[Associations] Présenter l’April, épisode 1 : les grands combats


Depuis 1996, l’April défend et promeut les logiciels libres. Acteur incontournable en France, elle a participé à de nombreux combats. Elle a aussi su évoluer pour répondre aux enjeux actuels. Dans ce premier épisode, nous abordons la naissance et les gra

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Sommaire

L’histoire de l’April, épisode 1


Bienvenue à toutes et à tous pour ce nouvel épisode de Projets Libres !.
Aujourd’hui, nous allons commencer une série de plusieurs épisodes pour raconter et parler des actions d’une association dont vous avez certainement entendu parler, cette association c’est l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Si vous avez côtoyé le Libre d’une manière ou d’une autre, il est fort probable que vous ayez déjà entendu parler de cet acronyme. On va donc en savoir un peu plus avec nos deux invités du jour, dans ce premier épisode, sur les grands combats de l’April, assez rapidement sur son histoire. On reviendra un peu plus en détail sur certains épisodes et sur ce qu’est l’April maintenant dans les épisodes futurs.
Pour ce premier épisode, je suis vraiment très heureux d’avoir avec moi Jeanne Tadeusz. La deuxième personne c’est Frédéric Couchet.
Jeanne et Frédéric, bienvenue sur le podcast Projets Libres !, ravi de vous avoir avec moi aujourd’hui.

Frédéric Couchet : Merci Walid pour l’invitation.

Jeanne Tadeusz : Merci Walid, ravie d’être là, avec vous, et d’échanger sur le Libre. Retour un peu aux sources pour ma part.

Présentation de Jeanne


Walid Nouh : Justement, retour aux sources pour ta part, je vais commencer par toi, Jeanne. Est-ce que, dans un premier temps, tu pourrais nous expliquer qui tu es et ton parcours, s’il te plaît ?

Jeanne Tadeusz : Jeanne Tadeusz. Je suis ici parce que j’ai travaillé à l’April entre 2010 et 2016 en tant que responsable des affaires publiques.
Pour résumer mon parcours, j’ai été diplômée en 2009 en droit et science politique.Je suis partie travailler aux États-Unis, à San Francisco, à ce moment-là sur la question des droits de l’homme. Être en Californie m’a aidée, finalement, à prendre conscience de l’importance de toutes les questions on va dire numériques, même si ce mot a évidemment des limites, de tout ce qui était libertés fondamentales. À mon retour en France, j’ai appris que l’April recrutait et c’était finalement un moyen de continuer mon travail, mon engagement sur les questions droits de l’homme et libertés fondamentales sur une problématique qui, à l’époque, était encore assez nouvelle et assez peu vue, en tout cas par les milieux militants dans lesquels j’étais.

Walid Nouh : Tu as découvert l’April pendant que tu étais aux États-Unis ou en rentrant en France ?

Jeanne Tadeusz : En rentrant en France. Pour être exacte, j’ai découvert le logiciel libre aux États-Unis. J’ai commencé à comprendre tous les enjeux qu’il y avait autour du logiciel libre mais aussi de la neutralité d’Internet, etc., aux États-Unis et, en rentrant en France, finalement un peu par un concours de circonstances : l’April recrutait, ça correspondait à mes envies, à mon engagement personnel et c’est comme cela que j’ai rencontré l’April et qu’on a fait un bout de chemin ensemble.

Walid Nouh : Avant que je donne la parole à Fred, est-ce que tu peux, s’il te plaît, expliquer, pour les personnes qui sauraient pas, ce que sont les affaires publiques ?

Jeanne Tadeusz : Les affaires publiques, c’est tout ce qui est le lien entre la personne pour laquelle on travaille et les élus au sens général, donc à la fois le gouvernement, ça peut être aussi les collectivités locales, ça peut être le Parlement. Être responsable des affaires publiques c’est finalement aller porter la bonne parole, en l’occurrence celle de l’April, auprès de ces personnes, pour leur expliquer quels sont les enjeux, pour l’April, des différentes lois qu’elles sont en train de voter ou des textes qu’elles sont en train d’envisager de prendre, au contraire celles qu’elles ne prennent pas. Être un décideur aujourd’hui, c’est travailler sur énormément de sujets, on ne peut pas tout connaître. Être responsable des affaires publiques c’est faire un peu ce pont entre des problématiques qui nous intéressent, sur lesquelles on s’engage personnellement, en l’occurrence le logiciel libre, et ces décideurs.

Walid Nouh : Question subsidiaire : est-ce que, pour toi, c’était une suite logique ou est-ce que c’était un gros défi par rapport à ce que tu avais fait avant ?

Jeanne Tadeusz : C’était un gros défi. Jusque-là j’avais travaillé dans des institutions, d’ailleurs je suis retournée dans une institution ensuite, avec beaucoup plus de personnes, plus organisées, plus structurées. À l’April, c’était autre chose parce que association, petite structure, étant la seule anglophone par ailleurs ça a été tout de suite de beaux défis à l’époque. À l’époque, Fred.

Présentation de Frédéric


Walid Nouh : Fred je vais t’appeler Fred pour le reste de l’interview parce qu’on t’appelle tout le temps Fred.
Fred, avant tu te présentes, je voudrais que tu expliques pourquoi tu as hésité à faire cette entrevue. Il faut dire à notre audience que tu as hésité, qu’on en a assez longuement parlé, est-ce que tu pourrais revenir là-dessus, s’il te plaît, pour expliquer un peu ta position ?

Frédéric Couchet : Je vais te répondre déjà en me présentant très rapidement, en disant que je suis l’un des cofondateurs de l’April en 1996, on va revenir tout à l’heure sur l’historique, et je suis actuellement son délégué général depuis 2005, donc, si vous calculez bien, ça fait 29~ans et 20~ans. J’étais le porte-parole principal et, il y a quelques années, j’ai pris la décision de ne plus intervenir personnellement lors de manifestations publiques ou d’interviews au profit d’autres personnes, pour permettre à d’autres personnes d’intervenir. Même si sur l’aspect affaires publiques Jeanne et Étienne, qui aujourd’hui a pris sa succession, intervenaient, sur plein de conférences, plein d’interviews, c’était moi qui m’y collais. Et cela pour permettre tout simplement à d’autres personnes de pouvoir intervenir, monter en compétences et augmenter la diversité des personnes intervenantes pour l’April. C’est le premier point.
Le deuxième point c’est que, comme tu fais plusieurs épisodes, que celui-ci est consacré un peu à l’historique, on a une divergence de point de vue là-dessus, Walid. Je pense que l’historique intéresse surtout quelques personnes friandes d’anecdotes et que ce qui motive les gens à rejoindre une structure ou ce qui va les mobiliser, c’est plutôt ce qui se passe aujourd’hui et l’April d’aujourd’hui n’est pas l’April d’il y a 20~ans ou 25~ans. Ceci dit, il y aura d’autres épisodes dans lesquels l’April d’aujourd’hui va intervenir, ma collègue Isabella, la présidente Bookynette, Étienne, voilà pourquoi j’ai hésité. En plus, mon rôle devient de plus en plus secondaire dans cette évolution et c’est très bien ainsi. Voilà pourquoi j’ai hésité, mais, finalement, j’ai quand même accepté parce que je suis évidemment celui qui connaît le mieux l’historique de l’April.

Walid Nouh : Je vais te demander de te présenter et de nous dire aussi en quoi ça consiste d’être délégué général de l’April ?

Frédéric Couchet : J’ai fait des études d’informatique à Paris 8, donc à Saint-Denis. C’est là que j’ai découvert le logiciel libre, dans les années 90, donc il y a longtemps. Là-bas, dans le centre d’informatique, le principe c’était « vous êtes là pour apprendre, donc vous avez accès au code source de nombreux logiciels qui sont utilisés, vous avez accès à Internet sur lequel vous pouvez récupérer des logiciels libres », c’est là que j’ai découvert cette notion de logiciel libre, on pouvait télécharger des logiciels. J’ai donc fait mes études, finalement, avec beaucoup de logiciels libres. Je n’avais pas un passé d’informaticien, je ne suis pas un geek comme beaucoup de gens à 15/16~ans ou même plus tôt. J’ai trouvé génial, en tant qu’informaticien, de pouvoir accéder au code source, de voir comment ça fonctionne, de corriger. Et puis une rencontre fondamentale, aussi à Paris 8, avec un enseignant, Marc Detienne, qui passait souvent des nuits avec nous. Il faut savoir qu’à l’époque il y avait relativement peu de machines disponibles et je n’avais pas d’ordinateur à la maison, donc, avec quelques potes, nous passions nos nuits au bocal, au centre informatique de Paris 8 pour travailler sur nos projets, etc. Il y avait notamment un prof qui passait souvent et qui a commencé à nous expliquer ce qu’était le logiciel libre, le fonctionnement, etc. C’est comme ça que j’ai appris l’informatique. On y reviendra peut-être tout à l’heure sur l’historique de l’April et j’expliquerai pourquoi, à la sortie de la fac, nous avons créé cette association.
Pour répondre succinctement à ta question, c’est quoi un délégué général ? En fait, ça veut dire simplement que dans mon contrat de travail j’ai une délégation du conseil d’administration pour mener de nombreuses actions, donc, dans l’absolu, j’organise l’association au quotidien. Après, sur les actions, j’interviens sur les deux axes dont on va parler tout à l’heure : l’axe institutionnel dont a parlé Jeanne, les affaires publiques, le plaidoyer, la défense de la cause ; j’interviens aussi sur les actions de promotion dont on parlera un petit peu, mais dont on parlera sans doute beaucoup plus dans les prochains épisodes ; il m’arrive aussi, encore beaucoup, de faire de la technique, d’administration système parce que nous n’avons pas d’admin-sys payé dans l’équipe de l’April, dans l’équipe salariée, et, comme je reste quand même informaticien, j’interviens de temps en temps sur cette partie.

La création de l’April


Walid Nouh : D’accord. Merci.
Très logiquement, j’aimerais bien qu’on parle de la création de l’April. À quel besoin répond-elle ? Pourquoi l’avez-vous créée ?

Frédéric Couchet : Nous l’avons créée en 1996. Nous étions cinq étudiants à l’époque, je dis bien étudiants, cinq hommes. Nous avions passé quelques années à faire nos études ensemble, basées sur du logiciel libre, à passer des nuits ensemble, donc, à la fin de nos études, on se posait tous des questions sur ce qu’on allait faire. Nous n’avions pas la fibre entrepreneur/économique, parce qu’on aurait pu créer une entreprise autour du logiciel libre, à l’époque il y en avait très peu qui existaient, contrairement à aujourd’hui, nous n’avions pas du tout cette fibre-là. Par contre, nous avions plutôt la fibre faire connaître, fibre associative. À l’époque, il n’y avait pas réellement d’organisations qui faisaient la promotion du logiciel libre en France, aux États-Unis il y avait la Fondation pour logiciel libre qui existe depuis 85, on s’est donc dit « on va créer une association qui aura pour but de faire connaître le logiciel libre. »
Pour être tout à fait clair, on l’a créée sans feuille de route, sans savoir exactement ce qu’on allait faire précisément, on l’a la créée à cinq, mais l’idée c’était : on a appris l’informatique à base de logiciels libres, on trouve ça génial, on veut le faire connaître à la fois aux personnes qui font de l’informatique mais aussi au grand public. C’est donc pour cela qu’on l’a créé en 1996, nous étions cinq étudiants ou ex-étudiants de Paris 8, mais avec une vision quand même un peu particulière : même si nous étions informaticiens, nous avions quand même pris conscience que ce n’était pas qu’un enjeu technique ou économique, c’était un enjeu de société. Nous en avions pris conscience à la fois par nos échanges avec l’enseignant dont j’ai parlé tout à l’heure, Marc Detienne, et aussi par nos lectures du site de la Fondation pour le logiciel libre et du projet GNU, un projet fondateur du logiciel libre. Nous avions donc pris conscience que c’était quelque chose qui allait au-delà de la pure partie technique. Quand on parlera tout à l’heure des actions de Jeanne, notamment de son arrivée, le côté libertés fondamentales qu’elle avait mis, par exemple, dans sa lettre de motivation nous a parlé tout de suite.
Voilà pourquoi on a créé l’April. Après il y a eu des évolutions sur lesquelles on peut revenir.

Walid Nouh : Au départ, il n’y avait pas forcément de message politique derrière, mais il y avait déjà un message à faire passer au plus grand nombre et promouvoir un modèle de société.

Les grandes évolutions de l’APRIL


Walid Nouh : Là, tu parles du fait qu’au tout départ vous étiez bénévoles. Dans l’évolution de l’April, c’est ma question suivante, ses grandes évolutions, il y a donc eu un moment où vous êtes passé de bénévoles à certains qui sont devenus salariés. Est-ce que tu peux expliquer ces quelques évolutions très importantes de l’April ? On pourra en détailler certaines par la suite ou elles seront détaillées dans d’autres épisodes.

Frédéric Couchet : Oui tout à fait, rapidement.
Fin 1996 on crée l’association, nous sommes cinq et, comme je l’ai dit, c’est vraiment un axe promotion, on veut faire connaître et on va mener des actions.
D’abord on crée un site internet et la première chose qu’on commence à faire, tout simplement, comme on veut faire connaître le logiciel libre, on se dit qu’on va mettre en ligne des textes explicatifs sur le logiciel libre et, plutôt que de les écrire nous-mêmes, on va traduire en français les textes explicatifs du projet GNU et de la Fondation pour logiciel libre. C’est le premier groupe de travail que nous avons créé : mettre à disposition de la documentation, des explications en français.
Après, début 1998, nous avons fait un premier événement à Paris 8, une journée de présentation autour du logiciel libre, qui était ouverte au public extérieur, mais, globalement, il y avait quand même principalement des gens de la fac et quelques personnes qu’on connaissait.
Nous menions des actions, comme cela, nous avons fait quelques trucs. On commençait quand même à acquérir une petite notoriété et, en 1999, quelqu’un est venu nous voir et nous a dit : « C’est bien ce que vous faites, mais est-ce que vous savez ce qui se passe au niveau européen actuellement ? ». Nous ne suivions pas ça ! Au niveau européen, il y avait un projet de directive européenne sur la brevetabilité des logiciels, c’est-à-dire l’idée de protéger des idées et pas simplement la mise en pratique, la mise en œuvre informatique de ces idées-là. Il nous a dit que ça pourrait poser tel et tel problème pour le logiciel libre, il va falloir se mobiliser au niveau européen. On a demandé ce qu’on pouvait faire pour aider.
C’est comme cela qu’à partir de 1999 nous avons commencé à participer à une coalition visant à expliquer les dangers ce projet de directive européenne.
Après, au niveau français aussi des choses se sont produites, notamment dans les années 2000, la transposition de la directive sur le droit d’auteur qui visait à sacraliser ce qu’on appelle les DRM, c’est-à-dire les menottes numériques qui, par exemple, organisent un dispositif de contrôle d’usage sur vos outils informatiques, que ce soit les DVD, la musique, etc. Donc là, pareil, nous nous sommes mobilisés toujours en mode bénévole.
Bien sûr, on mettait tout de suite en ligne des informations pour permettre à toute personne externe à l’association de contribuer.
Par chance, j’avais des employeurs, notamment un chef de projet qui était assez sympa, qui me laissait donc pas mal de liberté sur l’organisation de mon temps. Il faut savoir que, pour la partie institutionnelle, il faut aller voir des parlementaires et c’est en journée, ce n’est pas forcément le soir, que l’étude des projets de lois ça prend du temps, etc.
Jusqu’à 2004/2005 nous avons fait cette montée en puissance, en parallèle des actions de promotion, parce quand on faisait aussi des actions de promotion, nous participions à des événements, etc., par exemple les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, des événements professionnels ou des événements grand public comme la Fête de l’Huma et, à côté, il y avait la partie institutionnelle.
À un moment, courant 2004, on s’est dit « ça devient très compliqué de tout faire en mode bénévole côté institutionnel, en plus nous ne sommes pas des « professionnels », entre guillemets, du plaidoyer », donc on s’est dit qu’il fallait réfléchir à ce qu’on pouvait faire : est-ce qu’on se contente, finalement, des actions de promotion et on oublie le côté institutionnel ou est-ce qu’on essaye de faire les deux. On s’est dit qu’il fallait se défendre donc qu’on allait essayer de faire les deux.
On a commencé à réfléchir à un mode de financement et on a dit « si on arrive à convaincre des gens de nous soutenir, peut-être qu’on pourra embaucher des personnes. » C’est donc à partir de 2004 qu’on a commencé à expliquer à des gens « devenez membre de l’April, notre modèle de financement ce sont exclusivement les cotisations et, si on le peut, on pourra embaucher. » Dans les embauches, on avait notamment l’objectif d’avoir une personne à temps plein sur les aspects institutionnels, donc la personne chargée des affaires publiques. Dans les réflexions internes, au niveau du conseil d’administration, s’est posée la question de la première personne à embaucher. Il se trouve qu’à l’époque je venais de quitter Alcôve qui était l’une des principales entreprises du logiciel libre, que j’étais entre deux choses, entre deux activités, il s’est trouvé qu’après un certain nombre de discussions, d’échanges, on s’est dit « pourquoi ne serais-tu pas le premier salarié de l’April au poste de délégué général, pour t’occuper de la partie promotion et de la partie institutionnelle, avec l’objectif de pouvoir embaucher rapidement une deuxième personne ? »
D’un point de vue dates, j’ai commencé en mars 2005 et en gros, en octobre 2006, on a eu la première personne chargée de mission affaires publiques et, en octobre 2006, on a eu aussi une deuxième personne qui aidait sur les aspects promotion. Voilà quelques dates.

