Péonia on X: La prophétie de Todd sur la guerre en Ukraine: pourquoi la Russie a déjà gagné et pourquoi l'Europe s'autodétruit.
via Strategic Culture
📍Il y a des voix qui, dans le grand fracas de l’histoire, murmurent des vérités que personne ne veut entendre. Et puis, il y a celle d’Emmanuel Todd. Historien, démographe, essayiste, Todd n’est pas un commentateur ordinaire. C’est l’homme qui, en analysant les taux de mortalité infantile et les structures familiales, a prédit l’effondrement de l’Union soviétique alors que tous la croyaient éternelle. Un « détective de la démographie » capable de discerner les fissures profondes sous la surface des empires.
Aujourd’hui, cette voix s’exprime à nouveau, avec une clarté brutale qui ébranle nos certitudes. Dans une récente interview explosive accordée à la presse germanophone, Todd ne mâche pas ses mots. Le sujet est la guerre en Ukraine, mais son analyse va bien au-delà du champ de bataille. Elle parle de nous. De notre avenir. Sa thèse, simple et terrifiante, est la suivante : la Russie a gagné la guerre, et l’Occident, perdu dans un labyrinthe d’illusions, ne s’en est même pas rendu compte.
Il ne s’agit pas de l’opinion d’un « idiot utile » du Kremlin, comme il s’attend lui-même à être qualifié. C’est le diagnostic implacable d’un médecin observant son patient – l’Europe – s’infliger des blessures mortelles, persuadé de lutter pour son salut. C’est un voyage au cœur des ténèbres de notre époque, une analyse que nous devons avoir le courage d’écouter.
📍Le choc de la normalité : un voyage à Moscou
Pour comprendre le raisonnement de Todd, il faut commencer par là : Moscou. Invité à une série de conférences, l’intellectuel français s’attendait à trouver une capitale assiégée, écrasée par les sanctions et le poids d’une guerre totale. Au lieu de cela, il a vécu ce qu’il appelle un « choc de normalité ».
Imaginez la scène. Les rues grouillent de vie, les regards rivés sur les smartphones. Les magasins sont pleins, les paiements s’effectuent par carte bancaire, les trottinettes électriques filent comme à Paris. Todd relève un détail presque comique, mais révélateur : « La grande différence, c’est que tous les escalators et ascenseurs fonctionnaient. » Ce n’est pas l’image d’un régime au bord de l’effondrement. C’est celle d’un pays qui a absorbé le choc, s’est réorganisé et continue de vivre.
Cette « normalité » n’est pas anecdotique, mais constitue le premier pilier de sa thèse. Alors que l’Ukraine mène une guerre existentielle pour sa survie, pour la Russie, il s’agit d’une opération stratégique qui, malgré un coût humain terrible, n’a pas déstabilisé le cœur du système. Les sanctions, selon Todd, ont même eu un effet paradoxal : elles ont contraint Poutine à mettre en œuvre des mesures d’autarcie économique et à renforcer des liens commerciaux alternatifs, des politiques qu’il n’aurait jamais pu imposer en temps de paix. La Russie s’est adaptée.
📍L’Occident, en revanche, semble avoir perdu le contact avec la réalité.
L’Apocalypse comme révélation : la défaite de l’Amérique et le déclin de l’Occident
Quand Todd affirme que la Russie a gagné la guerre, il ne parle pas d’un défilé triomphal à Kiev. Son analyse est stratégique. L’objectif premier des États-Unis, explique-t-il, était d’utiliser l’armée ukrainienne comme un intermédiaire pour infliger une défaite stratégique à Moscou, l’affaiblir et provoquer son effondrement. Ce plan a échoué.
Consciente de l’impossibilité de faire plier la Russie sur le terrain, l’Amérique a changé de cap et déclaré une guerre commerciale ouverte à la Chine. Pour Todd, c’est là le véritable tournant. C’est le début de l’Apocalypse, non pas au sens de la fin du monde, mais dans son acception biblique originelle : une « révélation ». La guerre en Ukraine a mis au jour une vérité cachée : la puissance américaine n’est plus absolue.
Les arsenaux se vident, la capacité de production militaire est en difficulté, et le contrôle du système financier mondial commence à vaciller.
Dans ce grand jeu, l’Europe est la véritable victime, la véritable perdante. Ses dirigeants, de Macron à Merz, s’agitent, promettent des armes, prononcent des discours enflammés, mais n’ont aucun poids dans la conduite de la guerre. « Ils sont les marionnettes des Ukrainiens et des Américains », assène Todd, « mais ils n’ont pas encore compris que la guerre est perdue. » Ils fournissent armes et argent, mais sont exclus des décisions importantes. Ils rêvent de poursuivre une guerre que d’autres ont déjà décidé d’abandonner.
📍L’envie de suicide : le psychodrame d’une Europe à la dérive
C’est ici que l’analyse de Todd devient plus sombre et plus inquiétante. Observant l’Europe de l’extérieur, il perçoit les signes d’une pathologie profonde, une sorte de folie collective qu’il décrit par une expression glaçante : « une soif de suicide » (Sehnsucht nach Selbstmord).
