfin tutorial, though that decision was quickly reversed after appeal. This time, his appeal was denied.

Job was down a grown in two track, we drive a big box truck. Driveway was so steep we had to unload everything into customers pickup and drive it up. Was told "you just need to help carry some things upstairs for him" yet nobody thought to mention the kind of stairs. Took 4 hours there and 4 back, all me. But I got to chill on the beach and play with his dogs so it all evens out 🤷🏼‍♂️

20 Arab, Islamic states denounce Israeli aggression on Iran english.almayadeen.net/news/po…

Source: libsoftiktok

NEW: Sen Tommy Tuberville (R) introduced a bill titled the "Protection of Women in Sports at Military Academies Act."

This act prevents men from invading women's sports and activities at military service academies.

"Allowing men to compete against women in sports at any level is wrong—and it’s especially wrong to use taxpayer dollars to pay for it at our service academies.” -@SenTuberville

Original tweet : xcancel.com/libsoftiktok/statu…

Belarus' Horizont increases export sales by over 11.5% in Q1 2025 eng.belta.by/economics/view/be…

US market is no longer top priority for Chinese companies building foreign factories. Countries like Brazil, Serbia, Hungary, and Saudi Arabia have become top choices for Chinese companies looking to explore other markets.

scmp.com/economy/china-economy…

#china #economy #geopolitics

#Huawei has officially #launched the #XMAGE #Awards 2025, one of the #world’s largest and most influential #mobile #photography #competitions, during the unveiling of its new #flagship #smartphone series, the HUAWEI Pura 80. The #competition continues to serve as a #global #platform for mobile photography enthusiasts and professionals to #showcase visual #storytelling through cutting-edge Huawei #imaging #technology. cnbusinessforum.com/huawei-lau…

thepostmillennial.com/trump-ad…

WATCH: Far-Left NYC Mayoral Candidate Gets Busted By ICE in Chaotic Scene at Manhattan Court After Repeatedly Obstructing Lawful Immigration Enforcement

thegatewaypundit.com/2025/06/w…

Dice el imperialismo que #Irán es una «amenaza», observen las bases militares yanquis que lo rodean

– Insurgente. Tu diario de contrainformación
insurgente.org/dice-el-imperia…

Craig Mokhiber: “Iran Has a Right to Defend Itself From Israel’s Relentless Aggression” libya360.wordpress.com/2025/06…

this source is obviously a bit biased, so take it with a couple grains of salt. but Dimona has been getting hit since the war broke out, so...?

en.ypagency.net/359893
#iran #israel #iranisraelwar

President Trump Orders Immediate Evacuation of Tehran’s 17 Million Residents #Palestine qudsnen.co/president-trump-ord…

#Iran
#US #RegimeChange @palestine

"...recent developments suggest that the U.S. is just one step away from launching its largest ever regime-change war in the Middle East"
The article quotes Trump's Truth Social posts. Talks like a five year old on sugar. JD Vance trying to do some damage limitation: "JD Vance said that he wants to address “a lot of crazy stuff on social media” about Trump’s approach to Iran"

southfront.press/regime-change…

maybe cat's got his tongue?
or maybe diplomacy isn't a beheader's strong suit?

middleeasteye.net/news/syria-g…
#iran #syria #israel #iranisraelwar

This entry was edited (2 months ago)
in reply to yianiris

vice did a documentary that is still available on youtube about israeli medics helping wounded isis soldiers.
the evidence has been so overwhelming for so long only a partisan would deny it.
the west has funded terrorists, they thrive in shadows of the chaos they sow.
from the contras to isis. iA the people all over the world rise up together against their common enemies.
This entry was edited (2 months ago)

New report: massive sand export from Western Sahara to the Canaries #WesternSahara wsrw.org/en/news/new-report-ma…

#Iran
#Mossad #Hit
@palestine

Despite the media blackout imposed in Israel, videos do come out.
"Iran has responded to yesterday’s Israeli attack on Iranian TV news studios by hitting both...Mossad’s HQ and the Israeli military’s notorious ‘Unit 8200’ spy unit HQ in daytime strikes"
"...not the first time that Unit 8200 has been hit. Last September, a Lebanese militia rocket killed at least twenty-two of its operatives and wounded more than seventy"

skwawkbox.org/2025/06/17/video…

Pavel #Durov:

🎙 A week ago, Tucker Carlson published an interview with me about what happened in France. It was covered by media in many countries — except, interestingly, in France. 🤐


youtube.com/watch?v=bxFQvOyTol…

«Il y a une semaine, Tucker #Carlson a publié une interview de moi sur ce qui s'est passé en #France. Elle a été relayée par les médias de nombreux pays, sauf, curieusement, en France🤐.
Les #médias français ne se désintéressent pas de #Telegram. La semaine dernière, #LeMonde, le principal journal du pays, a invité ses lecteurs à signaler s'ils regardent des matchs de football piratés sur Telegram. Cette tentative de collecte participative d'informations négatives à notre sujet s'inscrit dans une stratégie plus large.
Durant les sept semaines après mon arrestation à Paris, Le Monde a publié 40 articles négatifs sur Telegram. En violation de la déontologie journalistique, ils ne nous ont pas sollicités pour commenter 37 de ces 40 articles et ont toujours ignoré les corrections factuelles que nous leur avons adressées. 🤦‍♂️
Un tel environnement médiatique est alarmant. C'est pourquoi des plateformes comme Telegram sont si importantes : nous permettons aux gens d'accéder à tous les points de vue et de décider par eux-mêmes. Nous sommes convaincus que les gens sont intelligents et qu'on peut leur faire confiance pour connaître la vérité sans filtre. ✊»


xcancel.com/MoniquePlaza3/stat…

Foreign Minister Gil: Venezuela Has Resisted and Overcome Sanctions Through Own Efforts orinocotribune.com/foreign-min…

dailywire.com/news/usaid-paid-…

Sincerity Wins The War


#society #politics

You want an actual conspiracy theory? How about a real one: that the media works together with the rich and powerful to directly craft “the truth,” even if it runs contrary to reality. The Business Idiots that rule our economy — work-shy executives and investors with no real connection to any kind of actual production — are the true architects of what’s “real” in our world, and their demands are simple: “make the news read like we want it to.”


wheresyoured.at/sic/?ref=ed-zi…

#Trump #Moron
#Iran #NuclearProgram
@palestine

"Trump claims Iran was "very close" to building a nuclear weapon, dismissing Tulsi Gabbard and US intelligence reports that Tehran halted its program in 2003"

Trump dismisses his own intelligence. Not a good look. I'm impressed with Trump. He's damaging the US "like we've never seen before", to use his favourite expression

english.almayadeen.net/news/po…

Bombing a nuclear facility is under international law a war crime. There is no need to bomb this facilities. It will put the population in real danger of a nuclear explosion killing how many people? #iran

BREAKING: Trump is seriously considering a U.S. strike on Iran’s nuclear facilities ahead of a high-stakes Situation Room meeting at 1PM today, three U.S. officials told Axios. mstdn.social/@noelreports/1146…