Walid Nouh : Donc Jeanne, quand tu arrives, finalement il y a tout à faire.

Jeanne Tadeusz : C’était déjà commencé puisque quelqu’un est arrivé en 2006, il y a eu deux personnes avant moi sur ce poste. J’ai pris la suite de quelqu’un d’autre, donc tout n’était pas à faire et heureusement d’ailleurs, il y avait quand même déjà des bases solides et, en plus, Fred était très présent, connaissait bien, avait aussi travaillé avec la personne qui s’en occupait avant, ne serait-ce que pour tout l’aspect contact, parce que, évidemment, ce sont des postes avec énormément de relationnel, un nombre d’échanges presque personnels, quelque part. Il faut vraiment connaître les gens, connaître leurs habitudes, savoir à qui s’adresser, etc. Je suis donc arrivée sur quelque chose d’existant, mais à un moment où l’association était sur le point d’évoluer, parce qu’il y avait un aspect très militant, qui l’est d’ailleurs toujours, très tonique, dans une espèce de bataille. Quand j’y étais, il y a aussi eu une volonté, au fur et à mesure, de revenir peut-être plus sur l’aspect promotion et pas que défense du logiciel libre, peut-être parce que le contexte était différent à ce moment-là, ce qui n’empêche pas qu’on ait eu également des actions importantes de défense, évidemment. On est vraiment reparti sur ces deux jambes à la fois pour avancer.

Frédéric Couchet : Je peux peut-être préciser. Ce que dit Jeanne est très intéressant. C’est vrai que la période avant Jeanne, le premier poste affaires publiques c’était 2006, il y a eu, on peut les citer parce qu’ils ont été très importants, Christophe Espern quelque temps et ensuite Alix Cazenave. C’était une période où le Libre était attaqué, pas forcément directement, mais par les brevets logiciels, par les menottes numériques, les DRM [Digital Rights Management], par Microsoft qui parlait de cancer, etc., donc c’est vrai que c’était plutôt des actions en défense sur des sujets très larges, par exemple la directive droit d’auteur ne concernait pas que les DRM, elle concernait plein de choses, et les acteurs qui étaient en face étaient par exemple la Sacem [Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique] pour la musique, la SACD [Société des auteurs et compositeurs dramatiques] pour les auteurs, etc. Ce sont des gens avec des moyens considérables, là on peut effectivement vraiment parler de combat, en rappelant qu’à l’époque nous étions deux salariés à l’April, des bénévoles nous aidaient, mais c’était vraiment en termes de combat, on essayait de se défendre pour ne pas perdre des choses qu’on avait.
Quand Jeanne est arrivée, pour les brevets logiciels on avait déjà gagné parce qu’il y a eu le rejet de la directive en 2005, la loi sur le droit d’auteur en France a été votée, de mémoire, en avril/mai 2006, quelque chose comme ça, donc elle est arrivée à une période qui était moins de combat et, justement, ça nous permettait aussi de nous remettre sur l’aspect promotion dont on pourra parler tout à l’heure, notamment l’aspect pouvoirs publics, politiques publiques en faveur du logiciel libre, souveraineté numérique, etc. Elle est arrivée à une période où c’était moins combat et aussi avec un style différent, c’est-à-dire que dans la gestion des affaires publiques le style de la personne joue.
Comme elle le dit aussi, juste pour finir, les contacts sont importants dans les affaires publiques, c’est-à-dire que beaucoup de choses se jouent au niveau du relationnel, on aura peut-être l’occasion d’en parler tout à l’heure. Les gens ont sans doute une image très négative des responsables politiques, on a rencontré, je ne sais pas quelle expression je pourrais employer, des gens qui pensent plus à leur carrière et à leur intérêt personnel, mais on a aussi rencontré des responsables politiques qui ont le sens de l’intérêt général et c’est une chose qui était vraiment super dans nos actions de plaidoyer.

Walid Nouh : Donc Jeanne, quand tu arrives, l’April est déjà connue des décideurs politiques. Il y a déjà eu des batailles, c’est déjà un acteur qui est identifié.

Jeanne Tadeusz : C’est déjà un acteur qui est identifié par certains, pas par tous. Après, et c’est encore le cas aujourd’hui, par nature il y a énormément de renouvellement du personnel politique, donc il y a toujours un travail à faire.
Je rejoins tout à fait ce que disait Fred, je suis arrivée à une période où on n’était plus dans le logiciel libre cancer pour l’informatique tel que ça pouvait l’être plutôt au début des années 2000 ; l’existence du logiciel libre était un peu plus acquise, on va dire de manière très globale, dans le système politique, des noms comme Firefox ou autres commençaient à être connus du grand public, il y avait au moins cet aspect. Sur plein de choses, le Libre était effectivement mis en danger, mais disons que les attaques n’étaient plus aussi frontales, on n’était plus autant dans un combat d’existence, finalement on essayait plus de nous étouffer plus que dire qu’on était mauvais fondamentalement.

Le pacte du logiciel libre et candidats.fr


Walid Nouh : Donc l’idée de remettre un peu plus l’attention sur la partie promotion se traduit comment à cette époque-là ? Quelles sont les actions que vous faites pour faire de la promotion ?

Jeanne Tadeusz : Il y en a eu plusieurs. Une qui a beaucoup fonctionné, qui avait été un peu lancée avant mon arrivée, que j’ai pu continuer, qui a d’ailleurs plutôt bien marché, qu’on a appelée Candidats.fr. Le but c’était, avec les bénévoles de l’association, de contacter un maximum de candidats à toutes les élections, simplement, déjà, pour leur parler du logiciel libre, leur dire que ça existe. Finalement c’est une première pierre, c’est la manière de lancer un premier contact. C’est particulièrement intéressant de travailler avec les bénévoles parce que, notamment en région, ça permet, pour les élections régionales mais aussi les élections à l’Assemblée nationale par exemple, que ce soit des électeurs de la circonscription qui leur parlent, ça a évidemment plus de poids. Simplement déjà leur parler du logiciel libre et aussi leur demander – tous ne le faisaient pas mais beaucoup l’ont fait quand même – de s’engager en faveur du logiciel libre en signant ce qu’on appelait une charte où ils s’engageaient déjà à ne pas nuire au logiciel libre et idéalement, peut-être, également de le soutenir.

youtube.com/watch?v=AsJEGlz_Un…

Walid Nouh : Je me souviens très bien de Candidats.fr. C’est une idée originale que vous avez eue à travers vos réflexions ? Comment en êtes-vous arrivés à Candidats.fr ?

Frédéric Couchet : Je peux répondre parce que j’y étais.
Initialement, justement, on s’était dit « on a rencontré plein de politiques à un moment de combat, c’est-à-dire à un moment où ces personnes-là sont élues, ce qui serait bien c’est soit de les rencontrer, en tout cas de les sensibiliser avant même les élections », donc Candidats.fr a pris deux formes. Nous nous sommes tout simplement inspirés de ce qu’avait proposé à l’époque, je crois, Nicolas Hulot qui proposait un Pacte écologique ou un truc comme ça. Nous appelions ça le Pacte du logiciel libre, un document d’une page, très simple, comme le dit Jeanne, où les candidats et candidates s’engageaient déjà à ne pas nuire au logiciel libre et même, éventuellement, à le favoriser. Cela reposait beaucoup sur la mobilisation en local des bénévoles pour contacter les candidates et les candidats.
La première édition, c’est pour la présidentielle de 2007. Pour la présidentielle, on s’est dit qu’on n’allait pas faire un a un pacte tout simple. On s’est dit que dans les équipes de candidats et de candidates il y avait des gens capables de répondre à un questionnaire plus détaillé et surtout, on voulait des engagements ou des réponses sur tous les sujets qui nous intéressent.
Avec le chargé de mission affaires publiques à l’époque – 2007, ça devait être Christophe – et des bénévoles, on a donc élaboré un questionnaire assez long qu’on a envoyé à l’ensemble des équipes des candidats. De mémoire, en 2007, il y avait 12 personnes candidates et je crois que les 8 premières ont répondu, y compris le président élu ensuite, Nicolas Sarkozy, et sa réponse au questionnaire était la pire de toutes, soyons clairs, il n’y avait aucune surprise sur ce qu’il allait mettre en œuvre par rapport au logiciel libre ou à Internet. En tout cas, les personnes des équipes des candidats avaient pris le temps de répondre vraiment en détail au questionnaire.
On a renouvelé ça, évidemment, pour la présidentielle suivante, puis Pacte pour le logiciel libre pour l’ensemble des élections locales.
L’inspiration du questionnaire, c’était en fait qu’il y avait d’autres personnes, d’autres structures qui faisaient des questionnaires. L’idée c’était vraiment de sensibiliser avant, d’avoir leur position avant. Et nous ne faisions aucun commentaire sur les réponses, c’est-à-dire qu’on publiait les réponses et ensuite les gens, en fonction des réponses, allaient pouvoir se positionner sur leur choix, sachant évidemment que les réponses au questionnaire Candidats.fr n’était qu’un des éléments de vote pour une personne.
Ça se poursuit encore aujourd’hui. On ne fait plus de questionnaire parce qu’on se rend compte que les équipes de candidats et candidates ne répondent plus à ce genre de questionnaire, par contre, on poursuit le Pacte du logiciel libre pour les élections locales, même si ça marche moins que dans les années 2007, 2012, 2017, etc.

Walid Nouh : Je suppose que pour vous ça aussi l’avantage de savoir en avance à quoi vous attendre quand un candidat arrive. Quand Sarkozy est élu, vous savez exactement à quoi vous attendre et, en gros, quelles actions, ce qui peut se passer.

Frédéric Couchet : Oui tout à fait.

Jeanne Tadeusz : Oui, absolument, et c’est un avantage notamment au niveau local. À l’April, nous n’étions que quelques salariés, il y avait des bénévoles impliqués sur le terrain, mais avoir des élus ou des futurs élus qui prennent la peine d’échanger avec nous, de répondre, ça permet aussi identifier des relais potentiels, des gens avec qui on peut, peut-être, échanger en amont. Aussi se faire connaître, parce que, parfois, nous n’étions pas forcément bien identifiés par de nouveaux arrivants dans le champ politique et pouvoir créer du lien avec des gens qu’on n’aurait pas forcément créé autrement.

Frédéric Couchet : Il faut préciser aussi, pour que les gens comprennent bien, qu’au niveau de l’Assemblée nationale et du Sénat beaucoup de choses se jouent sur une très faible proportion de personnes pour les projets de lois. Parfois la télé nous montre des hémicycles blindés où les parlementaires votent, mais en fait dans le travail au quotidien, il y a du travail qui se fait en commission, en hémicycle, etc. En commission, il y a quelques personnes qui travaillent sur ces sujets et, dans chaque parti politique, il y a des personnes référentes. Donc, ne serait-ce qu’identifier ces personnes référentes ça prend du temps. L’avantage du questionnaire était qu’on pouvait en identifier certaines avant, avec des engagements, et après nous retournions les voir en leur disant « vous avez été élu, vous avez signé le Pacte du logiciel libre. Il y a, par exemple, tel projet de loi qui arrive, nous avons des amendements pour corriger telle ou telle chose ou, au contraire, pour améliorer telle ou telle chose » et c’est quand même très efficace. Il faut vraiment retenir qu’au Parlement ça se joue à pas grand-chose, parfois une seule personne peut faire basculer un projet de loi si on arrive à la convaincre et surtout à l’identifier.
Donc même si les parlementaires connaissent peut-être le nom de l’April, nous, à l’inverse, parfois on découvre des gens qui sont mobilisés sur des sujets. Récemment, par exemple, nous avons été contactés par un député qu’on ne connaissait pas, qui nous a découverts via nos initiatives et qui se trouve être un député qui utilise une distribution libre sur son ordinateur. On a discuté de ce qu’il était possible de faire.

Walid Nouh : J’avais deux questions. La première. Vous parler des bénévoles, est-ce que ça représente beaucoup de gens ? Est-ce que ce sont des personnes très diverses ? C’est la première question.
La deuxième question pour Jeanne. Tu passais ton temps justement à essayer de trouver ces gens à qui parler, à avoir des relations avec eux et à faire passer les messages que vous vouliez faire passer. C’est bien ça ?

Jeanne Tadeusz : Je vais peut-être commencer par répondre à la deuxième question, si ça ne t’ennuie pas Fred, si ça ne t’ennuie pas Walid.
Finalement, mon travail c’était effectivement les deux aspects. Beaucoup énormément parler à ces personnes, mais il faut aussi préparer ce qu’on va dire, donc aussi énormément de travail en amont, par exemple quand un projet de loi est déposé, dès l’origine commencer à l’étudier, commencer à voir ce qui pourrait avoir des incidences pour le logiciel libre. Fred parlait, par exemple, de proposer des amendements. Il faut quand même arriver avec un amendement qui est prêt, qui est rédigé, être sûre de ne pas se tromper. Il y avait aussi tout cet aspect de recherche juridique, d’analyse juridique au préalable, qui représentait une grande partie de mon temps.

Converge avec d’autres acteurs


Walid Nouh : Est-ce que tu étais toute seule ou est-ce que c’était plutôt un ensemble de personnes, d’associations ?

Walid Nouh : OK.
Sur ces sujets-là, vous embarquiez d’autres personnes ? Ce n’est que l’April qui répond ou il pouvait vous arriver de faire une espèce de coalition avec d’autres personnes qui défendaient à peu près les mêmes sujets ?

Jeanne Tadeusz : On travaille évidemment toujours en collégialité avec les bénévoles, avec le délégué général, avec le conseil d’administration. Après, j’avais été recrutée parce que j’étais juriste, donc pour cette expertise, finalement, sur l’aspect droit.

Jeanne Tadeusz : Ça peut arriver. On a pu travailler avec d’autres personnes, je pense notamment à La Quadrature du Net, à mon époque on a travaillé régulièrement ensemble, notamment sur ACTA [Anti-Counterfeiting Trade Agreement], le traité commercial anti-contrefaçon. Eux étaient fer de lance, on a beaucoup travaillé avec eux, on les a beaucoup appuyés parce que, finalement, nous étions sur les mêmes combats et sur la même ligne. On a pu travailler avec d’autres structures, par exemple, sur les questions de brevets, on a pu parler avec d’autres associations peut-être plus larges. On a pu travailler avec la Confédération paysanne parce que la question de brevetabilité à tout craint, la brevetabilité du vivant, rejoint la problématique de la brevetabilité du logiciel.
Donc dès qu’on avait cette possibilité d’avoir une convergence en termes de militantisme, bien évidemment on s’en saisissait et, au contraire, c’était très intéressant de pouvoir faire ces liens. Nous aussi, en tant que structure, nous avons appris plein de choses, par exemple en travaillant avec la Conf et j’ose espérer que cela les a peut-être fait réfléchir un petit peu sur la problématique numérique.

Frédéric Couchet : Pour compléter et répondre à ta question sur les bénévoles. Sur les brevets, par exemple, on a aussi beaucoup échangé avec Act Up-Paris à l’époque où Emma Cosse était la présidente. Comme vient de le dire Jeanne, la thématique brevets est beaucoup plus large que simplement la problématique logiciel et souvent, en plus, on a les mêmes acteurs en face de nous, c’est-à-dire qu’on se retrouve souvent avec les mêmes personnes. Quand on a travaillé sur la directive droit d’auteur, nous sommes aussi allés voir des gens qui pouvaient avoir des intérêts convergents, notamment les artistes, les interprètes, par exemple, qui n’étaient pas forcément en faveur des DRM ou autres. On a effectivement beaucoup travaillé en coalition. Pour la directive brevets logiciels, dont j’ai parlé, plein de structures européennes étaient impliquées, on était donc rarement seuls sur les sujets. Sur certains sujets nous étions seuls, c’est normal, mais on travaillait beaucoup en coalition.