Il ne s’agit pas d’une exagération, mais d’un diagnostic étayé par des décisions politiques qui semblent inexplicables, sinon comme des actes d’automutilation :
• Des sanctions contre la Russie qui ont porté bien plus de préjudice à l’industrie européenne qu’à l’industrie russe.
• La décision de l’Allemagne d’abandonner l’énergie nucléaire en pleine crise énergétique, qualifiée d’« absurde » par Todd.
• Le renoncement volontaire au gaz russe bon marché, pilier de la compétitivité industrielle allemande, sans plan B durable.
Pour Todd, ce n’est pas de la politique. C’est une « maladie des classes dirigeantes », une élite qui a perdu tout sens des réalités et des responsabilités, prisonnière d’un moralisme abstrait qui la pousse à prendre des décisions contraires à ses propres intérêts vitaux. C’est un continent qui, sous couvert de défendre des valeurs pacifistes, prolonge une guerre sanglante. Un paradoxe révélateur d’une profonde crise identitaire.
📍L’ombre de l’Allemagne : le danger que nous refusons de voir
Si l’Europe est la grande perdante, l’Allemagne en est le cœur problématique. L’analyse de Todd sur le rôle de l’Allemagne est peut-être la partie la plus originale et la plus alarmante de son entretien. Selon lui, l’Allemagne a perdu sa souveraineté. Le silence assourdissant de ses institutions et de ses médias sur le sabotage de Nord Stream en est la preuve la plus flagrante. « L’Allemagne est à nouveau un pays occupé », affirme-t-il, « et sa véritable capitale est Ramstein », la plus grande base aérienne américaine en Europe.
Mais c’est l’avenir qui l’inquiète le plus. L’idée, portée par le nouvel establishment politique allemand (incarné par Friedrich Merz), de construire « l’armée la plus puissante d’Europe » est perçue par Todd comme un acte d’« irresponsabilité historique ». Pourquoi ? Parce que, contrairement à la France ou à la Grande-Bretagne, l’Allemagne dispose d’un immense potentiel industriel. Si ce potentiel était mis au service d’un réarmement massif, la perception de la menace en Europe changerait radicalement.
Todd rappelle un fait historique que l’Occident semble vouloir oublier : l’Allemagne est responsable de la mort de 25 millions de Russes pendant la Seconde Guerre mondiale. Que l’Allemagne, plus que quiconque, envisage aujourd’hui de se réarmer contre la Russie est un fait qui ne passe pas inaperçu à Moscou. Face à ce qu’elle perçoit comme une menace existentielle, la doctrine militaire russe prévoit le recours à des armes nucléaires tactiques.
Le scénario cauchemardesque de Todd va encore plus loin. Il craint que, sous couvert d’un antifascisme de façade, l’Allemagne n’adopte des méthodes illibérales contre la dissidence interne, à l’image de l’AfD. Sa vision est terrifiante : une Europe où, bientôt, les Français et les Polonais pourraient redouter davantage les Allemands que les Russes.
La fin de la mondialisation et le retour de l’histoire.
Tout cela – la guerre, la crise européenne, le réarmement allemand – ne sont pas des événements isolés. Ils sont les symptômes d’un processus bien plus vaste : la fin de la mondialisation. Le mythe d’un monde plat, sans frontières, où les cultures sont interchangeables et où seul le marché compte, s’effondre sous nos yeux.
Le Brexit, Trump et le succès des forces populistes en Europe ne sont pas des accidents, mais la preuve que les peuples veulent redevenir eux-mêmes. « Il s’avérera que les gens sont très différents », affirme Todd. « Les Italiens sont italiens, et les Français sont français. » Cette « implosion de la mondialisation » est la deuxième Apocalypse, la deuxième révélation : le retour des nations, avec leurs identités, leurs intérêts et leurs peurs ancestrales. Et cela, prévient-il, pourrait conduire à l’effondrement de l’Union européenne.
Qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir ? Cela signifie que la Russie ne fait plus confiance à l’Occident et ne croit plus aux traités. Poutine, selon Todd, poursuivra ses objectifs stratégiques : la conquête de toute l’Ukraine orientale jusqu’au Dniepr, y compris Odessa, pour sécuriser la flotte russe, et la neutralisation complète de ce qui reste de l’État ukrainien.
Les thèses d’Emmanuel Todd sont dérangeantes.
Provocatrices. Pour beaucoup, inacceptables. Mais la question n’est pas de savoir si elles nous plaisent. La question est : et s’il avait raison ? Et si, avec notre présomption morale et notre aveuglement stratégique, nous étions les artisans de notre propre ruine ? Ignorer son analyse est un luxe que nous ne pouvons peut-être plus nous permettre.
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La Profezia di Todd sulla Guerra in Ucraina: Perché la Russia ha già Vinto e l’Europa si Autodistrugge
Ci sono voci che, nel grande frastuono della storia, sussurrano verità che nessuno vuole ascoltare. E poi c’è la voce di Emmanuel Todd. Storico, demografo,…Strategic Culture Foundation
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rumschlumpel
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