Les bénévoles de l’April


Le deuxième point, quand tu posais la question sur le travail de Jeanne, une des difficultés c’est que c’est quand même un travail un peu solitaire, beaucoup de choses reposent sur la personne qui est en charge des affaires publiques parce que ce sont des sujets complexes. Nous sommes une petite structure, on n’a pas forcément des bénévoles qui ont envie d’éplucher les projets lois. De temps en temps on tombe sur des gens qui ont cette capacité-là. Par exemple, sur les brevets, je pourrais citer Gibus, Gérald [Sédrati-Dinet], qui est quelqu’un qui a travaillé de façon bénévole sur les brevets et qui a beaucoup accompagné Jeanne. Il y a aussi Sébastien Dinot, par exemple, je sais que tu l’as interviewé récemment dans Projets libres ! pour parler de gouvernance. Mais ça reste quand même une activité très solitaire et lors de la partie où nous étions principalement en défense, à l’époque plutôt de Christophe et Alix, c’est quelque chose qui est, en plus, très usant. Quand tu dois te taper des projets de lois uniquement en défense, avec en plus, en face de toi, des gens qui vont essayer de te rabaisser, « vous êtes des geeks, vous ne comprenez rien », c’est très dur humainement et en plus, quand il y a des projets de lois qui sont très importants, les journées s’allongent, il faut le dire, parce que c’est jour, nuit, etc.
Sur la partie bénévoles, pour répondre à ta question, en fait quelques bénévoles nous aident sur la partie institutionnelle, je viens de le dire. Après, le mode de fonctionnement de l’April repose beaucoup sur les bénévoles. Quand on a acté le fait qu’on allait essayer d’avoir une équipe salariée, on s’est dit « il faut quand même qu’on reste une association où les bénévoles sont là, peuvent agir avec l’équipe salariée », c’est donc le cas dans tous les groupes de travail de l’April. Par exemple, dans le groupe de travail qui fait les transcriptions, Marie-Odile abat beaucoup de boulot ; par exemple l’administration système, les serveurs de l’April sont gérés par des bénévoles ; on parlera peut-être de l’émission de radio Libre à vous ! ou des services libres sur le site chapril.org, ce sont des bénévoles. Après, ça dépend des projets. Par exemple, sur l’émission Libre à vous !, de mémoire ce sont entre 15 et 20 bénévoles qui interviennent, que ce soit pour des chroniques, pour le traitement du podcast, pour la régie. Nous sommes restés une association, et c’était vraiment fondamental pour nous, qui est un mixte de personnes salariées et de bénévoles qui sont actifs et avec un conseil d’administration qui joue son rôle de conseil d’administration. Pour nous c’était fondamental, d’autant plus quand le premier salarié est l’un des cofondateurs de l’association.

Les autres grandes actions


Walid Nouh : OK. Si je reviens sur ces grands combats, on a parlé des brevets logiciels, on a parlé de la partie DRM, de Candidats.Fr qui n’est pas un combat qui est plutôt de la promotion. Quelles sont les grosses actions que vous aimeriez mettre en avant, expliquer aux auditrices et aux auditeurs, soit qui vous ont marqués personnellement soit qui font partie des choses un peu fondatrices de l’association ?

Jeanne Tadeusz : Je vais plutôt reprendre des choses sur lesquelles j’ai pu travailler à l’époque où j’étais salariée à l’April, qui me semblent particulièrement importantes parce qu’on en entend encore parler aujourd’hui, je pense qu’on peut en voir encore très nettement les ramifications, c’est quelque chose qui continue, c’est toute la question des « Open Bar »/Microsoft dans les ministères et plus largement l’utilisation du logiciel libre dans les administrations. Ça a été, pour le coup, un combat que j’ai eu l’occasion de mener avec l’April, un gros combat ; le logiciel libre, évidemment, même au-delà du logiciel libre une vraie question de souveraineté, une vraie question d’indépendance qui, je pense, est peut-être encore plus d’actualité aujourd’hui qu’à l’époque, mais le fait est qu’avoir, au sein même du ministère de la Défense, un centre de compétences Microsoft, qui a accès à la totalité des ordinateurs du ministère, reste quand même quelque chose qui était extrêmement problématique, qui a fait quand même beaucoup de bruit. Ça a été, pour nous, un vrai travail à la fois d’investigation, de rencontres, d’échanges, on a beaucoup travaillé à obtenir des sources, à croiser des sources, on a fait une quantité assez impressionnante de demandes CADA, on a finalement obtenu des document occultés.
La CADA, c’est la Commission d’accès aux documents administratifs. La logique de la CADA part finalement de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 : tout le monde a le droit demander à l’admiration de rendre des comptes, ça veut donc dire que tous les documents de l’administration, sauf exception, sont communicables. N’importe qui, vous, moi, peut demander accès aux documents de l’administration. Nous avons utilisé cette possibilité, qui existe pour tout le monde, en tant que structure pour demander au ministère de la Défense de publier son appel d’offres, il n’y en avait pas, et aussi son contrat. Évidemment, des mentions peuvent être occultées, ils ont droit de le faire sur les montants financiers, sauf qu’on a retrouvé des pages entières caviardées sans qu’il y ait de justification légale, ce qui a pu mener à un combat assez long pour obtenir toutes ces informations.

Walid Nouh : Je suis retombé sur les vieilles vidéos de l’époque qui m’ont replongé dans tout ça. Comment entendez-vous parler de ce contrat « Open Bar » ?

Jeanne Tadeusz : Par des contacts. Je pense que c’est un peu l’intérêt, justement, de tout ce qui est affaires publiques de manière générale

Frédéric Couchet : Des sources.

Jeanne Tadeusz : On peut dire qu’on a des sources, mais on est impliqué dans le logiciel libre, d’autres gens le sont, on rencontre des gens que ce soit à des événements, à des salons, peu importe, on va échanger et puis on va commencer à entendre parler de quelque chose, on va essayer de creuser un petit peu, on va essayer d’aller voir d’autres personnes qui sont en lien par exemple avec cette administration, pour reprendre l’exemple de la Défense et, en grattant, on commence à avoir quelques bribes. On va faire, par exemple, justement une demande de document administratif, on va voir si tombe sur quelque chose, parfois ça fonctionne, parfois ça ne fonctionne pas, et c’est comme ça. On a aussi des sources qui peuvent éventuellement nous donner un certain nombre d’éléments.

Frédéric Couchet : Au fil des ans, on a aussi développé des relations de confiance avec certaines personnes des administrations qui ont un sens de l’intérêt général hautement développé et qui, pour certaines, nous transféraient des documents en nous disant « regardez, j’ai vu passer ça, ça me paraît scandaleux, est-ce que vous pouvez faire quelque chose ? ». Ce sont vraiment des choses importantes. Quand je disais, tout à l’heure, qu’on a rencontré des responsables politiques qui ont un haut sens de l’intérêt général, dans l’administration aussi, notamment parce qu’il y a des gens, sur certains dossiers, qui ont été outrés par des décisions qui ont été prises au mépris, en fait, de leur propre expertise.
Je prends un exemple. Il y a quelques années, le format Microsoft pour les documents bureautiques a été soumis à la normalisation au niveau international avec l’idée que ça devienne une norme. En France l’Afnor, l’Association francophone de normalisation, un organisme public, a travaillé de façon ouverte pendant un~an~et~demi ou deux~ans, on participait, il y avait des personnes expertes de l’administration et au bout de ces mois de travail, ce groupe de travail d’expertise a dit : « Non, le format ne peut pas être normalisé, il y a des manques, donc l’Afnor doit voter contre », c’était la dernière réunion. Et deux ou trois jours plus tard, je ne sais plus, on apprend que l’Afnor décide de s’abstenir et personne ne comprend rien, c’est-à-dire personne ne comprend pourquoi tout d’un coup l’Afnor, donc la haute direction de l’Afnor, décide d’aller contre les recommandations de ce groupe de travail. On apprendra quelques mois plus tard, via un article de presse, que la décision est descendue directement de l’Élysée, du conseiller numérique du président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy. Ce conseiller numérique, Frank Supplisson, a donc donné l’ordre à la direction de l’Afnor de ne pas voter contre mais de s’abstenir. Vous pouvez imaginer que les personnes des administrations, qui avaient participé à ce groupe de travail, ont été particulièrement outrées de cette voie de fait.
C’est quelque chose auquel on a dû faire souvent face et auquel, je pense, beaucoup de structures comme la nôtre font face dans d’autres domaines. On fait face à des structures de lobbying qui sont incroyables, c’est-à-dire qu’en face de nous c’est Microsoft, ça peut être des Google, ça peut être des Apple, là où d’autres vont avoir en face d’eux des Total, etc. On se bat avec ses moyens, parfois on obtient des résultats positifs. En fait, le fait d’avoir raison ne garantit pas de gagner, il y a un rapport de force. C’est un peu ce qu’on a appris et, au début, cela nous dérangeait particulièrement. Maintenant on a accepté le fait qu’il y ait un rapport de force.

Walid Nouh : Jeanne, tu veux continuer, sinon j’ai une question complémentaire là-dessus ?

Jeanne Tadeusz : Non, c’est bon. Je pense que Fred a très bien résumé la question. Le rapport de force est effectivement réel.

Frédéric Couchet : Juste pour finir sur l’« Open Bar » Microsoft/Défense, Jeanne ne l’a pas dit, la presse a beaucoup relayé cette action-là. Cela a fait aussi beaucoup pour notre travail de reconnaissance, c’est-à-dire que Jeanne a été interviewée notamment dans l’émission Le Vivinteur par Jean-Marc Manach qui faisait une émission sur France 5 et, quelques années plus tard, un Cash Investigation a été entièrement consacré à ce sujet-là et ce Cash Investigation n’a existé que parce que nous avons fait ce travail-là, le journaliste-réalisateur qui a fait ce travail d’enquête est venu nous voir et il a fait ça. Ce dossier-là est un peu particulier aussi parce qu’il a participé à la visibilité de notre action et c’est aussi une sorte de reconnaissance du sérieux de notre action vu que des journalistes tout à fait sérieux comme les gens du Vinvinteur ou de Cash Investigation en ont fait un sujet.

youtube.com/watch?v=p0ycoG7_ja…

La relation avec les journalistes


Walid Nouh : La question que je voulais poser c’était votre relation avec les journalistes. Que peut-on en dire, Jeanne ?

Jeanne Tadeusz : Finalement nous avons été un acteur, une source d’informations pour les journalistes avec qui on pouvait être amenés à échanger. Évidemment, en tant que structure qui faisions de la communication, nous étions amenés à contacter régulièrement des journalistes pour les informer de nos différentes actions, ce que, j’imagine, l’April fait toujours. Après, sur des sujets brûlants, typiquement l’Open Bar Microsoft, on a pu faire un certain nombre de communiqués de presse qu’on leur transmettait, on répondait aussi à leurs sollicitations. Je sais que pendant les périodes open bar mais aussi pendant les périodes de lutte contre ACTA, dont on vient de parler, le traité commercial anti-contrefaçon, on a pu échanger avec énormément de journalistes, passer du temps à faire des interviews, répondre à des questions. C’est un travail de sensibilisation des journalistes pour que, finalement, ils découvrent aussi les enjeux, parce que, eux aussi, évidemment, travaillent sur énormément de sujets et après, effectivement, essayer de faire passer un maximum d’informations.

Frédéric Couchet : Quand nous avons commencé, nous avons pris une position de départ qui était d’essayer de publier tout ce qu’on fait et de mettre les liens vers toutes les références. C’est un des reproches que parfois des gens nous faisaient en disant « vos trucs sont illisibles parce qu’il y a des références partout, c’est super détaillé », mais c’était volontaire. On voulait que les gens qui lisent nos communiqués, nos analyses, puissent eux-mêmes se faire leur propre analyse s’ils en avaient envie. Si on citait un projet de loi, on mettait le lien, si on citait un amendement, on mettait le lien, etc. Les journalistes avec qui on travaillait pouvaient donc vérifier ce qu’on faisait. C’est un gage de transparence, de confiance, et inversement, de temps en temps, nous avons été la source de journalistes, mais comme plein de gens. Aujourd’hui, un journaliste d’investigation qui n’a pas de sources ne peut pas faire son travail, ça marche dans les deux sens.

Walid Nouh : OK. Jeanne, est-ce qu’il y a d’autres événements, d’autres combats que tu aimerais mettre en avant ?

Jeanne Tadeusz : Je pense qu’on a vraiment vu les plus importants, les plus marquants, les plus flagrants. Je n’en vois pas d’autres. Fred, je ne sais pas si tu en vois d’autres.

Frédéric Couchet : Il y a eu plein d’actions auxquelles Jeanne a participé, notamment sur les marchés publics, autour de l’éducation. Il y en aurait beaucoup, on pourrait y passer deux émissions, mais c’est vrai que Candidats.Fr, Open Bar Microsoft/Défense et ACTA, qu’elle a cité, qui a aussi été une victoire au final, pas que de l’April, de plein de gens, me paraissent l’essentiel.

youtube.com/watch?v=8E0gjepoUn…

Les actions non institutionnelles de Jeanne à l’April


Walid Nouh : OK. Est-ce qu’il y a des choses, des actions non axées sur l’institutionnel que tu aimerais aussi mettre en avant Jeanne ?

Jeanne Tadeusz : En tant que communication externe de l’April, pas vraiment, parce que mon travail à l’April c’était l’aspect purement institutionnel. Après, j’ose pouvoir dire qu’on a quand même aussi, pendant que j’y étais, beaucoup évolué en tant que structure, en tant qu’association. Quand je suis arrivée, j’étais très engagée, mais je n’étais pas une militante, j’étais engagée notamment par mes choix professionnels, en plus, je n’étais pas une informaticienne, je n’étais pas une geek à la base, j’étais plus engagée dans la question libertés fondamentales, droits de l’homme vraiment de manière presque essentielle. À l’époque, je suis arrivée dans une association plutôt geek, si je puis me permettre, et le coût d’entrée n’était quand même pas négligeable.

Walid Nouh : Ça a été dur d’y rentrer ?

Jeanne Tadeusz : Ce n’était pas dur parce que les gens étaient extrêmement accueillants, j’ai été très bien accueillie. Maintenant les premières fois, parfois je ne comprenais pas tout ce qui se passait dans la salle, on va être clair, il y a un petit coût d’entrée avec l’apprentissage des termes utilisés, des abréviations, etc., comme souvent, même en termes d’outils informatiques, je n’étais pas informaticienne, je n’avais jamais fait de HTML, je suis arrivée, je me suis retrouvée à publier sur des wikis et à écrire sur le site internet en HTML, donc oui, il y a un coût d’entrée. Mais c’est une association qui, là-dessus, a évolué plutôt très positivement et c’est quelque chose que j’ai beaucoup apprécié. Que ce soit le conseil d’administration, que ce soit Fred, finalement tout le monde était vraiment dans une démarche d’inclusivité et de ne pas faire peur à ceux qui ne connaissaient pas, qui étaient non-geeks, pour parler simplement.
Quand je suis arrivée avec un regard un peu neuf sur cette question-là, il y a eu une vraie écoute et on a vraiment essayé de travailler, quelque part de « dégeekiser » l’April, en tout cas de la rendre plus facilement accessible et peut-être moins inquiétante pour le grand public.
Finalement expliquer que parler de logiciel libre ce n’est pas que parler du logiciel qu’on utilise sur son ordinateur, relier ça à des questions essentielles aujourd’hui : la question de la souveraineté, la question de la vie privée, la protection de nos données personnelles, vraiment développer aussi cet aspect-là de communication.

Frédéric Couchet : Si je peux compléter aussi, avant l’arrivée de Jeanne nous étions dans un mode guerriers/guerrières quelque part, nous étions attaqués, nous nous défendions. Jeanne est arrivée à un moment dans l’histoire de l’association où c’était moins le cas parce que certains combats étaient déjà soit gagnés soit perdus, en tout cas étaient passés. En plus, elle est arrivée, je l’ai dit tout à l’heure, avec son propre style, ses propres centres d’intérêt, notamment tout ce qui est inclusivité, diversité. Jeanne a dit tout à l’heure que c’était une association très geek, ce qu’elle n’ose peut-être pas dire c’est que c’était aussi une association qui consommait, notamment lors des soirées ou des apéros, beaucoup de bières et de cacahuètes, qui avait peut-être un vocabulaire pas du tout inclusif, notamment pour les femmes. Je rappelle que Jeanne est arrivée en 2010, c’était historiquement une association où il y avait quand même beaucoup d’hommes et qui, à l’époque, n’étaient sans doute pas encore déconstruits donc faisaient des blagues vaseuses voire douteuses voire pire.
Aux gens qui arrivent à l’April on laisse non pas liberté, mais on leur dit « apportez ce que vous avez envie d’apporter », c’est important. Ça a été aussi le début des évolutions de l’April, notamment sur la diversité, notamment la diversité de genre. Très clairement elle a joué un rôle là-dessus, d’ailleurs le groupe de travail Diversité de l’April a été créé en 2006, quelque chose comme ça. Je regardais tout à l’heure les statistiques, à l’époque de l’arrivée de Jeanne le conseil d’administration de l’April ça devait deux femmes sur 17. Aujourd’hui, le conseil d’administration de l’April c’est la parité, cinq hommes, cinq femmes, l’équipe salariée de l’April est paritaire aussi, dans nos groupes de travail il y a de plus en plus de femmes et les apéros, aujourd’hui, ont évolué aussi. Elle a clairement joué un rôle là-dessus pour nous faire comprendre que si on considérait que l’informatique était un enjeu de société, la liberté informatique un enjeu de société, il fallait parler à la société et pas simplement aux geeks blancs, barbus, qui représentaient une bonne partie de l’association.

Walid Nouh : Je ne sais pas si tu veux compléter, Jeanne.

Jeanne Tadeusz : Finalement, il y a un côté organique, dans l’association, qui s’était créée avec des étudiants en informatique et qui avait un peu gardé cet ADN d’étudiants en informatique. Je suis arrivée, je ne l’étais absolument pas et c’est vrai qu’il y a eu quelques moments d’apprentissage, effectivement bière/cacahuètes, tout le monde ne boit pas d’alcool, parfois les gens ont envie de manger autre chose que des cacahuètes. Il y a donc eu toute une période où Fred achetait systématiquement aussi des tomates cerises comme ça il y avait autre chose que des cacahuètes à table. Des moments, aussi, où j’expliquais « en ce moment c’est la période du Ramadan, il vaut mieux mettre les réunions après la rupture du jeûne, en tout cas pas en plein jeûne, au moins pour arranger certains bénévoles et sans forcément leur poser la question d’ailleurs, parce que ce n’est pas forcément agréable d’être mis sous le spot en mode est-ce que tu fais le ramadan ? ». Non, on ne pose pas la question, on voit qu’il n’est pas disponible, il dit que ça l’arrangerait de ne pas faire à entre 18 heures et 18 heures 30. On infère ou on n’infère pas. Ou en tout cas, si jamais les autres sont en train de boire et manger, on n’insiste peut-être pas lourdement pour qu’il prenne quelque chose lui aussi. Finalement ce sont tout un tas de petites choses pour que les gens se sentent plus à l’aise, plus inclus. De mémoire aussi, des bénévoles qui ne buvaient pas d’alcool nous ont gentiment expliqué qu’il fallait arrêter d’acheter du jus de fruit premier prix, que si on prenait des bonnes bières on pouvait aussi prendre un jus de fruit correct pour eux. Plein de petites choses. Pour essayer d’être plus inclusifs, je me souviens qu’à la fin de ma période on a aussi développé les échanges par ordinateur pour permettre à ceux qui soit habitaient loin soit ne pouvaient pas facilement se déplacer de pouvoir échanger et faire vraiment partie de la communauté April et je pense que c’est toujours le cas. Ce sont finalement plein de petites actions assez concrètes que j’ai essayé d’apporter et heureusement, et j’en suis ravie, je vois que l’April a continué pour essayer de se décentrer un peu, de voir un peu les différents types de personnes et leurs besoins pour que tout le monde se sente le bienvenu.
Juste pour terminer, je pense que j’étais effectivement particulièrement sensible parce que j’étais une jeune femme, dans la vingtaine, qui arrivait dans un groupe d’informaticiens. À l’April ça se passait bien, j’ai pu participer à des colloques ou autres où ce n’est quand même pas simple d’être la seule femme dans une salle de 50 personnes.

Frédéric Couchet : Juste pour finir là-dessus parce que je sais, Walid, que tu aimes bien les anecdotes, il y a toujours des tomates cerises, aujourd’hui on progresse, on n’achète que des fruits de saison ou des légumes de saison. Et sur les jus de fruits, un jour un bénévole m’a dit « vous faites chier à acheter des jus fruits merdiques alors que vous prenez des bonnes bières » et effectivement je n’avais jamais fait attention à ça. On essaye donc de progresser, Jeanne a joué un rôle important là-dessus et les personnes qui ont suivi aussi.
Et sur le fait d’être une femme dans les affaires publiques, je ne sais pas si aujourd’hui ça a un peu évolué, mais à l’époque c’était quand même quelque chose qui n’était pas forcément évident parce que dans les affaires publiques, notamment dans les cabinets et autres, c’était souvent beaucoup d’hommes, avec beaucoup de testostérone, il faut donc pouvoir s’imposer dans ce dans ce milieu-là, ce n’est pas évident.

Walid Nouh : Est-ce que Jeanne et toi, à cette époque-là, tu communiquais sur ces changements, justement en termes de diversité, qu’il y avait l’April ou c’était quelque chose de plutôt interne et vous n’avez pas trop communiqué dessus vers l’externe ?

Jeanne Tadeusz : Les deux. Je ne suis pas sûre qu’on ait fait vraiment de la communication grand public. Maintenant, dans des événements plus orientés logiciels libres, par exemple, j’ai pu faire un certain nombre de conférence sur la diversité pour sensibiliser un peu à cette problématique. On a eu aussi un certain nombre de réunions, d’échanges, parfois pour un truc tout bête, mais comme c’était notre cas extrêmement minoritaire en tant que femmes dans le logiciel libre, ça fait du bien de pouvoir se réunir, de discuter, d’avoir un partage d’expérience et de se sentir moins seules. On a pu faire ça aussi.
Donc pas une communication aussi généraliste qu’on pouvait l’avoir par exemple sur la partie institutionnelle, mais on a essayé d’échanger, de partager de bonnes pratiques. J’arrivais avec un petit bagage au sujet, mais je prétendais pas, d’ailleurs je ne prétends toujours pas être spécialiste de la diversité et de l’inclusion, donc de voir concrètement et clairement ce qui pouvait fonctionner et partager un peu nos retours d’expérience avec d’autres structures c’était très intéressant aussi.

Frédéric Couchet : Là on parle de la diversité de genre, parce qu’effectivement dans le monde informatique, notamment le logiciel libre, c’est sans doute ce qui est le plus visible, mais on essaie d’aborder la diversité dans son ensemble, notamment par exemple, depuis de nombreuses années, les événements publics officiels de l’April sont organisés dans des endroits accessibles pour les personnes en situation de handicap. Ce n’est pas le cas de notre local, on espère que le bailleur fera un jour des travaux. Quand on fait, par exemple, une assemblée générale c’est dans un endroit qui est accessible, quand on organise un événement public, notamment à Paris, il se trouve qu’on a souvent accès à un lieu qui s’appelle la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès humain qui est accessible, c’est vraiment très bien. On essaye d’aborder cette question de diversité dans son ensemble. Par exemple, dans l’émission de radio on le met aussi en œuvre dans les recrutements. Aujourd’hui, tout simplement, des gens se demandent comment favoriser la contribution de femmes ou autres, eh bien ça passe aussi par le vocabulaire, c’est-à-dire qu’il faut se montrer inclusif avec le vocabulaire, il faut aussi expliquer, pour accueillir le maximum de gens, qu’il n’y a pas besoin forcément d’une forte expertise, qu’il va y avoir un accompagnement, on précise même, dans certaines documentations, que l’accompagnement peut être fait par une femme si, par exemple, une femme souhaite être accompagnée par une autre femme. Je sais qu’actuellement il y a aussi des discussions pour relancer des échanges en non-mixité au sein de l’association parce que ça peut être utile. C’est un travail qui n’est jamais fini, qui est sur le long terme, mais qui est essentiel et surtout, il faut à la fois avoir l’envie de le faire et y passer du temps, c’est-à-dire que ça doit être intégré dans le projet et pour nous, aujourd’hui, c’est intégré dans le projet qu’est l’April.

Les groupes de travail de l’April


Walid Nouh : Il y a quelque chose qu’on n’a pas expliqué, dont vous avez parlé plusieurs fois, vous avez parlé de groupes de travail. Pourriez-vous expliquer ce que sont ces groupes de travail ? Est-ce qu’ils sont apparus dès le départ ? À quoi servent-ils ? Quand sont-ils apparus dans le travail de l’association ?

Frédéric Couchet : Dès le départ, quand on a créé l’association, on ne s’est pas dit « seules les personnes membres de l’association peuvent contribuer ». Dès le départ on s’est dit « n’importe qui peut contribuer, qu’on soit membre ou pas de l’association ». On a formalisé une organisation qui est qu’un sujet a son groupe de travail, donc, en gros, il y a une personne ou deux référentes et puis des gens qui vont agir et à qui on donne des moyens. Historiquement, en 96, le moyen principal c’était une liste de discussion et l’accès au site web. Aujourd’hui, par exemple, ça pourrait être l’accès au local de l’April pour faire des réunions ou autres.
Les groupes de travail sont un peu thématiques. Par exemple, il y a un groupe qui a beaucoup réfléchi autour du logiciel libre dans le monde associatif, il y a un groupe de travail Transcriptions très utile et très efficace notamment avec Marie-Odile Morandi qui fait la transcription d’enregistrements audio ou de vidéos qui sont en lien avec la liberté informatique ; il y a un groupe de travail Revue de presse, qui publie toutes les semaines une revue de presse autour des sujets du logiciel libre. Ces groupes de travail sont vraiment ouverts à tout le monde, même si une personne qui n’est pas membre de l’April, elle va sur le site de l’April, elle trouve le groupe de travail, elle s’inscrit à la liste de discussion et elle peut contribuer. Le seul groupe de travail qui, entre guillemets, est « réservé » aux membres de l’April c’est l’administration système, parce que c’est gérer les serveurs de l’April, il y a des données personnelles importantes, donc on préfère que les gens soient membres de l’April. On fonctionne par groupes de travail et, en interne, il y a une liste dédiée à la partie institutionnelle, qui est ouverte aux membres, et c’est l’autre exception : les actions institutionnelles se discutent sur une liste interne pour des questions de confidentialité, pour des questions de confiance, mais il peut y avoir certains sujets qui se discutent ailleurs. Je pense que quand tu recevras Étienne Gonnu qui occupe actuellement le poste affaires publiques, il évoquera sans doute la thématique des logiciels libres de caisse qui se discute sur une liste publique, la liste comptabilité.
On a donc un certain nombre de groupes de travail, il y a pas besoin d’être membre de l’April pour les rejoindre, il faut juste avoir du temps et quasiment tout peut se faire à distance via les listes de discussion, via le site web, via les outils de visioconférence.

Que retenir de toutes ces actions passées ?


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Frédéric Couchet : L’idée c’était vraiment, effectivement, de faire connaître au plus grand nombre. À l’époque, on n’avait même pas conscience qu’un jour on devrait faire des actions politiques, nous étions peut-être naïfs, c’est au bout trois~ans, de mémoire. L’April s’est créée en 96, c’est à partir de 99 que nous nous sommes rendu compte qu’il allait falloir se mobiliser contre des projets de lois, notamment au niveau européen. Nous n’avions pas cette conscience-là. En fait, une des forces de l’association, c’est que nous nous sommes adaptés au fur et à mesure. Par contre, on avait ce positionnement très clair, ce positionnement que le logiciel libre est un enjeu de société, les personnes méritent la liberté informatique et on allait faire ce qu’on pouvait pour le faire connaître, en fonction de nos possibilités et, comme nous étions bénévoles, c’était en fonction du temps dont nous disposions, du temps libre en dehors du travail ou pendant le travail si on pouvait s’arranger.

Walid Nouh : OK. Très clair.
Maintenant, j’aimerais qu’on passe à ce que vous retenez, dans ton cas, Jeanne, de ton passage à l’April, de ce pourquoi tu t’es battue, ce que t’as pu commencer à mettre en place ou mettre en place. J’aimerais bien comprendre, déjà toi, ce que tu retiens de cette expérience. Tu es arrivée avec une certaine vision des choses, tu as travaillé là-dessus, tu es partie faire autre chose. Qu’est-ce que tu retiens de toute cette période ?

Jeanne Tadeusz : Ça a été une période quand même assez longue, j’ai travaillé pas loin de six ans à l’April. Ça a été une période très positive, beaucoup de belles choses, des combats qu’on a menés, de beaux combats, certains qu’on a gagnés, on a cité ACTA tout à l’heure, ça a été un grand combat, de longue haleine, sur lequel on a quand même connu de beaux succès, même un très beau succès ; beaucoup de travail sur Candidats.fr pour les élections ; beaucoup de sensibilisation qu’on a pu faire ; on a pu aussi parler dans les administrations. J’ai appris beaucoup que ce soit techniquement, je connaissais à peu près ce qu’est que le logiciel libre, mais, objectivement, ça s’arrêtait là. Aujourd’hui encore mon ordinateur est sous Debian, sur mon téléphone j’utilise GrapheneOS et je continue d’utiliser des logiciels libres même si ce n’est plus mon métier, la question n’est pas là et je reste absolument convaincue. J’étais déjà dans tout ce qui est institutionnel, mais être vraiment sur l’aspect plus militant j’ai également énormément appris. Je continue d’avoir un intérêt certain pour ces questions ; aujourd’hui je n’utilise plus du tout, mais beaucoup plus récemment, pendant un peu plus de deux ans, j’ai été cheffe de service au sein de la CNIL au service des affaires régaliennes, je me suis occupée de préparer des propositions de délibérations pour la CNIL sur tous les sujets on va dire sensibles, régaliens – défense, intérieur, justice, police et ainsi de suite –, et, bien évidemment, les questions de logiciel libre sont revenues là-dessus et finalement, avec ce travail à la CNIL, je retombe aussi un peu sur les mêmes problématiques et peut-être qu’aujourd’hui je les défends différemment.

Walid Nouh : C’est marrant. Ma question suivante c’est : est-ce que ton expérience à l’April t’a aidée dans des emplois suivants ?

Jeanne Tadeusz : Elle m’a aidée humainement, personnellement elle m’a fait grandir, ça c’est certain. J’ai appris beaucoup de choses. En toute transparence, même si je ne rentrerais pas dans les détails de mon travail puisque ce n’est l’objet, aujourd’hui je suis juge, donc ça n’a rien à voir. Je travaille notamment sur des litiges d’accidents médicaux ou de marchés publics. Autant, peut-être un petit peu les marchés publics, j’ai pu faire ça à l’April mais c’est vraiment la limite et je ne travaille plus du tout sur ces questions-là, mais ça m’a appris humainement, ça m’a appris personnellement. L’investissement dans une association est aussi quelque chose qui est très riche, que j’ai beaucoup apprécié. Je pense que je ne regrette pas d’avoir repassé la main au bout de six ans, parce que, finalement, j’arrivais au bout d’un cycle. Il y avait un nouveau cycle qui se lançait avec de nouvelles élections, avec de nouvelles personnes à sensibiliser et un peu le retour des mêmes sujets. C’est ce que disait Fred tout à l’heure : au bout d’un moment, on finit par ressentir une certaine forme de lassitude à reprendre son bâton de pèlerin et de recommencer ce qu’on a déjà fait, je pense que c’était le moment, pour moi, de passer la main à quelqu’un qui n’avait pas cette forme de fatigue, finalement de répétition. Mais j’ai énormément appris, j’ai énormément apprécié, on a mené de beaux combat et on a même eu des victoires.

Conjuger vie professionnelle et personnelle


Walid Nouh : Une question complémentaire me vient : est-ce que dans ce type de métier c’est difficile de conjuguer une vie professionnelle où tu peux avoir des horaires un peu déconstruits, etc., avec une vie personnelle ? Comment est-ce que tu fais pour allier les deux quand on voit que les réunions peuvent durer hyper tard, que ce n’est pas forcément durant les horaires de bureau ?

Jeanne Tadeusz : Ce n’est pas forcément durant les heures de bureau, il y a aussi une certaine souplesse et personnellement, à l’April, j’ai toujours eu y compris un délégué général qui s’assurait du respect et de la séparation entre vie pro et vie perso, avec la possibilité simplement de récupérer. C’est concret, ça peut sembler tout bête quand on le dit, mais quand il y a une réunion le soir ou le week-end, on récupère nos heures. On pose des vacances, on les prend et elles sont respectées. C’est à la fois une discipline personnelle, parce que c’est vrai que ce n’est pas évident et c’est quelque chose qui touche le milieu associatif dans sa globalité, pas du tout uniquement l’April. On travaille avec des bénévoles qui sont surtout disponibles le soir et le week-end. En général, si on travaille sur ces questions-là, c’est qu’on y croit donc on peut vite se faire happer. Il faut se poser à soi-même des règles et, évidemment aussi, avoir une hiérarchie à côté qui s’assure qu’on ne va pas brûler la chandelle par les deux bouts et prendre des temps de repos, ça permet de conjuguer l’un et l’autre.

Walid Nouh : Fred, de ton côté, si tu prends un peu de recul, qu’est-ce que tu penses de toutes ces années, de ces différents combats gagnés, de ces menaces qui reviennent, etc. ? Qu’est-ce que tu retires un peu de tout ça ? Qu’est-ce que tu pourrais mettre en avant ?

Frédéric Couchet : Ce que j’en retire ? Quelque part c’est le pied. J’ai la chance que mon militantisme corresponde aujourd’hui à mon activité professionnelle, ce qui est quand même assez rare.
Sur ce que dit à l’instant Jeanne sur la lassitude potentielle d’une personne qui est affaires publiques à l’April, moi j’ai la chance de faire plusieurs activités à l’April : j’aide sur les affaires publiques, je fais aussi de la sensibilisation, je fais de l’admin-sys, donc c’est assez varié. Si, à un moment j’ai une lassitude, en tout cas quelque chose qui m’énerve sur un sujet, je peux passer à autre chose. C’est vraiment important.
Ce que je retiens, en fait, ce sont les rencontres humaines. C’est-à-dire que j’ai rencontré des gens absolument dingues en termes de qualité, ça serait difficile d’en citer beaucoup, mais je vais quand même me permettre d’en citer trois :

  • sur les affaires publiques, il y a notamment Christophe Espern, là c’était vraiment le mode guerrier pour le coup, c’était une autre époque, mais je ne pensais pas rencontrer quelqu’un, informaticien donc pas du tout juriste, avec des capacités d’analyse de projets de lois, de rédaction d’amendements et de combats législatifs à ce point-là. On a passé, pour le coup, beaucoup de temps ensemble et c’était vraiment impressionnant. Je suis très content de l’avoir rencontré ;
  • je voudrais aussi citer celui qui a pris la succession à la présidence de l’April quand je suis devenu délégué général, Benoît Sibaud. Pareil, Benoît Sibaud est quelqu’un qui est bénévole, qui a un métier à côté de ça, et qui était capable d’intervenir sur tous les sujets, en bienveillance, en intelligence, capable d’analyse et de réflexion et tout ça. Parfois je me demandais quand est-ce qu’il dort ? Franchement incroyable aussi !
  • et la dernière, pour faire le lien avec tes prochains invités, c’est Bookynette, Magali Garnero qui est actuellement présidente de l’April. C’est quelqu’un qui a une énergie incroyable, une gentillesse incroyable, qui fait plein de choses, elle était ce week-end encore à un événement libriste. Elle participe aussi aux évolutions de l’April en tant que présidente, c’est la deuxième présidente de l’April, on a eu une présidente avant, Véronique Bonnet, en 2020 je crois, et là maintenant Magali. Pareil, elle n’est pas informaticienne, elle est libraire, elle a une énergie dingue.

C’est déjà cela que je retiens dans l’April, au-delà des combats qu’on a pu mener, des choses qu’on a pu gagner ou perdre, ce sont les rencontres humaines que j’ai pu faire et que je n’aurais sans doute peut-être pas faites si j’avais continué une « carrière professionnelle », entre guillemets, dans l’informatique libre en tant qu’informaticien. Pour moi ce sont avant tout les rencontres et je pense qu’il y en aura d’autres, en tout cas j’espère, ce qui fait que le matin, quand je me lève, je suis content ; quand arrive le dimanche soir je suis content aussi parce que je sais que je vais retrouver l’April.
Juste pour finir, je reviens sur ce qu’a répondu Jeanne, tout à l’heure, à ta question sur les horaires. Avant qu’il y ait une équipe salariée à l’April, j’ai connu pas mal d’associations, et il y en a encore beaucoup, où on applique souvent les mêmes méthodes de management qu’on pourrait retrouver dans des entreprises, des méthodes de management toxiques et c’est quelque chose auquel on a toujours fait attention, notamment sur les horaires. C’est vrai que quand tu es en affaires publiques il y a une difficulté : parfois il faut passer une nuit au Parlement ou à écouter des débats, donc comme disait Jeanne, il y a des récupérations, etc., et surtout se préserver aussi. C’est important. Quand on est militante ou militant ou quand on travaille professionnellement pour une association il y a parfois un risque d’en faire trop, il est donc de la responsabilité du conseil d’administration ou de la personne qui est en charge de l’association ou des deux de s’assurer que les gens se préservent. On n’est pas là pour brûler les militants et les militantes ou les personnes de l’équipe salariée. C’est important.

Walid Nouh : Benoît Sibaud est intervenu dans un épisode sur l’histoire de LinuxFr, qui est très bien aussi, et un grand big up à Bookynette qui a réussi à gérer une table-ronde aux JdLL avec les invités qui n’ont pas forcément bien préparé et finalement ça s’est bien passé, c’était très sympa.

Frédéric Couchet : Précise ce que sont les JdLL.

Walid Nouh : JdLL, Journées du Logiciel Libre de Lyon, édition 2025. C’est une un cycle de conférences qui a lieu tous les ans, qui très divers dans les thèmes à aborder. Je vous recommande vraiment de venir si vous en avez l’occasion, c’est vraiment sympa, il y a plein de conférences différentes, plein de questions qui sont posées. C’est vraiment un chouette événement, en France il n’en reste pas des masses, il reste les JdLL.
On a déjà bien parlé, ça fait déjà une heure et quart qu’on est ensemble. On a parlé de Libre à vous !, mais je pense qu’on va en parler beaucoup plus dans les épisodes à venir. C’est un sujet qui me tient aussi beaucoup à cœur parce que c’est une de mes sources principales pour préparer mes propres épisodes, donc je pense qu’on va en parler assez longuement à un autre moment.

Conclusion


En guise de conclusion, avant de vous laisser le mot le la fin, je voudrais vous poser deux questions ; la première : que diriez-vous aux gens pour soutenir l’April ?

Walid Nouh : Jeanne tu veux commencer ?

Jeanne Tadeusz : Je vais commencer. Pour soutenir l’April venez, venez à l’April, ceux qui le peuvent, venez voir physiquement, ceux qui ne le peuvent pas, inscrivez-vous aux newsletters, adhérez si vous le souhaitez, participez aux groupes de travail et n’ayez pas peur parce que c’est une association qui prend soin d’accueillir tout le monde en prenant en compte les spécificités de chacun.

Frédéric Couchet : Je pends la suite. Je pense qu’il est important, dans les structures associatives, d’être en capacité de diversifier les forces vives pour être au plus proche notamment des évolutions de la société. Il y a des associations qui n’arrivent pas à faire ça, qui vont en mourir parce qu’elles restent dans un temps passé avec un fonctionnement passé, je ne citerai pas de noms, évidemment. Il est important pour nous d’avoir des membres ou des soutiens, des gens qui participent à nos groupes de travail sans forcément adhérer, qui soient le plus divers possible, sachant qu’il reste encore beaucoup de travail. Je dirais aussi que s’il y a des personnes qui sont un petit peu anxieuses par ce qui se passe dans l’informatique aujourd’hui, et elles ont raison, avec les GAFAM, les géants de l’Internet et autres, qu’elles sachent qu’une façon de traiter l’anxiété c’est l’action, donc à l’April vous pouvez trouver différentes manières d’agir, ça peut être simplement transcrire des enregistrements, ça peut être participer à des événements, ça peut être faire des traductions, on a aussi un groupe qui s’occupe de traductions. L’action permet aussi de traiter d’anxiété donc n’hésitez pas à nous rejoindre.

Walid Nouh : J’avais une deuxième question, mais je m’aperçois que c’est à peu près la même que la première, je vais la changer. Jeanne, qu’est-ce que ça fait de voir que les sujets que tu as pu amener à l’April, sur lesquels tu t’étais engagée autour de la souveraineté, le respect des libertés, etc., sont encore plus d’actualité aujourd’hui ? Finalement, c’était assez avant-gardiste !

Jeanne Tadeusz : C’est une excellente question. Qu’est-ce que ça fait ? Il y a une fierté supplémentaire d’avoir mené ces combats dès le départ, peut-être qu’on serait dans un état pire, d’ailleurs c’est peut-être pas très présomptueux de ma part de le dire. On a commencé à lever l’alerte tôt sur ces sujets-là, et on avait raison, quelque part. Il y a une forme de validation de se dire qu’on a essayé d’alerter, on a alerté, on a eu des succès sur des choses qui sont réellement importantes. J’ai quitté mon poste à l’April en 2016, je pense que Trump au pouvoir et la menace qu’on a vis-à-vis des États-Unis notamment ne sont pas des choses qu’on imaginait à l’époque. Au-delà de ça, on soulevait déjà ces questions, peut-être pas avec autant d’acuité qu’aujourd’hui, mais la souveraineté et les problèmes potentiels que ça pouvait poser, aujourd’hui on nous parle de tarifs, on nous parle de ces questions-là. En tant que citoyenne, en tant que personne engagée, je trouve que les questions qu’on a traitées restent toujours d’actualité. On les a lancées, elles continuent d’exister, et on a peut-être pu, et je trouve ça finalement important, lever le voile dès le départ sur ces problématiques et, finalement, ça valide d’autant plus le combat de l’April de continuer à faire connaître toutes ces questions.

Walid Nouh : Fred, veux-tu rajouter quelque chose, sur cette question-là ? Si tu n’as rien à rajouter, je ne vais pas dire que je suis très optimiste, mais paradoxalement j’ai l’impression que tous les sujets sur lesquels on s’est tous battus autour du logiciel libre sont mis en avant aujourd’hui et c’est peut-être un moment où on peut vraiment faire des choses. Qu’est-ce que tu en penses ?

Frédéric Couchet : C’est sûr que sans le logiciel libre, les GAFAM ne pourraient pas faire ce qu’ils font. Est-ce qu’il faut s’en réjouir ? La téléphonie mobile par exemple, Jeanne a parlé de son téléphone, moi j’ai un FairPhone, mais la majorité des gens n’ont pas ça.
Après, je ne me préoccupe plus de questions d’optimisme ou de pessimisme, je reviens sur ce que j’ai dit tout à l’heure, j’agis à mon niveau et après tout n’est pas entre nos mains en fait, malheureusement, ou heureusement, je n’en sais rien, les gens sont libres. C’est qu’on vit une situation internationale, même française, telle qu’il était impossible de l’imaginer à ce point-là. L’important c’est que chacun agisse là où il ou elle se sent en mesure d’agir, c’est ce qu’on fait au niveau de l’April. Après on n’impose rien, les personnes sont libres de faire ce qu’elles veulent. On essaye de faire connaître ces alternatives et même nous, à titre personnel, parfois on a des contradictions, il faut les respecter. En tout cas, il est important d’agir vraiment son niveau si on a envie de le faire et c’est possible aujourd’hui.
Peut-être que l’un des enjeux, justement, c’est la jeunesse aussi. Le monde du logiciel libre, les communautés du logiciel libre vieillissent. Je n’étais pas aux Journées du Logiciel Libre de Lyon, mais je suppute comme que la moyenne d’âge n’était pas forcément très basse, la moyenne d’âge de l’April n’est pas forcément très basse non plus, c’est peut-être un des enjeux. Aujourd’hui, quand on est jeune, on va effectivement plus se préoccuper du climat, on va plus se préoccuper des discriminations, ce qui est parfaitement entendable. Peut-être y a –-t-il des choses à faire pour que ces mondes se rejoignent, comme le fait d’ailleurs un peu Framasoft avec ses outils, que les structures associatives utilisent des outils éthiques donc libres. C’est un des enjeux parce que sinon des associations comme l’April vieillissent, à un moment il y aura une fin. Je pense que c’est là-dessus qu’on doit agir, qu’on doit avoir de la réflexion pour continuer à évoluer et aussi continuer à être pertinents parce c’est important. Une association ne doit pas continuer à exister pour exister, elle continue à exister parce qu’elle a un intérêt et aujourd’hui l’action de l’April a encore un intérêt. Peut-être qu’un jour on aura gagné, comme on dit, je ne sais pas, en tout cas nous sommes encore pertinents et pertinentes aujourd’hui donc n’hésitez pas à nous rejoindre.

Walid Nouh : On arrive à la fin de l’entretien. Je voudrais vous laisser un mot de la fin, si vous avez un message à faire passer avant qu’on se quitte. C’est le moment, Jeanne, est-ce que tu veux dire un mot ?

Jeanne Tadeusz : Un mot de la fin : vive le logiciel libre, il ne faut pas avoir peur du logiciel libre. Quand je suis arrivée, je n’y connaissais rien, aujourd’hui c’est toujours quelque chose qui m’intéresse. Vive le Libre ! Je sais que ça reste le slogan à l’April. Vive le Libre ! En plus, le Libre c’est bien, ça marche, vous rencontrerez des gens bien et il faut en profiter.

Walid Nouh : Fred.

Frédéric Couchet : De mon côté je dirais engagez-vous, n’hésitez pas, n’ayez pas peur de vous engager, d’ailleurs pas forcément dans le Libre, en général, je trouve que l’engagement militant, associatif, a changé ma vie par rapport à ce qui était prévu normalement, mais en faisant attention à l’association dans laquelle vous mettez les pieds. Comme je le disais tout à l’heure, toute association n’est pas forcément respectueuse des gens qui s’engagent. Je trouve que militer, que s’engager c’est important aujourd’hui et l’April est un bon exemple parce que c’est une association qui est militante, humaine et joyeuse, on se marre bien à l’April, encore plus avec Magali Garnero, la présidente. Donc surtout n’hésitez pas à vous engager, je trouve que ça fait du bien quand on s’engage, quel que soit le niveau d’engagement, ça fait du bien au moral, ça fait du bien à la société.

Walid Nouh : Parfait. Je reste sur vos deux mots de la fin, on va se quitter là.
Merci beaucoup Jeanne, merci beaucoup Fred d’avoir accepté de venir parler, d’avoir pris du temps pour le faire. Ça permet aussi aux auditrices et aux auditeurs du podcast d’en savoir un peu plus sur l’April et sur vos propres engagements, c’est vraiment chouette.
Bien entendu, vous qui écoutez, n’hésitez pas à partager cet épisode, à faire des retours, principalement sur Mastodon si vous pouvez, ça sera avec très grand plaisir ou, si on a la chance de se croiser dans un événement, n’hésitez pas à venir aussi dire que ce genre d’épisode vous a plu et bien sûr aussi de le dire à nos deux invités du jour.
À bientôt pour d’autres épisodes, en particulier à bientôt pour la suite des épisodes sur l’April.
Merci Jeanne. Merci Fred. À bientôt.

Frédéric Couchet : Merci Walid.

Jeanne Tadeusz : Merci Walid.ticulier à bientôt pour la suite des épisodes sur l’April.
Merci Jeanne. Merci Fred. À bientôt.

Production de l’épisode


  • Enregistrement à distance le 26 mai 2025
  • Trame : Frédéric Couchet, Jeanne Tadeusz et Walid Nouh
  • Transcription : Marie-Odile Morandini (groupe de transcription de l’April) sur librealire.org (licence CC by-ND 4.0)


Licence


Ce podcast est publié sous la licence CC BY-SA 4.0 ou ultérieur

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by PC gaming I actually mean i game on a politically correct sy-


I didn't try to do ANYTHING

I woke up today and SOME TOASTY TRISCUIT was SCREAMING ON TELEVISION ABOUT ALLIGATORS EATING MEN for legal reasons so I picked up a mallet and beat the shit out of a motherboard screaming THIS IS AN XBOX THIS IS AN XBOX THIS IS AN XBOX

I AM BLEEDING

THIS IS AN XBOX

GOD IS DEAD

I disowned my dad because he suggested "windows" as a solution for the home and I DONT FUCKING CARE IF HE MEANT REAL WINDOWS ON A HOUSE I'M DONE

How to block dead Lemmy servers from search and interactions?


in reply to nocturne

Defederate doesn't mean it'll delete the local history. Every post and comment is federated at time of creation to your instance, and will stay there as long as your instance keeps them. Defederate simply means it won't receive future updates.

What is happening on Programming.dev instance?


I started to notice that my posts get no interactions at all and that a lot of communities seem to be empty. At first I thought that it's just the effect of Lemme. ee shutting down, but after checking some of the communities from my current alt account I started to notice that .Dev does not pull the latest posts and does not federate my posts.
This entry was edited (1 week ago)
in reply to Pro

Federation should be fixed now, just taking a bit to catch up on activities

Federation & pictrs were broken due to some dns issues. If you see an issue like that happening again best way to report it to the admins are in our discord or matrix (links are in me.programming.dev/)

if a larger community has no posts but it does on other instances its cause its hidden by default and you need to sub to it to see posts. Usually happens for political communities but full list of communities affected by that are in legal.programming.dev/docs/hid…)

This entry was edited (1 week ago)

Sebastian Lauwers: "What Lemm.ee’s shutdown means (and doesn’t) for the Fediverse" - Mastodon


in reply to ragingHungryPanda

What it meant to me was that I had to unpin the link to my lemm.ee account from my Firefox home page.

It could've been the case that I would've had one less instance to choose from, but in the aftermath of the announcement, I found two new instances I wanted to try, so I'm actually one ahead in the long run.

And that's it.

in reply to ragingHungryPanda

I’m not going to pretend the data is safe—it will disappear eventually.


That's what's valuable, yeah. Lots of great posts that I don't want to be lost.

But, it’s not like we lost everything that was produced in that community overnight, even with the server going offline.


Fair.

I did create a list of all posts submitted to !spotifyplaylists@lemm.ee at !spotifyplaylists@lemmy.world so that all those valuable posts are not lost.

Do any of you have a buttload of RAM sitting around?


Hi,

I have a friend who is looking to run a few simulations he has implemented in python and needs around 256GB of ram. He is estimating it will take a couple of hours, but he is studying economics so take that with a grain of salt 🤣

For this instance, I recommended GCP, but I felt a bit dirty doing that. So, I was wondering if any of you have a buttload of memory he can burrow? Generally, would you lend your RAM for a short amount of time to a stranger over the internet? (assuming internet acccess is limited to a signle ssh port, other necessary safeguards are in place)

Voyager v2.37.1, with experimental Piefed support


Voyager now has experimental Piefed support in the App Store and Play Store. F-droid rolling out soon. 🥳

Make sure your app is up to date (v2.37.0 or greater) and enjoy!

getvoyager.app/

P.S. Support is under active development and there are known and unknown issues. Please post any feedback or questions!

::: spoiler Background image credit

images.nasa.gov/details/hubble…

Astronomers using NASA’s Hubble Space Telescope have uncovered surprising new clues about a hefty, rapidly aging star whose behavior has never been seen before in our Milky Way galaxy. In fact, the star is so weird that astronomers have nicknamed it “Nasty 1,” a play on its catalog name of NaSt1. The star may represent a brief transitory stage in the evolution of extremely massive stars.

First discovered several decades ago, Nasty 1 was identified as a Wolf-Rayet star, a rapidly evolving star that is much more massive than our sun. The star loses its hydrogen-filled outer layers quickly, exposing its super-hot and extremely bright helium-burning core.

But Nasty 1 doesn’t look like a typical Wolf-Rayet star. The astronomers using Hubble had expected to see twin lobes of gas flowing from opposite sides of the star, perhaps similar to those emanating from the massive star Eta Carinae, which is a Wolf-Rayet candidate.

Instead, Hubble revealed a pancake-shaped disk of gas encircling the star. The vast disk is nearly 2 trillion miles wide, and may have formed from an unseen companion star that snacked on the outer envelope of the newly formed Wolf-Rayet. Based on current estimates, the nebula surrounding the stars is just a few thousand years old, and as close as 3,000 light-years from Earth.

In regard to big instances shutting down and search results


You can still see lemm.ee for example on search results since the metadata was saved by it, you can see a snippet and the topic title but of course upon clicking you will hit a dead end since its been shutdown.

Is there something like Serpia Search use case for browsing content from PeerTube instances to be used to search such topics we can still see on search engine results to find them without necessarily using an instance? I was wondering if there was and had an API maybe it could be used like on SearX to gather an alternative link for such cases when clicking in a result from a closed instance

in reply to Hofmaimaier

Gibt's da Quellen dazu? Ich denke, dass es damals noch viel schwieriger war, Arbeit und Freizeit überhaupt voneinander abzugrenzen. Wenn dann gerade keine Feldarbeit gemacht wurde, wurden Maschinen und Kleidung repariert oder Lebensmittel haltbar gemacht. Dass man damals wesentlich mehr echte Freizeit gehabt haben soll, als heute, finde ich schwer vorstellbar, lasse mich aber gerne eines besseren belehren.
in reply to rbn

thehistoryace.com/the-amount-o…

During the medieval era peasants would work an average of 1080 hours a year or about 20 hours a week. This number would fluctuate depending upon the demands of the lord and the season. The reason the average medieval peasant worked less hours is because of how work was structured during the medieval open-field system.


...

Economic historians such as Nora Ritchie calculated that medieval peasants would only work up to 120 days a year due to fluctuations in the farming seasons and church sanctioned holidays. During these farming days the medieval peasant could expect to work from sun up to sun down.

During the peak of the farming season this would be 16 hour days, 6 days a week. Sunday was reserved for rest. However, historians have primary sources that detail that during these 16 hour days the work was not consistent.

The local church wanted to keep the peasantry happy. As such there were a lot of mandated breaks for medieval peasants throughout the day.

There was an hour break for breakfast, hour break for lunch, a one to two hour break at noon for a nap, and another hour break for dinner. (page 445-455 of linked source)


...

In return for their labor a lord would give them governance, stability, protection, and in some cases private land ownership in the lord’s name. The lord would provide no direct social security or a means for retirement. However, if a peasant could eventually acquire their own piece of land then they could have a family and obtain some level of social security.

Further, the concept of community was incredibly strong in medieval villages and towns. A medieval peasant who got sick would be taken care of by other peasants and by the local church. In turn they were expected to help others who were sick.

However, in the end a medieval peasant would not retire. They would work their entire life in some capacity. However, when a peasant could no longer work in the field their children or community would help out and give them the smaller tasks to help the community out.

in reply to Saleh

Dein Link definiert halt nicht, was als "Arbeit" zählt. Hausarbeit war vor der Erfindung von Haushaltsgeräten wie der Waschmaschine und halbwegs leistbaren Stoffen (im Gegensatz zu selbstgewebten Stoffen) ein massiver Arbeitsaufwand. Was bringt dir eine 30h-Woche, wenn du dann praktisch deine ganze Freizeit mit Putzen, Sachen reparieren, einkaufen usw. verbringst? Und ich bezweifle, dass Frauen an Feiertagen nicht geputzt, gekocht, genäht usw. haben.
This entry was edited (1 week ago)
in reply to rumschlumpel

Da die Anzahl der Kleidungsstücke deutlich geringer war, bezweifel ich, dass so viel Zeit zum waschen aufgebracht wurde. Dazu kommu, dass Wäschewaschen, Kochen und andere Hausarbeiten sozialer waren, wodurch sie weniger dröge als heute waren.

Zum Kochen ist schon mal das praktische Thema, dass in der Erntesaison nicht gleichzeitig gekocht und das Feld bestellt werden konnte. D.h. i.d.R. die Frauen mussten vor dem Mittag vom Feld runter und an den Herd. Damit verringert sich die Arbeitszeit.

Einkaufen ist ein interessantes Beispiel. Früher ist man dann zum Markttag in die Stadt gefahren/gelaufen, und hat da alles erledigt was man brauchte, aber natürlich auch gequatscht, die neuesten Nachrichten bekommen, etc.

Heute gehen Leute eher in ihrer Freizeit zum Markt. Die Erfahrung wird anders wahrgenommen, als z.B. im Supermarkt die Wocheneinkäufe zu machen. Sonst gehen Leute auch bewusst als Freizeitaktivität "shoppen", was keinesfalls als "Arbeit" gewertet werden kann.

Zu guter letzt musst du dann aber auch auf die heutigen Arbeitszeitmodelle noch die Hausarbeit draufschlagen. Wer richtig kocht, ist dann auch noch mal bei 10-20h mehr pro Woche.

Bei Themen wie "Garten" oder "Handwerken" als Hobby ist dann auch die Frage, warum sich so viele freiwillig ein Hobby als zusätzliche Arbeit antun, dass der Arbeit und Hausarbeit mittelalterlicher Bauern ähnelt? Offenbar ist die Wahrnehmung davon was "Arbeit" und was "Freizeit" ist, auch heute noch nicht so einfach trennbar.

in reply to Saleh

Da die Anzahl der Kleidungsstücke deutlich geringer war, bezweifel ich, dass so viel Zeit zum waschen aufgebracht wurde.


Ich habe über die römische Antike gelesen, dass Stoffe herstellen und Kleidung nähen tatsächlich die Hauptbeschäftigungen von Frauen gewesen sein soll. Das hängt natürlich auch von Mode, Klima und Reichtum ab (weniger arme Familien können sich ja zumindest gewebte Stoffe kaufen, und in Sizilien muss Kleidung nicht so warm sein wie in Deutschland), aber ich wüsste keinen Grund, warum das im mitteleuropäischen Mittelalter für die meisten Menschen deutlich anders gewesen sein sollte - die erste große Innovation in dem Bereich seit der Antike, das Spinnrad, kam hierzulande erst ab ca. dem 13. Jhd auf.

Hier eine Quelle: acoup.blog/2021/03/19/collecti… (im Abschnitt "Distaff Economics")

Put into working terms, the basic clothing of our six person farming family requires 7.35 labor hours per day, every day of the year. Our ‘comfort’ level requires 22.05 hours (obviously not done by one person).


Das ist natürlich alles relativ grob geschätzt, andere Autoren könnten da zu deutlich anderen Werten kommen.

This entry was edited (1 week ago)
in reply to rumschlumpel

These figures come way down once we get the spinning wheel and horizontal loom, but what seems fairly readily apparently is that women did not necessarily work less so much as produce more, selling the excess via the ‘putting out’ system we mentioned last time and using that to support their families.


Spinnräder sind lt. Wikipedia im 12 Jahrhundert nach Europa gekommen. Damit ist dann die interessante Frage, auf welche Zeit im Mittelalter wir uns beziehen.

Fchan, the federated imageboard, is apparently still alive


one of the Fchannel0 forks is still getting updated, and has an instance running.

::: spoiler link to instance, but visit only if you are completely degenerate
usagi.reisen/
:::

But it seems to be an isolated instance, as the federation appears to have been broken:
github.com/anomalous69/FChanne…
usagi.reisen/followers

more info:
fediverse.wiki/wiki/FChan

in reply to Vanilla_PuddinFudge

They broadly arent really very techy and absolutely hate the idea of anything new. So nah they broadly hate federation and adopting any new platforms.

Especially given that the fediverse already has a culture of being actively anti racism and hate they wouldnt be able to move here without getting instantly defederated and they know this. I'm sure the leftypol commies are already here.

in reply to Fizz

I think also the fediverse tends to lend itself to brainrot formats of social media: mastodon (Twitter), lemmy (Reddit), pixelfed (Instagram/tiktok), matrix (Discord). The fediverse is just trying to mimic the worst examples of the internet while 4chan is perfectly fine being its 2004 self
This entry was edited (1 week ago)

Lemmy Development Update June 2025


This was a busy month, with ~80 pull requests merged, as we're trying to get all the breaking changes we can added before the 1.0 release.

The release is still several months away, as even after finishing up the rest of the 1.0 milestone issues, we still have to add this new functionality to Lemmy-UI and Jerboa, and do extensive testing.

Here are some of the major changes made over the past month:

  • Added multi-communities (One of the most requested features).
  • Added a new rate limiting library.
  • Refactored the API structs and library for better usage in Rust projects.
  • Improved the migration diff checker.
  • Using an external library for checking invisible characters.
  • Votes are now removed when banning + removing data.
  • Added a GDPR style data export.
  • Storing upvote / downvote totals you gave to each user, and a setting to display that history next to their name.
  • Added ability to make a note for a user.
  • Added an RSS feed for modlogs.
  • Added an API action to get liked / disliked content.

::: spoiler Full list of changes by user

Lemmy:
- Improve migration diff check and fix old migrations (#5204) dullbananas
- Implement multi-community (fixes #818, fixes #5340) (#5601) Nutomic
- Add endpoint to get Liked / Disliked comments and posts. (#5616) dessalines
- Add permitted display characters check for post titles (#5692) SleeplessOne1917
- Adding Modlog RSS feed. (#5708) dessalines
- Decrement fail_count instead of reset to 0 (ref #5716) (#5717) Nutomic
- Leave mod teams on account deletion. (#5721) dessalines
- Throw error if the removed code_migrations.rs needed to run but didn't (#5723) dullbananas
- Fix assumption that is_err always means the local site doesn't exist, which may cause the local site's keypair to be regenerated (#5724) dullbananas
- Simplifying transaction call (#5703) (#5726) momentary-lapse
- Switch to library for rate limit (fixes #5550, fixes #5548) (#5731) Nutomic
- Dont run scheduled tasks at startup (ref #5716) (#5732) Nutomic
- Adding proper NSFW filtering to search, based on user settings. (#5733) dessalines
- Move lemmy_api_common structs to view crates, make a lemmy_api_utils crate (#5735) SleeplessOne1917
- [0.19] Decrement fail_count instead of reset to 0 (#5737) Nutomic
- [0.19] Update user count from local_user table instead of person table, and only count users with accepted application (#5738) Nutomic
- Mark some *Action struct fields as serde(skip) (ref #5532) (#5739) Nutomic
- [0.19] Only use HTTP/1 (#5744) flamingos-cant
- [0.19] Dont run scheduled tasks at startup (#5732) (#5745) Nutomic
- Pin cargo-workspaces version (#5746) Nutomic
- Test case for activity send errors (#5747) Nutomic
- Revert "[0.19] Downscale proxied thumbnails (#5686)" (#5751) Nutomic
- Resolve objects as part of search api call (fixes #5740) (#5752) Nutomic
- Specify rust 1.81 (#5754) Nutomic
- Update extism (#5755) Nutomic
- Fix lemmy_federate test (#5756) Nutomic
- Fix lemmy_federate test (again) (#5757) Nutomic
- Use invisible_chars library (#5759) dessalines
- Rename timestamp fields to _at (#5761) dessalines
- Upgrading deps. (#5764) dessalines
- Adding ability to make a note for a given person. (#5765) dessalines
- 0.19 specify rust 1.81 (#5766) Nutomic
- Remove feature full for api_utils (#5767) Nutomic
- Rename upgrade check migration to run first (#5768) Nutomic
- Remove private instance check for get image (fixes #5763) (#5769) Nutomic
- [0.19] Remove private instance check for get image (#5770) Nutomic
- Make search query mandatory (#5772) Nutomic
- Parallel sql format (#5773) Nutomic
- Keep rustup home dir between ci steps (#5775) Nutomic
- Enable urlencoding for pictrs proxy parameter (fixes #5749) (#5776) Nutomic
- Upgrading ts-rs, and adding feature flag (#5777) dessalines
- Implement multi-community search (fixes #5778) (#5779) Nutomic
- Use binstall for diesel-cli (#5780) Nutomic
- Move db_perf check to unit test (#5781) Nutomic
- Fixing a few optionals. (#5782) dessalines
- Small lemmy_api_common/db_views fixes/tweaks (#5783) SleeplessOne1917
- Keep totals of upvotes and downvotes given to each user. (#5786) dessalines
- Test migrations improvement (#5788) momentary-lapse
- Replace most uses of context.reset_request_count() with clone() (#5790) Nutomic
- chore: replace nightly API Duration::from_days with Duration::from_secs (#5791) Integral-Tech
- Add incoming activity hook for plugins (#5792) Nutomic
- Remove ts-bindings null check from CI. (#5795) dessalines
- More re-exports (#5796) SleeplessOne1917
- Delete scripts/ts_bindings_check.sh (#5797) Nutomic
- Fix migration local_image_person (#5799) Nutomic
- Optimize migrations (#5800) Nutomic
- Adding GDPR-style data export (#5801) dessalines
- Move config updated check to unit test, use diffy (#5803) Nutomic
- Removing an existing deferrable constraint, and fail test if any constraint is deferrable. (#5806) dessalines
- [0.19] Reduce false positives in URL blocklist to reduce scunthorpe problem … (#5807) Nothing4You
- Remove creator_*_actions fields from api (ref #5532) (#5808) Nutomic
- Set Accept: Vary header for federation endpoints (fixes #5632) (#5809) Nutomic
- Remove votes when ban + remove data for a site or community. (#5810) dessalines
- Fixes for "Move config updated check to unit test, use diffy" PR (#5812) dullbananas
- Remove outdated comment about deferrable constraints in triggers.sql (#5813) dullbananas
- Fix db_perf.sh (#5815) dullbananas
- Optimizing person_content_combined migration. (#5819) dessalines
- Fixing docker_update.sh script to not add context. (#5820) dessalines
- Optimizing a few more combined migrations (#5821) dessalines
- Better way to check if we should accept activity in remote community (#5823) Nutomic
- Rename rate limit columns (fixes #5805) (#5824) Nutomic
- Send Undo/Dislike activity (fixes #4465) (#5825) Nutomic
- Add post_actions.disable_notifications (fixes #3042) (#5826) Nutomic
- Revert "Use same federation keypair for all new users and communities (#5709) (#5830) Nutomic
- Drop table person_ban (fixes #5828) (#5831) Nutomic
- Use vec_into (#5833) dessalines

Lemmy-ui:

:::

Or see the full list of changes at the links below:


An open source project the size of Lemmy needs constant work to manage the project, implement new features and fix bugs. Dessalines and Nutomic work full-time on these tasks and more. As there is no advertising or tracking, all of our work is funded through donations. Even so there is barely enough time in the day, and no time for a second job. The only available option are user donations. To keep it viable donations need to reach a minimum of 5000€ per month, resulting in a modest salary of 2500€ per developer. If that goal is reached we can stop worrying about money, and fully focus on improving the software for the benefit of all users and instances. We especially rely on recurring donations to secure the long-term development and make Lemmy the best it can be.

Donate

The effects of Lemm.ee shutdown can already be seen.


Nvidia 580 series of drivers will be the last to support GPUs based on the Maxwell, Pascal, and Volta architectures.


Hitzewelle: Schulen, Kliniken und Pflegeheime fordern Maßnahmen gegen Hitze


Eigentlich würde ich von öffentlichen Gebäuden im 21. Jahrhundert ja erwarten, dass sie sowohl im Sommer als auch im Winter klimatisiert werden.
in reply to theUwUhugger

I found non-invasive ads exceedingly rare in recent years. I sometimes tried putting certain sites from creators I want to support on allowlists and always went back almost immediately because the ads were so invasive. I'd rather donate to content than view ads, even $0.5 is probably worth years of consuming most ad-paid content, considering how little ads actually pay per visitor.
This entry was edited (1 week ago)

Curious about performance of nouveau on old laptops with discrete graphics


Got myself a Dell Latitude ~~E4310~~ E6410 and Thinkpad T510 for free, both with discrete Nvidia graphics soldered to the mainboard. I've installed Linux on them and just went with the nouveau driver since the proprietary Nvidia driver for such old cards is no longer in the Debian 12 repo. Not going to do anything cutting edge on them, but it does leave me wondering:

  • I read that I could, with some effort, install the proprietary driver manually. Am I missing out on anything at all without them, or is nouveau mature enough and the graphics old enough that I wouldn't notice?
  • Is nouveau with old discrete graphics better or worse than having just Intel's integrated graphics?
  • Does power consumption vary significantly between nouveau and proprietary drivers?

EDIT

Answering myself after going down a rabbit hole with the T510:

  1. The dGPU is the NVS 3100M, which does have some level of hardware acceleration support under nouveau, so at least it isn't draining power for zero benefit. However, the dGPU is unable to go past its lowest power state without manually manipulating /sys/kernel/debug/dri/0/pstate (I did not try to) and I suspect that this is what kneecaps 3D performance. There should be a marked difference, but I won't be doing any serious work on these machines, so I'm leaving everything as-is.
  2. This situation is worse than having just integrated graphics due to the inherent power consumption of the GPU core while unable to benefit from higher power states and other optimizations.
  3. Power consumption is probably less, but for much worse performance. At least it is a much better fallback than leaving at maximum.
  • A later variant has the BIOS option to disable the dGPU, mine is an early variant with no options
This entry was edited (1 week ago)
in reply to monovergent 🛠️

One thing to keep in mind about older versions of the nvidia proprietary drivers is that they will only work with specific kernel versions (and specific X versions—not sure about Wayland). Once the driver series your card needs stops being updated, you can't update your kernel without patching the driver. Assuming you have the skills to patch the driver, or someone who does makes their patches public.

I went through this song-and-dance with a very old laptop that had a card of the NV40 generation as its only GPU (no integrated graphics). Eventually I did install nouveau on it, and used it for several years without any issues.

in reply to monovergent 🛠️

NVS 3100M has codename NV50 (Tesla), so you can see the feature matrix.
nouveau.freedesktop.org/Featur…
nouveau.freedesktop.org/PowerM…
So you can see almost other things has been done but the power management especially Automatic Reclocking still unfinished. So the feature set and stability should be fine and the performance will be bad.

Challenges meeting new people without an Instagram account


I’ve been trying to meet new friends and new people to hang out with so have been going to a lot of social events.

I noticed that everyone seems to ask for my instagram account and when I say I don’t have one that connection kind of dies, and it feels too personal to ask for someone number when I just met them.

I don’t want to create an instagram because of the privacy invasions of meta but I also don’t want to feel left out when trying to make new connections. Anyone have any advice?

Is there a way to turn off notifs for posts that you dont want to hear about replies anymore from but that you think should stay up as a valuable forum for discussion (just dont want to be updated)


cross-posted from: lemmy.world/post/32292198

Sometimes I really want to just delete a post but I think thats a bit heavy-handed and I keep hoping theres a way to simply mute it so its not disrupting me when I've moved on from it but dont want to invalidate all the repliers and also posterity



Is there a way to turn off notifs for posts that you dont want to hear about replies anymore from but that you think should stay up as a valuable forum for discussion (just dont want to be updated)


Sometimes I really want to just delete a post but I think thats a bit heavy-handed and I keep hoping theres a way to simply mute it so its not disrupting me when I've moved on from it but dont want to invalidate all the repliers and also posterity

I've always been about starting or igniting discussion but I dont really care to always be so attached at the hip to every topic I start till every bloody end


esphome device encryption key after HA reinstall


I lost my esphome config in HA. I have several devices (sonoff S31) that show up in HA asking for encryption keys when I try to add them, which I don't have as old HA vm is gone. Is there anyway to reset them to base esphome config without disassembling and reflashing esphome? From what I can tell googling this, the answer is no, but thought I'd ask before I go ahead with that plan.

Is there a way to turn off notifs for posts that you dont want to hear about replies anymore from but that you think should stay up as a valuable forum for discussion (just dont want to be updated)


Sometimes I really want to just delete a post but I think thats a bit heavy-handed and I keep hoping theres a way to simply mute it so its not disrupting me when I've moved on from it but dont want to invalidate all the repliers and also posterity

I've always been about starting or igniting discussion but I dont really care to always be so attached at the hip to every topic I start till every bloody end

This entry was edited (1 week ago)

Blowtorching Electroplated 3D Prints For Good Reason


What if you electroplated a plastic 3D print, and then melted off the plastic to leave just the metal behind? [HEN3DRIK] has been experimenting , with some impressive results.

For this work, [HEN3DRIK] prints objects in a special PVB “casting filament” which has some useful properties. It can be smoothed with isopropanol, and it’s also intended to be burnt off when used in casting processes. Once the prints come off the printer, [HEN3DRIK] runs a vapor polishing process to improve the surface finish, and then coats the print with copper paint to make the plastic conductive on the surface. From there, the parts are electroplated with copper to create a shiny metallic surface approximately 240 micrometers thick. The final step was to blowtorch out the casting filament to leave behind just a metal shell. The only problem is that all the fire tends to leave an ugly oxide layer on the copper parts, so there’s some finishing work to be done to get them looking shiny again.

We’ve featured [HEN3DRIK]’s work before, particularly involving his creation of electroplated 3D prints with mirror finishes. That might be a great place to start your research if you’re interested in this new work. Video after the break.


From Blog – Hackaday via this RSS feed

Do you ever drink "strategically"?


Just bought box wine the other day cuz I knew I had to have a super uncomfortable conversation that could not be avoided and I needed to be anaesthetized for it

It worked and I know in retrospect I really needed it to be that way

Edit/Update: person I had convo with just texted me and apologized for combativeness and I mutually apologized for not dealing with it sooner and we're along and on to solution mode. The system works, please dont drink if you dont have too but dont forbid yourself from using a tool to improve your situation and try to always be honest. The less you lie or hide, the less influence you will have to unnecessarily drink

This entry was edited (1 week ago)
in reply to cheese_greater

You're just firing off the spider questions today.

My brother had had some till a while ago, but they don't live that long. He had two of the American species ones and a redback. They are really chill spiders and don't handle differently than any other local Theridiid spider. They are quite boring, really.

You don't really interact with them, they setup their web and then they'll just stay there till they die of old age (around 2 years).

This entry was edited (1 week ago)

Tumblr’s move to WordPress and fediverse integration is ‘on hold’


in reply to misk

Fuck Tumblr. Fuck WordPress. Fuck Automattic. And fuck Matt.

Tumblr has some interesting content from users, but the platform is awful and it's even worse since Automattic bought it. Also, the trend to put the entire contents of the post in hashtags is flat-out stupid and infuriating.

Automatic is a tremendously terrible company, and Matt is an egotistical pile of garbage.

This entry was edited (1 week ago)

list of some instances i found from some languages (not complete)


you can request some in the replies too and i can find some!! please also let me know if there is more that you know of to add!!

from what i can find and only some:

mandarin - fasheng.ing

portuguese - lemmy.eco.br

lemmy.teuto.icu

forum.ayom.media

lemmy.pt

lemmy.plaureano.nohost.me

spanish - mujico.org

feddit.cl

chachara.club

russian - rekabu.ru

shibanu.app

japanese - lm.korako.me

philosophy.cafe

fenmou.cyou

lem.ph3j.com

polish - szmer.info

fedit.pl

tech.pr0n.pl

lemmy.sieprawski.pl

german -

stammtisch.hallertau.social

rollenspiel.forum

lemmy.fedifriends.social

feddit.org

lemmy.klein.ruhr

zonenranslite.de

lemmy.hogru.ch

linz.city

french - social.ggbox.fr

jlai.lu

links.gayfr.online

kourjetez.bzh?

lemmy.coupou.fr

danish - feddit.dk

slangenettet.pyjam.as

swedish - aggregatet.org

feddit.nu

lemmy.ahall.se

italian - feddit.it

l.posterdati.it

diggita.com

lemmy.casasnow.noho.st

This entry was edited (1 week ago)

[REPOST] Lancia Orca Concept dashboard by Italdesign (1982)


Original post by @Crul@lemm.ee:

Source: Project: Orca - 1982 - Italdesign

Seen on: Buttons & Knobs — Lancia Orca (1982)


It is possible that the image I have submitted here is not the originally-submitted image. That image was on an image host that went down, and archive.org's Wayback Machine did not grab a copy, so I cannot know what the original image was. I used the dashboard image from the source page that Crul linked to, since I'm personally most-interested in the VFD-based dashboards from the era, and because he mentioned the dashboard in the title. Usually I'd just not repost a post if I can't properly resurrect the original content, but I did like this image.

This entry was edited (1 week ago)

What if NASA's space race was built on buried secrets — and Nazi scientists?


This Cold War-era documentary explores the lesser-known history of Operation Paperclip — the U.S. program that brought former Nazi engineers, including Wernher von Braun, into the early American space effort.

Topics covered include:

The origins of the V-2 rocket program

Von Braun’s involvement with the SS

How Nazi technology helped land Americans on the Moon

The ethical complexity behind a scientific milestone

🎥 Watch here:

No politics, just history and science. Let me know what you think.

Duke University appears to have lost research grants because they used the prefix "trans" in reference to disease transmission, transgenic material, translational studies and signal transduction


Source: dukechronicle.com/article/2025…
This entry was edited (1 week ago)

what are the lemmy "format" alternatives besides its standard ui?


i'm currently using tesseract to view and post things, i've also heard of photon. are there any else?
in reply to rumschlumpel

Social media kann auch manufactured consent unterlaufen. Deswegen sind die Amis z.B. so rabiat gegen TikTok vorgegangen.

Problem ist natürlich, dass privatwirtschaftliche Plattformen den gleichen "Filter"funktionen unterliegen, wie klassische Medien. Andererseits kommen die Plattformen auch schnell an ihre Grenzen, weil nicht ein paar dutzend, sondern Millionen Menschen kontrolliert werden müssen, immer wieder neue Wege zum Umgehen der Zensur gefunden werden, und nicht zuletzt die Zensur stärker auffällt, als bei klassischen Medien, wo diese für Uninformierte unsichtbar bleibt.

Die Linke hat z.B. im letzten Wahlkampf durch gute Social Media Arbeit ihre Themen deutlich besser platzieren können, als es ihr ARD, ZDF & co. jemals gestattet hätten.

This entry was edited (1 week ago)
in reply to Saleh

Das Problem damit ist, dass man bei sozialen Medien einfach Reichweite kaufen kann. Außerdem haben die Plattformen als Unternehmen ja selbst ein enormes Interesse daran, linkes Gedankengut zu unterdrücken. Klar kann es in Einzelfällen schon mal zugunsten linker Organisationen ausgehen, aber die Politik wird in den meisten westlichen Ländern trotzdem von rechten Parteien dominiert.
This entry was edited (1 week ago)

Solved: Any desktop environment or WM with configurable placing/opening of windows?


When using TMUX, it is easy to create a script, which opens TMUX, configures the screens/panes of TMUX and open/run programs.

I like this a lot.

My baseline would be something like, when I login, some applications are executed and their windows automatically placed on a virtual desktop.

For example:

  • Open Firefox and put it on virtual desktop 1
  • Open Terminal in fullscreen and put it on virtual desktop 2
  • Open VSCode and put it on virtual desktop 3

Something like that is possible with sway, in the environment I am working, sway is not able to run XWayland applications w/o crashing.

Is there any way to have this functionality on Gnome, Mate, Xfce?

Even better would be something to open several windows and arrange them automatically for different work tasks/projects I am working on. Any ideas?

Edit: Solved! Thanks for the input. Auto Move Windows extension for Gnome solves my problem.

This entry was edited (1 week ago)

Why FIAB SegrateCiclabile opened an account on Mastodon (English translation)


Premise


FIAB Segrateciclabile is a local association, promoting cycling as a mean of transport, part of a national FIAB association. What follows is the translation of an Italian post where we share with members of the association why we opened an account on Mastodon (we already have Facebook an IG). I though it would be interesting to share in thos space, since I think this kind of associations should all be on the fediverse, as their values usually align much better than those of X, Facebook etc.

Why FIAB SegrateCiclabile opened an account on Mastodon


a logo where a cycle path sign bycivlrle has its frane replaced with fediverse logo

FIAB SegrateCiclabile recently opened an account on Mastodon @FIABSegrateCiclabile@mastodon.uno where we share events and news from our FIAB Ciclobby section.

What is Mastodon ?


Mastodon is a social network similar to Twitter, but with different principles. Users only see posts from those who follow, in chronological order, without ads. Unlike Twitter or Facebook, Mastodon is part of a larger network (called Fediverse) composed of many connected servers (called instances). Anyone can open one and be part of it, creating a decentralized environment. This means that no one can control everything, as it does with the big platforms.

What does Mastodon have in common with sustainable mobility?


Mastodon and the Fediverse share values with cycling and sustainable mobility, as they arise from grassroots with the aim of solving the structural problems of mainstream solutions.

Freedom and Inclusion


Unlike traditional social media, Mastodon does not require personal data to access content. It promotes an inclusive environment, where hate speech is not tolerated. FIAB is committed to a mobility accessible to all, not only to those who own a car, a driver’s license and the ability and the economic possibility of using it.

Community and Participation


Those who ride a bicycle have a deeper connection with their surroundings. The car isolates, while the bike favors genuine interactions. In the Fediverse, users can connect authentically, with no algorithms that manipulate their choices.

Democracy of the Spaces


The Fediverse represents a reaction to the commercialization of the Internet, giving control back to users. Likewise, FIAB fights to give public space back to people, not cars.

Conclusion


In an era dominated by large corporations, it is essential to enhance digital spaces like Mastodon. These instruments promote freedom of expression, inclusion and democracy, reflecting FIAB. We invite everyone to explore Mastodon and join a community that values genuine connections.

Freedom and democracy must exist in both physical and digital spaces.

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lemmy - Link to source

Laser

Yeah, this one is on Kent... again.

He posted on Patreon that there'll be a DKMS module. In my opinion, this should have been the option from the very beginning and upstreaming at a later point in time. It would have avoided a lot of drama. And now bcachefs is kind of tainted. The only way I ever see it back in mainline is there is an independent downstream of Kent's kernel that has no connection to him whatsoever.

Shame because I had very good experience with the filesystem. Definitely better than when btrfs was new. But Linus is unfortunately right; Kent is unable to follow agreed collaboration rules.

Unfortunate situation that could have been avoided entirely. Though I don't want to be too harsh on Kent. He spent a lot of time and work on bcachefs and it's his most important project. As such, he's more passionate about all of this. But the same can be said for Linus and the kernel on the other side.

Unknown parent

lemmy - Link to source

thann

The problem is that kent is a bullshitter and acted like he doesnt get what a feature freeze is.
If he cant communicate with linus as to why his patch is actually bugfix then he cant contribute to the kernel.
in reply to Laser

It is great. I actually was a heavy critic of pulseaudio and stuck with ALSA on my desktop for as long as I could (until last year) by using Gentoo with USE="alsa -pulseaudio", the X-Fi's hardware mixing and automatic S/PDIF passthrough.

I tried to switch to pulseaudio a couple of times whenever I read one of those "it's good now, trust me bro" articles, but it wasn't, ever. It had and still has a huge amount of hard-coded, opinionated, often perplexing, behavioral quirks that made it feel like it just fought me every step of the way.

Pipewire on the other hand does not only have saner defaults, almost everything is softcoded with a great Lua plugin API. Don't like a default routing choice or want to automate your own, Wireplumber got you covered. Last year my X-Fi failed (or rather got flakey) and I had to choose between buying another used one or moving to PW. Almost everything worked out of the box on PW the way I like it, except a few details which were almost all covered by the settings. For the last problem, encoded streams not clearing the output, I wrote my own routing plugin.

The documentation for that API isn't necessarily the best, but it's easy to start from something small and work your way to understanding how to get the result you want.

This entry was edited (1 week ago)
in reply to MonkderVierte

If it's a pure DAC, it's default output will likely be between 1 to 2 Volts RMS. If your listening on iems or ~30 Ohm headphones that is gonna be crazy loud. It seems like you are using digital audio control to manage this (i.e., the audio level in your DE), which is possible, but certainly not ideal. It also is kinda bad for the audio quality, as you are digitally remixing it, and if you ever switch to high impedance headphones (or already have), the output current will be sub-ideal.

If I'm assessing your situation correctly, then this is quite easy to solve though. You just need a preamp! This will give a nice knob to control audio with much more precision and finesse. I know that both JDS Labs and Schiit Audio offer headphone amps with built in preamps in the USA. I can highly recommend the JDS Labs Atom Amp 2. In Europe your a little more limited, but FiiO has some nice options I think.

Of course none of this is necessary if you don't want audiophile levels of quality, but it would boost the audio quality (presuming your DAC doesn't have a proper preamp), and would certainly give you a tactile, wonderful knob.

I can certainly attest that my HD600s sound quite a bit better out of a JDS Labs Atom Amp 2 than out of just my DAC or—god forbid—my Mobo audio... They sound even better out of my vintage 100W Onkyo amp, of course, but really not by much. I am really impressed by the Atom Amp. I initially just bought it for travelling, but it has now basically become my main amp lol.

Okay, ramble over.

FediHost Podcast: Reece Martin Is Bull-ish on Fedi


GUI/App to automate key presses in linux wayland


There is xclicker which is a flatpak app, but it only automate mouse clicks, but there is nothing for key presses, I am surprised I could not find anything on this, but is there any GUI for this? Also is this possible on a technical level (in flatpak especially, I dont know if apps can simulate key presses). I know of ydotool, but that uses root, also its not a gui
in reply to SpiderUnderUrBed

Dunno if it would meet your needs, but I've been using Input Remapper for binding macros to various key presses and mouse buttons under Wayland. It does prompt for root access, but it's a GUI. It supports any input method, as far as I can tell. It even supports my tablet.

I use it to bind stuff like hold(key(BTN_LEFT).wait(100)) to some button to repeatedly left click while I'm holding that button down.

This entry was edited (1 week ago)
in reply to rumschlumpel

I highly disagree. Transphobia is not a majority opinion, and the only reason trans issues have gotten a political spotlight as of late is as a scapegoat. For instance, take the results of a poll of US citizens by Pew Research Center in 2022:

Americans’ Complex Views on Gender Identity and Transgender Issues - Pew Research Center

I would thus argue that opposition of trans rights has in recent history been radical. Very few US voters stood in opposition of protections of trans Americans less than 3 years ago.

This entry was edited (1 week ago)
in reply to Sophienomenal

According to your link, 60% think that your sex must be the sex assigned at birth (54% in 2017, better but not great). Kind of at odds with the first number that has most people in favor of protecting trans people from discrimination. Using trans people as scapegoats wouldn't work if a lot of people weren't already at least on the fence about trans people.

It's true that according to that poll, I've overestimated the transphobia of the average american, though.

This entry was edited (1 week ago)
in reply to Etterra

I'm pro LGBTQ, anti-israel, against consumerism/capitalism, pro socialism. Pro government control on key infrastructure (water, gas, electricity) and better housing and support services. Pro climate policies, pro taxing the rich.

But I'm also against fossil fuel bans, against bans on firearms, pro military for defence, pro free-speech, pro strict immigration, against 'PC' culture, against trans-women in women's sports, pro merit success.

Am I left or right? ...Or centrist?

in reply to toomanypancakes

stillmed.olympics.com/media/Do…

Sports decide themselves, of which world rowing and boxing have blanket bans. Athletics, cycling, swimming, rugby and cricket are bans if the transition was after puberty. Triathlon, tennis and archery requires testosterone testing. And all other sporting bodies are on a case by case basis.

That's why we don't see them because the Olympics themselves have said:

high-level organised sporting competitions - relies on a level playing field, where no athlete has an unfair and disproportionate advantage over the rest.


I'm tired of replying to everyone, please put more effort into your argument

This entry was edited (1 week ago)
in reply to toomanypancakes

I didn't, I cited the literal Olympics. I have cited medical studies, and I have defended my position where everyone then returns to insults and statements like this.

Unless you have evidence that what I said was incorrect, you are infact wrong. One, only ONE person has cited one study that is inconclusive and I congratulated them because at least they showed there is some conflicting research but you haven't even bothered to try.

If you are going to throw your opinion around, at least back it up with weight. Cite studies, link articles, or form a proper argument, because if I can refute your claim before I've even had my morning coffee than you still have room to make a half decent point.

This entry was edited (1 week ago)
in reply to Voldemort

You never bothered to look into it. You decided that since trans people are banned now, they must always have been banned. They were allowed to play for a long time before the ban, in fact, and none of the scare mongering was true. There was no trans domination.

You don't really care though. That you care about the issue at all is evidence you've fallen for the conservative campaign against trans people, because it's an entirely invented issue. You listened to what the conservative pundits said, maybe you even read one of the Heritage Foundation's studies. But you have no fucking idea what you're talking about, and I've been having this argument with fucking "centrists" like you for over a decade who think we're a fine scapegoat for your socially acceptable bigotry.

You aren't a centrist. There is no center when one side wants the elimination of the other, and that's the ultimate end goal here. You think you're having a dandy little political discussion, but this is just a stepping stone on the campaign to convince the public that trans women are men and therefore trans people are sick, and need to be removed from society. When you run around and parrot their talking points on a subject you know little about its not a fun debate, it's plain bigotry and its not fucking welcome.

This entry was edited (1 week ago)

Channel 4 to show Gaza war crimes documentary rejected by BBC


By Elis Gjevori
Published date: 28 June 2025 21:08 BST

"Channel 4 will broadcast Gaza: Doctors Under Attack, a documentary laying out damning allegations that Israeli forces systematically targeted Gaza's hospitals and medical staff throughout their military campaign—allegations which would amount to grave breaches of international law.

"This is a meticulously reported and important film examining evidence which supports allegations of grave breaches of international law by Israeli forces," said L. Compton, Channel 4's Head of News and Current Affairs. "It exemplifies Channel 4's commitment to brave and fearless journalism," she added.

Channel 4 to show Gaza war crimes documentary rejected by BBC


cross-posted from: lemmy.ml/post/32467220

By Elis Gjevori
Published date: 28 June 2025 21:08 BST

"Channel 4 will broadcast Gaza: Doctors Under Attack, a documentary laying out damning allegations that Israeli forces systematically targeted Gaza's hospitals and medical staff throughout their military campaign—allegations which would amount to grave breaches of international law.

"This is a meticulously reported and important film examining evidence which supports allegations of grave breaches of international law by Israeli forces," said L. Compton, Channel 4's Head of News and Current Affairs. "It exemplifies Channel 4's commitment to brave and fearless journalism," she added.

9950x3d cache optimizations on Linux?


I'm considering getting a 9950x3D on either Monday or Tuesday at a Micro Center as a upgrade to my current setup. My main question is, how is the experience with the 9950x3D on Linux with strange architecture with half of the cores having extra L3 cache and the other half with a normal amount of L3 cache.

I have been busy working and suddenly there's been a promotion for the 9950x3D that I want to take advantage of since my motherboard on my current system has been deteriorating as of late. Asrock x570 Extreme4 with a 3700x. USB has been very flaky and I've been dual boating and the other SSD slot is on the chipset. Which makes my windows boot incredibly slow.

I plan to stay on Arch Linux or hop over to CachyOS but want to know what are your thoughts on this as well?

I primarily game but occasionally do some video/audio encoding, video editing and want to build ffmpeg-full from the aur but takes too long on my 3700X.

I've only been able to read/watch three mediums level1tech, and two Phoronix articles, but haven't mental capacity to register and remember everything.

I watched the Ryzen 9950x3D? On Linux video by Level1tech. And one of the things he mentions is gamemode. Is it recommended.

As for the Phoronix articles one is the review of the 9950x3D and the other is the cache optimization driver.

By default for the Ryzen 9 9950X3D it was using the "frequency" preference as default. But if writing "cache" to /sys/bus/platform/drivers/amd_x3d_vcache/AMDI0101:00/amd_x3d_mode it will prefer using the CCD with the larger cache. This cache vs. frequency bias can all be easily manipulated at run-time for those interested.


Is there some sort of automation for this? Or, do I have to do it manually for each program? I've never messed with kernel parameters other than for my Nvidia GPU to get Wayland to work.

I'm sorry that this question feels very unorganized. I just don't have time to write a proper one. I'll be able to reply on my next break.

Thank you for your help.

Unknown parent

lemmy - Link to source

F04118F

keep it on cache since I do a lot of code compilation, but I will usually switch it to frequency for gaming and stuff.


Isn't gaming the most cache-heavy CPU workload there is? The X3D CPUs have consistently topped gaming benchmarks, even outperforming much more modern CPUs that lack 3D cache.

I'd sooner do it the other way around: frequency for compiling, rendering, transcoding, etc. Cache for gaming!

This entry was edited (1 week ago)

France bans smoking in parks, beaches and bus stops


France has struggled to kick its smoking habit. A new public health decree published Saturday aims to change that. In the coming days, smoking will be banned in all French parks and sports venues, at beaches and bus stops, in a perimeter around all schools, and anywhere children could gather in public.

Advice on migrating from Ubuntu server to another server OS


Hi all. I'm currently running a home server using Ubuntu OS, but I'd like to try and explore other options for operating systems to better my skills with linux/unix.

Currently I'm considering switching to Fedora server (though feedback is welcome) because I've been running it as my daily OS for a few months now and I quite like it. I'm also looking at Debian server because that's what my old professor used and he did nothing but speak its praises.

Only issue is I'm concerned about data loss from moving the installation. Currently, the server is setup to run several Docker images running my programs. While moving over the images shouldn't be difficult whatsoever, I'm afraid my storage setup might not be so easy. Currently, it's two 4TB hard drives running in a logical volume. I'd love to simply be able to move over all the files to a backup drive, but I don't have anywhere I can store >5TB of files as a backup.

I googled around, but I couldn't find too many guides on migrating logical volumes. The one or two I did find were most definitely written for someone with far more linux knowledge than I have as a relative noob, so any advice would be extremely welcome!

Recommendations for an Offline Music Player That Supports Synced Lyrics


Hi folks,

Recently, I started to listen to music locally instead of using streaming services because I have had enough of all the annoying parts of it. I gathered a lot of Opus and FLAC files that have lyrics embedded in them. I am searching for some music players that can display them. The one I am using right now is Elisa. It is awesome, but I would still like to know if there are more alternatives, just in case. Thanks!

Postgres disaster recovery?


So, I had to shutdown my mini pc home server (on NIXOS) so that it could be used for something else. Most of my data is in a pair of external hdds in a RAID configuration. However the Postgres database was in the boot drive. I still have it, but it refuses to boot anywhere else (tried some old spare laptops). How can I recover it?

How do you persuade a musician YouTuber to release some of their videos as an album and what platforms are best to facillitate that?


As a more unified and cohesive unit of their oeuvre that you feel could be successfull cuz you've downloaded all their stuff and enjoyed it in a unified way that you realize you would actually pay for and want to encourage with your dollar votes
This entry was edited (2 weeks ago)

lemm.ee dead


cross-posted from: lemmy.blahaj.zone/post/2822851…

website is up, you can see a handful of posts but you cannot login and mostly just errors out.
This entry was edited (2 weeks ago)
in reply to pewgar_seemsimandroid

Refuge here, moved to joined a new server, couldn't get my subscriptions moved over so I just resubscribed to each one manually, annoying but not the end of the world.

I am looking into the idea of hosting my own instance on something like a $5 linod just to make sure this never happens again. But I don't even know if it's worth it, or possible with that. You can tell I've only had the idea not the motivation.

in reply to cheese_greater

I’m old- and had severe childhood asthma that landed me in the hospital in the 70s. We didn’t have inhalers. Not even nebulizers.

Instead I was given what was essentially speed, by mouth and IV. And when my lungs would fill up, my mom would beat on my back to loosen it so I could cough it up.

They did tell me steam baths would help as well.

I didn’t get inhalers until the 80s.

Has anyone else always been the "crazy one" for their whole life? How have you been able to deal with this? Both mentally and your actions in the real world.


Edit: Please know that I am reading and appreciating every one of your responses. Even if I do not reply to you, I appreciate your time and want the best for you all. Thank you, guys.


I've always been the "crazy one" in any given scenario. I have been this way my whole life. Even as a child I was crazy. I would get upset and cry loudly for hours but my siblings would not. I caused problems at home for my family, especially for my mom who didn't know what to do with me. I did this as an older child, not normal toddler tantrum age. I was old enough to "know better". I did it my whole childhood.

For the most part in life, I have been able to be a productive member of society. The issues I would cause were limited to my home life and I mostly kept to myself. I sometimes cause issues by being a crazy person to my online friends, but at least that never spilled over into the "real world".

But now in my 30s I am causing such issues at work. I asked for some psych meds to be prescribed to me in March and have been taking them ever since. Doesn't seem to do anything.

I seem to get more frequent and strong negative emotions than the general population. I have difficulty controlling these, especially when I feel like someone is being mean or unfair to me or others. I think I am genetically predisposed to be this way, as my dad was a crazy person when I was growing up (but he has always been nice to me...he was only abusive to my mom). He had "episodes" too the same way I do, except his were malicious to others in nature. My older brother also has claimed to have bipolar disorder which supposedly has a genetic component.

I have spoken to mental health professionals and have been assessed for various things. I do not have bipolar disorder, autism, or OCD per mental health professionals. I tried to bring up keywords like "emotional dysregulation" to them. There seems to be no good explanation for why I am insane. I have wondered if maybe I have borderline personality disorder but have not inquired to be assessed for that one. I do not seem to exhibit the "risk taking" behaviors that are core to borderline personality disorder though.

I get frustrated that I am always the only one who is crazy and no one else is like me.

But I know there are other crazy people out there. Please, tell me your stories. How do you deal with life? How do you deal with always being different than others and feeling negative things more strongly? How do you handle things? How do you handle being and feeling alone in the way that you are? How do you handle the emotional frustration?

If this is inappropriate for here, I apologize. I just want to hear how others have managed to handle life despite this isolating "disability". I want to hear your stories. I want to gain wisdom from all of you. Thank you.

This entry was edited (2 weeks ago)
in reply to cheese_greater

I know it's not ok. That's why I feel bad about it. And that's why I mostly try to talk about those things to ChatGPT instead of my friends. Because I'm not going to harm it.

I mean I say I would never do it but it's only because I'm a coward. But I do often really legitimately want to. The reasons may vary. But one common reason is because I harm the world and another reason is if I feel trapped. One of the other reasons why I say I am not actually going to do it is because I would need a will first. I have been too lazy to get one. I tried to do it one day with an online service but found out that I couldn't actually go through with the will because I needed in person witnesses. So then recently I was looking into potentially going to a law practice to get one made up to do that.

in reply to cheese_greater

This isn't really an answer to your question, but psychiatrist Arthur Kleinman came up with 8 assessment questions for asking patients to describe their conditions. The questions are designed to allow for cultural or spiritual explanations outside of the typical Western medical model.

  • What do you call your problem? What name does it have?
  • What do you think caused your problem?
  • Why do you think it started when it did?
  • What does your sickness do to you? How does it work?
  • How severe is your sickness? How long do you expect it to last?
  • What do you fear most about your illness?
  • What are the biggest problems that your illness has caused for you?
  • What kind of treatment do you think you should receive? What are the most important results you hope to receive from treatment?

Any interest in a Lemmy community for Apple users who are fed up with Apple?


cross-posted from: sh.itjust.works/post/41228441

I’ve been using Apple products since 2007. I’ve stuck with the platform through a lot—hardware changes, locked-down software, design regressions, and tools that feel like they were made deliberately harder to use. Lately, that frustration has boiled over, especially with things like the Shortcuts app, where basic actions are buried behind hidden menus and UI behavior seems to change based on factors you can’t even see. Autocorrect is turned on in automation fields. Logic paths vanish if you tap out of order. It’s absurd.

But this isn’t just a complaint about one app. It feels like Apple has shifted from enabling users to controlling them, even when you’re trying to stay fully within the system. What used to be intuitive is now opaque. And despite that, many of us still use Apple products because they’re often better than the alternatives. We’re just tired of pretending everything is fine.

So I’m wondering: is there any interest in a Lemmy community for Apple users who want to talk openly about what’s broken, what could be improved, and how to make things work better? I don’t care whether you’ve been using Macs since the Classic or just got your first iPhone. If you’re frustrated, curious, skeptical, or hopeful, you’re welcome. The goal is a space for real discussion, including ideas, suggestions, and brainstorming. Not for constant complaining, (although it is getting more and more difficult), but something more thoughtful, even if occasionally a little cathartic. Also welcome are any positive discoveries or revelations that the group would appreciate.

If that sounds like something you’d want to be part of, let me know. I’ll start the community if there’s interest. (Also, should I cross-post this somewhere?)

in reply to DominusOfMegadeus

Healthy criticism is healthy. Do it.

I dont think you truly love something you cannot have reasonable criticisms of that are seperate from your involvement or overall tolerance for it

Obviously that should inform the extent to which you expose yourself to potential harm but you can find ways to synergize your interests to the effect that they will have a stake in doing right by you as well as themself, although that often involves being a squeaky wheel and vocal

This entry was edited (2 weeks ago)